"Room Full Of Mirrors" constitue un titre qui a subi de profondes mutations entre août 1968, date du premier enregistrement et août 1970, lorsque les derniers overdubs sont ajoutés sur le basic track de novembre 1969. Commencé comme un blues pour guitare et harmonica, il termine comme un météorite funk rock hypervitaminé et sur-arrangé. On peut même penser que Hendrix aurait encore amélioré le mixage sorti sur Rainbow Bridge s'il en avait eu l'occasion.
Concernant les sources d'inspiration des paroles, plusieurs théories co-existent. Hendrix prisonnier de son statut de rock star, dépendant des drogues, etc. L'existence d'une pièce tapissée de miroirs dans laquelle Hendrix aurait passé du temps est évoquée par deux personnes dont les affirmations ne concordent pas. Dans les notes de pochette de Voodoo Soup, Michael Fairchild affirme que cette pièce se trouvait dans la maison qui fut celle de Rudolf Valentino (Falcon Lair, située sur les collines au-dessus de Benedict Canyon et surplombant Beverly Hills [1436 Bella Drive, Beverly Hills, California]), maison dans laquelle le groupe a séjourné en août 1967. Dans l'interview posté ici Paul Caruso, qui joue sur la première version affirme que cette pièce, de forme octogonale, se trouvait dans la villa qu'occupait le groupe lors des sessions aux studios TTG, située plus haut dans le Benedict Canyon [2850 Benedict Canyon Drive, Beverly Hills] et occupée par le groupe une année plus tard que la villa de Rudolf Valentino. D'autres pensent encore que l'appartement partagé par Hendrix et Chandler à Montagu Square constitue une source d'inspiration. Il s'agissait de l'ancien logement de Ringo Starr, aménagé en home studio par Paul McCartney, avant d'être loué à Hendrix et Chandler en décembre 1966. Il y avait de la stéréo partout, une super baignoire et ... des miroirs partout. Ils ne l'occupèrent que quatre mois avant de devoir le quitter pour des raisons pas totalement établies. Le site suivant affirme que c'est parce que Ringo n'appréciait pas la peinture noire dont ils auraient recouvert tous les murs. Kathy Etchingham ne parle pas de peinture, mais pense que c'est surtout parce que les voisins ne supportaient pas le bruit.
Les paroles manuscrites de "Room Full Of Mirrors" sont datées de 1968 et il faut aussi mentionner la "Letter to the Room Full of Mirrors" écrite par Jimi dans son hôtel à Denver entre 4h30 et 6h du matin, le 2 septembre, durant la tournée 1968. Paul Caruso raconte que le morceau a été développé dans des chambres d'hôtel avant d'être enregistré une première fois en studio au Record Plant. Il ajoute qu'une autre version a été tentée lors des sessions aux studios TTG, mais que rien de fructueux n'en est sorti. Le morceau réapparaît en février de l'année suivante lorsqu'il est enregistré à Londres puis répété et joué lors du second concert à l'Albert Hall dans une jam avec, entre autres, des musiciens du groupe Traffic. On le retrouve encore, un mois plus tard (dans une version quasi inaudible en raison de la piètre qualité de la bande) lors d'une jam avec Delaney & Bonnie au Palladium de Hollywood. Pour sa première séance avec Billy Cox, qu'il a fait venir de Nashville, Hendrix recrute dans un club des musiciens inconnus (ou presque) et "Room Full Of Mirrors" figure parmi les compositions sur lesquelles ils tenteront de jouer en rythme. A l'époque, le morceau est joué de temps en temps sur scène par un groupe qui ne répète plus et qui a tendance à jammer sur scène, ce qui permet parfois d'entendre des surprises. Le titre ne figure pas au répertoire de Gypsy, Sun & Rainbows, mais conviendra bien à la frappe de Buddy Miles sous l'influence duquel l'arrangement sera considérablement modifié, notamment durant les sessions de l'automne 1969 (vaguement) supervisées par Alan Douglas). C'est d'ailleurs quasiment le seul titre dont le basic track a été enregistré durant ces sessions. Différents overdubs seront ajoutés à cette piste de base, une fois les studios Electric Lady ouverts et les bandes récupérées. Hendrix ne recule alors devant rien pour peaufiner l'enregistrement. A un moment, la maison de disque (Warner) s'est plainte d'avoir reçu une facture de 36.000$ rien que pour l'enregistrement de ce morceau. Le dernier mixage date d'août 1970, mais il y a eu ensuite des overdubs de batterie post-mortem par Mitchell pour le film Rainbow Bridge (seules quelques secondes ont été utilisées) et par Bruce Gary en 1995, comme on le verra en fin de chronique.
Finissons cette introduction avec une anecdote morbide. Dans Electric Gypsy, Shapiro et Gleebeek citent Carlos Santana à propos d'une session d'overdubs de "Room Full Of Mirrors" dont il aurait été témoin. Ce qu'il en dit ressemble à ce dont parle Caruso dans l'entretien cité ci-dessus. Jimi aurait eu un malaise du genre crise d'épilepsie en jouant et il aurait fallu le séparer de sa guitare, car il risquait de se blesser.
12 août 1968 - Record Plant - New York
Jimi Hendrix: guitare, chant Paul Caruso: harmonica
Room Full Of Mirrors (26) La version blues provient de la troisième prise. Il s'agit d'une démo plus que d'une tentative d'enregistrer une version définitive.
Ayler a écrit:
"Room Full of Mirrors" est un des titres de Jimi qui aura connu une évolution considérable au cours des sessions successives. Cette prise, très courte, est la plus blues, et reste embryonnaire (avec le seul Paul Caruso à l’harmonica comme accompagnateur).
Room Full Of Mirrors (1) Noel Redding et Mitch Mitchell ont enregistré leurs parties en 1987 sur une jam sur laquelle ils ne jouaient à l'origine pas. Riche idée de Chas Chandler! Il s'agissait d'un duo entre Hendrix et Dzidzornu qui jouera aussi avec l'Experience au Royal Alber Hall le 24 février sur la jam basée sur ce titre. La version présentée ici provient d'un enchaînement entre "Crying Blue Rain", "Room Full Of Mirrors" et "Shame, Shame, Shame" (version alternative de "It's Too Bad"). A l'écoute de la partie de basse, on comprend pourquoi Noel dit avoir pu overdubber 9 morceaux en un jour (ce qu'il joue est archi basique). On est davantage peiné de savoir que Mitch Mitchell n'a pas pu faire mieux en deux semaines. Voir ici des informations détaillées sur les "Chandler Tapes". En produisant le titre, Chandler a également procédé à des coupures. Hormis la fin, la seule dont on peut se rendre compte (en comparant avec la version suivante mixée par Kramer qui a probablement conservé la plupart des edits de son prédécesseur) concerne 2,5 secondes coupées juste avant le deuxième couplet. On peut aussi noter que le chant est additionné d'un fort écho: on entend à double toutes les fins de lignes. Sur le plan de l'arrangement, on est encore dans un feeling assez blues.
Ayler a écrit:
"Room Full Of Mirrors" (2:30) provient aussi de la séance du 16 février 1969. Contrairement à la version studio officielle publiée sur "Rainbow Bridge", le titre était alors joué en F#, sur un tempo plus lent.
Room Full Of Mirrors (34) Sorti tout récemment, le mixage de Kramer conserve les overdubs de 1987 et tente, de façon peu convaincante (selon moi), d'améliorer la piste de batterie par un mixage surprenant. On a en effet l'impression d'entendre deux pistes de batterie différentes, une de chaque côté (par exemple, deux caisses claires avec des sons différents produisent un effet très gênant durant le solo final). Cela doit être sur ce titre que Kramer a mélangé deux parties de batterie (ce dont il se vantait dans un entretien dont on parle dans la chronique de "Lover Man"), mais il s'agit deux parties overdubées en 1987, car il n'y a pas eu de piste de batterie enregistrée en 1969). Sur West Coast Seattle Boy le titre fait partie d'un medley avec "Shame, Shame, Shame" d'où une fin un peu abrupte si on l'écoute tout seul. Source: West Coast Seattle Boy - The Jimi Hendrix Anthology (2010).
21 avril 1969 - Record Plant - New York
Jimi Hendrix: guitare, chant Billy Cox: basse Rocky Isaac: batterie Chris Grimes: tambourin Al Marks: maracas
Room Full Of Mirrors (27) Voici ici une version intéressante au moins autant pour son aspect historique (première session avec Cox) que pour sa qualité musicale, quelque peu plombée par la prestation du batteur de Cherry People. Les autres membres de son groupe (Cherry People), qui assurent les percussions, ont dû avoir des crampes à force d'agiter leurs instruments tout au long des 31 prises nécessaires pour arriver à cet enregistrement. Plus d'infos sur la session ici.
Ayler a écrit:
La prise de "Room Full of Mirrors" trouve sa place dans le cadre d’un coffret, même si on baisse musicalement d’un ton en comparaison des trois premiers titres [du 3ème CD du coffre pourpre]. Enregistrée lors de la première session d’enregistrement de Billy Cox avec Jimi (alors que l’Experience n’est pas encore séparée), les notes de pochettes originales ne précisaient pas que c’est Rocky Isaac qui officiait à la batterie, accompagné d’Al Marks aux percussions. Cette prise est proche de celle présentée presque en même temps sur "Morning Symphony Ideas" (soit 3 nouvelles versions de "Room Full of Mirrors" la même année !). Rocky Isaac est loin de faire l’affaire : son jeu manque de précision, et je trouve sa prestation indigne d’un musicien de la trempe d’Hendrix. Pour autant, le reste du titre est loin d’être déplaisant : Billy Cox fait preuve des qualités purement bassistiques que Jimi désespérait de trouver chez Noel Redding. Ce jour-là, une page se tournait peut-être…
[Home Studio ou Demo] Automne 1969 - Maison de Shokan ou Janvier 1970 - Appartement de Jimi - New York
Jimi Hendrix: guitare, chant Inconnu (pas Taj Mahal): guitare
Room Full Of Mirrors (6) Cette version aurait pu être intéressante si le deuxième guitariste, non identifié, connaissait un peu mieux le morceau, qui fait ici partie d'une jam, dont les six premières minutes sont instrumentales et sans lien musical avec "Room Full Of Mirrors". La partie qui contient "Room Full Of Mirrors" eszt composée de deux couplets, dont le premier ressemble à la version que nous connaissons, tandis que le second est très différent.
Ayler a écrit:
"Highway Of Desire/Room Full Of Mirrors" débute par un solo de l'autre guitariste. Lors de la sixième minute, Jimi lance le riff caractéristique de "Room Full Of Mirrors", dont on notera qu'il joue ici des arrangements plus proches de la version studio du Band Of Gypsys que de ceux de l'Experience début 1969.
Room Full Of Mirrors (25) Buddy Miles retrouve Hendrix après l'épisode Gypsy, Sun & Rainbows. Il ne connait pas spécialement le morceau, mais sa rythmique s'adapte bien à "Room Full Of Mirrors" qui commence à prendre une nouvelle couleur sur le plan de l'arrangement.
Ayler a écrit:
Suit une excellente version de "Room Full Of Mirrors" (5:53), formidablement d’actualité maintenant que le rock ose s’affranchir de la basse. Ce dernier duo Hendrix/Miles est redoutable de puissance. Le riff obsessionnel sert le chant à merveille. Resserrée sur la seule chanson, la version serait remarquable. Une de mes versions préférées.
[basic track & overdubs] 17 novembre 1969 - Record Plant - New York [overdubs] 20 août 1970 - Electric Lady - New York
Jimi Hendrix: guitare, chant, basse Buddy Miles: batterie Juma Sultan: percussions, congas Inconnu: cow-bell Bruce Gary: batterie [janvier 1995] sur (5)
Room Full Of Mirrors (2) On ne retrouve pas Billy Cox sur ce titre, probablement enregistré un jour où il n'était pas là, ce qui ne l'empêchera pas de jouer le titre en concert. L'arrangement est foisonnant, peut-être un peu trop (notamment en raison du mixage des guitares). Kramer raconte que cette version a nécessité un important travail, notamment en raison du son de la batterie. Les effets sonores sont présents de bout en bout avec beaucoup de jeu sur le panoramique, de l'écho et, présent uniquement sur cette version, un fade out suivi d'un bref retour du son.
Electric Thing a écrit:
En ouvrant les yeux encore larmoyants, pas encore remis, c'est Room Full Of Mirrors, mixé version course poursuite dans les rues de N.Y avec sirènes hurlantes et rythme endiablé. C'est Buddy dans ses oeuvres et c'est le pied (hein Purple !). Jimi lui enquille solo sur solo... et c'est de la pure folie. Brisez le miroir et la vie vous explosera à la face ! Là encore le titre se termine par un mixage assez étrange avec retour du son !
Ayler a écrit:
Ecarté de "The Cry Of Love" au dernier moment, c'est presque naturellement que "Room Full Of Mirrors" trouve ici sa place, d'autant que c'était un titre régulièrement joué par Jimi en concert (il en existe 18 versions documentées depuis la jam du Royal Albert Hall jusqu'au dernier concert du trio Hendrix/Cox/Mitchell, la majeure partie lors du Cry Of Love Tour). Enregistré le 17 novembre 1969 au Record Plant par le Band Of Gypsys augmenté d'un percussionniste, il semble toutefois que ce ne soit pas Billy Cox à la basse, mais bien Jimi lui même, tel que c'était d'ailleurs indiqué sur les notes de pochettes de "Voodoo Soup". Le style de la basse enregistrée ici est très différent de celui de Billy Cox, dont le jeu est plus en rondeur, moins agressif. Un certain nombre de séances à l'Electric Lady Studio seront consacrées à "Room Full Of Mirrors" en juin et juillet 1970 : il semblerait que Jimi n'arrivait pas à obtenir un résultat à la hauteur des espérances qu'il plaçait en ce titre. Le mixage proposé ici ne serait d'ailleurs pas en accord avec ses dernières indications : la partie jouée en slide avec sa bague, en l'absence de bottleneck, serait mixée trop en avant. C'est un des rares titres où je trouve que la longue maturation du travail effectué en studio n'a pas spécialement porté ses fruits : je préfère la partie chantée de la version de l'Experience au Royal Albert Hall au rock sous acide du Band Of Gypsys. Je ne suis pas vraiment convaincu par l'idée de jouer cette composition à un rythme aussi élevé, qui casse la respiration initiale de la composition.
Room Full Of Mirrors (5) Le souci quant à la partie de batterie de Buddy Miles ne s'est pas atténué avec les années. Bruce Gary, ingénieur du son de Douglas et batteur ayant connu son heure de gloire avec le groupe The Knack, convaincra son patron de le laisser ré-enregistrer sur ce titre qui sera remixé pour l'occasion avec davantage d'écho sur la voix et un meilleur équilibre des guitares. Sources: Voodoo Soup (1995), Studio 1969.
Curiosité finale: Sur la bande son de Rainbow Bridge figure un autre mixage alternatif de "Room Full Of Mirrors" avec une piste de batterie enregistrée par Mitch Mitchell le 22 octobre à Electric Lady Studios. A part une brève apparition de quelques secondes dans le film, cette version ne circule pas.
Il existe aussi, pour finir, une version de ce titre sur la 5ème source de l'enregistrement du concert de Baltimore (13 juin 1970). Figurant sur la bande après l'enregistrement du concert, elle aurait été enregistrée durant le soundcheck. Hélas, la qualité sonore n'est pas fantastique.
Dernière édition par sequelenoise le Dim 1 Jan 2023 - 21:58, édité 5 fois
sequelenoise
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Sam 5 Mar 2011 - 16:32
Bleeding Heart (Elmore James)
Commençons par la version originale (1965, une sortie posthume elle aussi) d'Elmore James , connu comme le roi de la guitare slide.
Les éditeurs d'albums (officiels ou non) de Jimi Hendrix ont affublé ce titre de nombreux noms. From the Benjamin Franklin Studios (3ème édition) nous indique les suivants: "C# Blues"("Blues in C sharp"), "Peoples, Peoples, Peoples", "Left Alone", "It's Not My Gig", "Not This Time".
Il faut dire que Jimi a interprété ce standard durant toute sa carrière. Ces interprétations peuvent être catégorisées suivant deux arrangements: un blues lent et un funky blues. Toutes les versions en concert empruntent le premier arrangement, tandis que la plupart des versions studio sont basées sur le second.On notera que les paroles diffèrent également selon les arrangements. Voir les traductions: ici pour la version blues et là pour la version funky.
Les versions en concert sont bien connues des amateurs et ont, à l'exception de la dernière, toutes fait l'objet de publications plus ou moins officielles: il y a tout d'abord un enregistrement avec Curtis Knight & The Squires censé avoir été réalisé au George's Club (Hackensack, New Jersey), mais avec Chaplin à la production on ne peut jurer de rien. Il y a ensuite la jam avec un Jim Morisson particulièrement éméché au Scene Club de New York en 1968. Le titre a aussi fait l'objet de répétitions (enregistrées) au Royal Albert Hall de Londres le 24.02.1969 (trois versions durant 0:25, 1:15 et 4:49), avant d'être interprétée lors du concert le même soir (enregistrement soundboard et vidéo sans le début). La liste se termine avec la prestation, moins largement distribuée, enregistrée au Fillmore East de New York en compagnie du Band Of Gypsys. Voir [https://jimihendrix.forumactif.org/t245-titres-live#488]ici[/url] les liens vers les sujets correspondant.
Voyons maintenant ce qu'il en est des versions enregistrées en studio entre avril 1969 et mars 1970 (sans compter les overdubs).
Bleeding Heart (14-16) aka "Peoples, Peoples" Avant de commencer la tournée américaine du printemps 1969, l'Experience se retrouve en studio à New York, mais l'ambiance n'est pas réellement au travail assidu sur de nouveaux titres (que Jimi n'a pas composés), mais plutôt à la fête avec invités et substances récréatives. Le morceau fait ici ses débuts en studio, en tout cas pour Redding auquel Hendrix explique la ligne de basse. On peut penser que la session s'est prolongée au delà des trois prises instrumentales incomplètes (0:21, 0:37, 1:09) dont nous disposons. L'identification formelle de ces trois prises comme des versions de "Bleeding Heart" reste ouverte à discussion. En effet, comme il s'agit d'un instrumental, il est difficile de dire s'il s'agit réellement de "Bleeding Heart", de "Honeybed" ou encore d'un autre titre. Sources: Unsurpassed Masters (ATM 086-090)sous le titre "Jammin With Devon", Studio 1969.
24 avril 1969 - Record Plant - New York
Jimi Hendrix: guitare, chant Billy Cox: basse Rocky Isaac: batterie Chris Grimes: tambourin Al Marks: maracas
Bleeding Heart (21) La prise dont nous disposons ici date de la seconde session en compagnie de Cox et des membres du groupe Cherry People. En dépit des limitations de Rocky Isaac, Hendrix les a invités à revenir au Record Plant. Al Marks se rappelle d'avoir enregistré 15 ou 16 prises d'une version funky de "Bleeding Heart". McDermott ajoute que le titre a été repris en fin de session. La version dont nous disposons est probablement le fruit d'un travail de découpage / bidouillage de la part de Kramer en vue de son inclusion sur l'album Valleys Of Neptune. Il y a probablement eu d'autres manipulations que le fondu en sortie en fin de titre (recalibrage du tempo, coupures de parties, mélange de prises, etc.). Sources: Valleys Of Neptune (2010) , Fire (2010) .
Bleeding Heart (22 & 23) Pour accompagner la sortie de Valleys Of Neptune, des singles promotionnels ont été réalisés à destination des stations radio. Ces deux edits tournent un peu moins vite que la version (21). Le (22) est amputé de 36 secondes d'intro, le deuxième couplet est supprimé et le fade out survient plus tôt. Le (23) est encore plus phénoménal: des deux solos de guitare durant 2 et 3 couplets il ne conserve qu'un couplet du premier. Le fade out intervient encore plus tôt que sur l'autre edit. Plus que dispensable...
21 mai 1969 - Record Plant - New York
Jimi Hendrix: guitare, chant Billy Cox: basse Buddy Miles: batterie
Bleeding Heart (1) Issue d'une des réussites indiscutées d'Alan Douglas, cette version qui réunit un Band Of Gypsys avant l'heure (l'Experience ne se voit plus en studio) revient à l'arrangement blues dans une version incomplète, mais nous n'avons pas pu entendre la version complète. La rythmique n'est pas toujours totalement irréprochable, mais il s'agit d'une jam et les interventions de guitare sont savoureuses.
Ayler a écrit:
Immortalisée au Royal Albert Hall quelques semaines plus tôt, la reprise du "Bleeding Heart" d'Elmore James enregistrée au Record Plant par Billy Cox et Buddy Miles le 21 mai 1969 est ici jouée sur un tempo nettement plus rapide. Moins forte que la version de l'Experience, cette prise, éditée selon le site officiel, n'en demeure pas moins très intéressante : elle montre Jimi dans un registre blues où il excelle. Comment ne pas être impressionné par son phrasé ?
Bleeding Heart (20) Ce mixage alternatif est lui aussi édité. Musicalement il ne présente aucun contenu supplémentaire. La différence de longueur provient d'1 seconde 1/2 de plus avant le début du morceau et de 4 secondes après la fin. Le mixage diffère très légèrement (de la réverbe à la place de l'écho sur la voix) et un son de guitare un peu plus rond sur cette version. Sources: Jimi Hendrix : Raw Blues, Studio 1969
Bleeding Heart (24) Une prise alternative exhumée en 2013 qui contient un premier couplet sans batterie. L'approche musicale employée ici diffère suffisamment de la version (1) pour nous laisser apprécier la qualité de l'interprétation. Même si l'on peut imaginer que certaines erreurs ont été gommées grâce à la technologie moderne, craindre que le chant provienne d'autres pistes, et regretter le fondu en sortie, qui nous prive de la fin de la prise, on peut saluer la finesse de la rythmique (ce qui n'est pas gagné d'avance avec Buddy Miles). Source: People, Hell and Angels (2013)
McDermott mentionne également trois prises enregistrées le 18.12.69.
[basic Track] 24 mars 1970 - Record Plant - New York [overdubs] juin 1970 - Electric Lady - New York [mixage] 22 août 1970 (Hendrix & Kramer) - Electric Lady - New York [mixage] 11 mars 1971 (Kramer & Jansen) - Electric Lady - New York
Jimi Hendrix: guitare, chant Steve Angel: batterie [sur version (4)] Billy Cox: basse Mitch Mitchell: batterie [overdub sur versions (3 & 6)] Juma Sultan: tambourin et cowbell
Bleeding Heart (3) Issue de la quatrième prise (sans compter une première prise avec uniquement guitare & batterie), cette version revient à l'arrangement funky avec des variations de la structure du blues en 12 mesures, puisque les couplets durent 15 mesures 1/2. Les arrangements du titre mettent en valeur la maîtrise totale qu'a Hendrix de la wah wah. Enregistré au Record Plant, le titre sera ensuite retravaillé à Electric Lady. Difficile de savoir quand les percussions de Juma, pas crédité sur South Saturn Delta, ont été enregistrées. Ce qui est sûr c'est que la partie originale de batterie a été ré-enregistrée.
Ayler a écrit:
L'album s'ouvre sur "Bleeding Heart", une relecture très personnelle du blues d'Elmore James immortalisé par l'Experience le 24 février 1969 au Royal Albert Hall. De la composition du père fondateur du jeu en slide moderne, il subsiste une large partie du texte et une grille d'accords inspirée du blues. Mais le climat proposé ici est tout autre : le blues lent a cédé la place à un rock funky dans le droit fil de la production récente de Jimi. "Bleeding Heart" était un candidat sérieux au quatrième album studio de Jimi, magnifié par des parties de guitare diablement efficaces. A noter que ce n'est que par la suite que Mitch Mitchell enregistra sa partie de batterie.
Bleeding Heart (5) alt mix "guitares seules" On peut ici entendre les deux guitares principales de la version (3): à gauche en son clair et à droite avec wah-wah et saturation. A 1:14, on peut entendre brièvement une troisième guitare, mixée à gauche. On l'entend à nouveau clairement à 1:55 et de temps à autres durant la suite du morceau.
Ayler a écrit:
[cette version] ne présente que les seules parties de guitare de Jimi. C'est l'occasion de se concentrer sur son seul travail qui, il faut l'avouer, est une fois de plus stupéfiant. On ne soulignera jamais assez l’importance de l’aspect rythmique dans le jeu de Jimi, qui sait être énergique tout en étant inventif et varié au niveau de sa dynamique.
Bleeding Heart (4) alt mix avec batterie originale Cette version est un mixage un peu plus brut de la version originale (moins d'effets sur la voix, guitares plus fort, pas de cow-bell) avec la piste originale de batterie enregistrée par un jeune batteur du nom de Steve Angel. Cette version finit également en fade out, mais le volume décroît plus rapidement que sur la version officielle sur la quelle l'effet est plus progressif (donc le mix diffère aussi de ce point de vue).
Ayler a écrit:
La version suivante est très proche de la version publiée en 1972 sur "War Heroes" - la piste de batterie exceptée. Si l'on se fie à l'Encyclopedia, c'est sans doute Steve Angel qui officie ici. Une question se pose toutefois : Mitch Mitchell a-t-il enregistré sa partie de batterie (qui remplace la piste originale) du vivant de Jimi ? On peut émettre une fois de plus de sérieux doutes à ce sujet...
Bleeding Heart (6) alt mix avec voix faible au début Cette version constitue un mixage de travail avec fluctuation du volume de la voix: on ne l'entend presque pas au début et à 1:10 son volume remonte. L'intérêt principale ne se trouve pas là, mais dans le fait que l'on peut entendre la prise entière sans le fade out, mais avec la batterie de Mitch Mitchell, mixée en avant. Nous avons ainsi 23 secondes de musique supplémentaires et quelques mots de Jimi en fin de plage. Sources: Unsurpassed Masters (ATM 086-090), Black Gold (coffret 5 CD), Studio 1970.
Dernière édition par sequelenoise le Lun 2 Jan 2023 - 11:49, édité 6 fois
sequelenoise
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Sam 12 Mar 2011 - 12:36
Power Of Soul(Traduction) aka With The Power (of God), Crash Landing, Paper Airplanes, Power To Love
Ce titre consiste un nouvel assemblage de patterns (au moins six sections différentes) et comprend quelques mesures impaires (en 9/8 et en 7/8, au lieu de l’habituel 4/4). Il est surtout connu pour la version live qui figure sur Band Of Gypsys, issue du second concert du 1er janvier. Avant les concerts du Nouvel An 1970 durant lesquels il est joué chaque fois, le titre fait son apparition lors de la jam du 22 juin au festival de Newport. Adapté au jeu de Buddy Miles, le titre est peu joué par la formation suivante (avec Cox et Mitchell): une tentative lors de la balance à Berkeley et une version instrumentale à Berlin. Voir ici les liens vers les concerts en question.
Selon Billy Cox, l'inspiration du titre provient du riff de basse de "Mary Ann", un morceau de Ray Charles. A l'écoute du titre présenté ci-dessous, on peut le croire.
Selon McDermott, les premières prises de "Power Of Soul" ont été enregistrées le 15 mai avec Billy Cox qui sera étroitement associé à la mise en place du titre, même s’il ne joue pas durant toutes les sessions. Pour ce titre, nous disposons, en effet, d’un grand nombre de prises, souvent très courtes, enregistrées à de nombreuses occasions. Ceci nous permet de dire que la mise en place du titre fut difficile et nous renseigne sur l’utilisation, plutôt coûteuse, que Hendrix faisait du studio. Il n’hésitait en effet pas à passer beaucoup de temps pour développer les titres, sans les avoir trop répétés avant de démarrer l'enregistrement.
24 septembre 1969 - Record Plant - New York
Jimi Hendrix: guitare Mitch Mitchell: batterie
Power Of Soul(48,49,2-5) Il est intéressant de constater que les premiers enregistrements dont nous disposons ont été enregistrés en compagnie de Mitch Mitchell, alors que c'est avec Buddy Miles qui joue sur toutes les versions studio ultérieures. D'ailleurs, les experts ont longtemps attribué ces prises à Miles. Les six prises se découpent comme suit: 0:46, 3:25, 3:28, 0:17, 1:24 et 1:26 (durée totale 12 minutes). Il existe 13 autres prises qui ne circulent pas et qui ne sont sûrement pas toutes complètes. On peut reconnaître cette session au son légèrement saturé et additionné de réverb de la guitare. Sources: Jimi Hendrix Soulful Sessions (ATM 119-120), Studio 1969
[Home Studio ou Demo] Automne 1969 - Maison de Shokan, Ulster County, État de New York ou Janvier 1970 - Appartement de Jimi - Greenwich Village, New York
Jimi Hendrix: guitare Inconnu (pas Taj Mahal): guitare
Power Of Soul (39) Jam La version suivante comporte deux parties distinctes présentant toutes deux certains traits typiques de "Power Of Soul", mais on n’est loin d’un morceau pleinement réalisé, car il s’agit d’improvisation. Le deuxième guitariste n'est pas toujours totalement à son affaire, comme sur les autres pistes provenant de la même bande.
Ayler a écrit:
Après avoir joué les riffs de "Power Of Soul", les musiciens s'arrêtent : petite séance pour se réaccorder. Suit alors un riff pouvant être identifié comme celui de "Money (That's What I Want)"... mais dont il est intéressant de noter la grande proximité avec un de ceux développés dans "Power Of Soul".
Power Of Soul (1) [dans JS21 (1)] mix stéréo I Durant cette longue jam, Hendrix explore toute une série de patterns sur lesquels il travaille actuellement, accompagné de Miles à la batterie. En ce qui concerne "Power Of Soul", on peut en entendre de larges extraits durant les 5 premières minutes et quelques secondes en fin de titre. Il existe trois mixages différents de cette jam, celui-ci est le premier mixage stéréo, qu'on retrouve sur la plupart des boots. Sources: Band of Gypsys: Lonely Avenue (ATM 009), ATM 092 : Record Plant Jams [aka. "Fall 1969 Record Plant Jams" / "Woodstock"], Diamonds In The Dust (fait partie de "Variation On A Theme/Lonely Avenue (part 1)"), Studio 1969
Power Of Soul (53) [dans JS21 (3)] mix stéréo II Il s’agit du second mixage stéréo paru officiellement et comprenant quelques secondes d'intro en plus (pas d’edits pour une fois). Sources: Morning Symphony Ideas (2000) (fait partie de "Keep On Groovin'"), cd accompagnant le livre Hendrix intime
Power Of Soul (54) [dans JS 21 (4)] mix mono Sans intérêt, sauf pour les complétistes. Source: Studio 1969
21 novembre 1969 - Record Plant - New York
Jimi Hendrix: guitare, chant Billy Cox: basse Buddy Miles: batterie
Power Of Soul (6-29) Lors des sessions supervisées (de loin) par Alan Douglas, le Band Of Gypsys a enregistré 24 prises de "Power Of Soul", nous les avons toutes disponibles pour l’écoute.
A propos des versions figurant sur EarthTones (qui ne présente pas la fin de la session), Ayler a écrit:
La session de "Power Of Soul" [S1342] débute par une version presque instrumentale de la composition. Elle est suivie d'une version en solo chantée, puis de nouvelles prises du groupe plus ou moins longues (avec pas mal de débuts avortés). Les prises 4 et 10 montrent une alternance unisson basse/guitare et placement d'accords sur la ligne de basse ne bougeant pas intéressante sur le passage en La mineur. A partir de la prise 13, le groupe se réduit au seul duo Hendrix/Miles (il est vrai que la complexité des arrangements ne facilite pas la mission de Billy Cox). Le groupe est au complet pour l'ultime prise, dont le numéro n'est pas annoncé.
Unsurpassed Masters contient la session en entier. Cette dernière ne comprend que trois prises avec du chant. La session se découpe ainsi: 2:39 (vocals), 2:54 (vocals), 0:06, 0:48, 1:30, 0:16, 0:08, 0:20, 0:06, 1:26, 0:17, 0:20, 2:11, 1:49, 2:40, 0:14, 2:53, 0:05, 0:06, 1:44, 0:20, 2:05, 1:40 (vocals, fin coupée). La durée totale de la session est de 35 minutes. On la reconnaît au son clair et "twangy" de la guitare. Sources: - Earth Tones (sous le nom "Power Of Soul (Paper Aeroplanes) Sessions"): (6-21) - Black Gold (sous le nom "Paper Aeroplanes [Rehearsal sessions]"): (6-21, 23, 26i) - Unsurpassed Masters (ATM 086-090) (ATM 086-090) (sous le nom "Power Of Soul Sessions"): (6-29)
McDermott mentionne également 9 prises instrumentales incomplètes enregistrées le 15 décembre.
18 ou 19 décembre 1969 - Studios Baggy's - New York
Power Of Soul (38) Un mois après les derniers enregistrements dont nous disposons, les musiciens ont réalisé des progrès considérables. La structure, les riffs et les parties vocales sont désormais en place (le tout précédé d'un faux départ). Contrairement à d'autres titres, aucune autre version des répétitions aux studios Baggy's n'a émergé, mais McDermott mentionne l’existence d’une bande contenant 5 prises supplémentaires enregistrées le 20 décembre.
Ayler a écrit:
Avec "Machine Gun", "Power Of Soul" était un des titres phares du Band Of Gypsys. Les versions Live officielles sont d'ailleurs remarquables. Celle-ci est aussi excellente, montrant toutes les qualités du groupe. Buddy Miles et Billy Cox sont ici utilisés au mieux.
Jimi Hendrix: guitare, chant Billy Cox: basse Buddy Miles: batterie
Power Of Soul (30-35) La nouvelle année commence et les sessions reprennent pour l'enregistrement d'un basic track de "Power Of Soul". Nous disposons de 6 des 12 prises enregistrées lors de cette session: 0:21, 1:52, 0:20 (prise non accompagnée, pas numérotée par Jimpress) 0:07, 0:22, 0:03 et 6:17 (durée totale de la session: 13 minutes). Le son de la guitare est ici plus proche de celui adopté lors des concerts du Fillmore East.
Ayler a écrit:
Le cinquième volume [d’Unsurpassed Masters] débute avec la session du Band Of Gypsys datant 16 janvier 1970. Celle-ci commence par les "Power of Soul Sessions (Part 2)" (13:36) : les première et surtout cinquième plages ont l'intérêt de présenter des soli intéressants de Jimi ; le reste étant constitué de débuts avortés.
[basic track] 21 janvier 1970 - Record Plant - New York [overdubs et mixage] 3 février 1970 - Record Plant - New York [mixage] 22 août 1970 - Electric Lady - New York
Jimi Hendrix: guitare, chant Billy Cox: basse, chœurs Buddy Miles: batterie, chœurs Juma Sultan: percussions Jimmy Maeulen: percussions (overdub en 1974) [sur (37)]
La session du 21 janvier contient 14 prises de "Power Of Soul" dont les prises 2, 4, et 6 sont complètes. Finalement Hendrix retient la quatrième comme basic track. Toutes les versions chroniquées à partir de ce point sont donc des mixages alternatifs réalisés sur la base de cette piste. On verra que, comme souvent, le passage d’Alan Douglas sur les bandes leur a laissé certaines séquelles…
Power Of Soul (36) version complète Commençons par la version complète qui reprend la structure des versions jouées au Fillmore East: une intro longue en trois parties, un break de batterie, un solo joué sur les deuxième et troisième parties de l'intro, un break avec mesures impaires, un couplet en deux parties, un break avec mesures impaires, un refrain, un solo, un interlude chanté (la partie avec le jellyfish), un break double, une coda comprenant des éléments du refrain.
Ayler a écrit:
"With The Power 2" est (...) sans doute la meilleure version studio de ce titre. L'introduction est sublime : on entend les trois guitares de Jimi (une lead, l'autre presque et la dernière parfois - avec Jimi, la distinction lead-rythmique n'est pas toujours opérante). Contrairement à la version officielle de "South Saturn Delta", le mixage est ici irréprochable, sans ajout inutile de réverbe.
Power Of Soul (37) aka "With The Power" Sur cette production Douglas, nous ne retrouvons pas nos amis Mironov, Babbit et autre Schwatrzberk , seulement Jimmy Mauelen qui réenregistre des percussions. Pas beaucoup d’overdubs donc, mais beaucoup de montages : le titre est amputé de nombreuses parties (la majorité de l’intro, le premier solo, la moitié du couplet, la moitié de l’interlude) et un refrain supplémentaire est ajouté avant le couplet.
Ayler a écrit:
"With The Power" ("Power Of Soul" en fait) est relativement peu altérée... mais est sérieusement éditée. Le mixage est là aussi très black (et pas pire que celui de Kramer sur "South Saturn Delta"), mais pourquoi supprimer les superbes parties de guitares que les pirates nous laissent entendre ? La version reste correcte, même si le mixage de Douglas est plat : où est passée l'énergie des bandes originales ?
Power Of Soul (55) version éditée longue Cette version présente probablement une étape intermédiaire dans le travail d’édition de Douglas. Il manque le début de l’intro et un refrain remplace (à 0:45) la partie qui précède le break de batterie (la jonction est assez mal faite, on entend bien le passage entre les parties). Le premier solo est raccourci et suivi par un refrain supplémentaire (1:59). Pour ne rien arranger, le couplet est raccourci (la partie qui commence à partir de "Come Back" est supprimée). L’interlude arrive en plein solo de guitare, mais il est complet, ce qui n’est pas le cas sur la version dite "restaurée" parue sur South Saturn Delta. En fait toute la fin est intacte. Autre particularité : le mixage met en avant la cow-bell et joue avec le volume des guitares, faisant reculer la guitare solo à différents moments et mettant en avant des guitares rythmiques.
Ayler a écrit:
"With The Power 1" est une version incomplète mais qui ne semble pas altérée. On retrouve donc la section rythmique du Band Of Gypsys, mais aussi deux guitares rythmiques de Jimi, sa guitare lead et même quelques traits lead en plus sur la fin.
Power Of Soul (51) double voix Cette version nous donne à entendre l’avancement des travaux de Douglas. Toutes les parties à supprimer l’ont été, mais les deux refrains supplémentaires sont encore présents. Finalement, Douglas ne gardera que le deuxième pour rendre le titre plus commercial. L’autre élément qui me fait penser qu’il s’agit d’une version intermédiaire est la présence de deux pistes de chant différentes en simultané, probablement pour récupérer ensuite les meilleures parties de chacune.
Power Of Soul (52) rembobinage Nous avons ici un solo et un début de refrain (37 secondes en tout), suivis de 14 secondes de rembobinage, de 25 secondes de silence et de 14 autres secondes de rembobinage ou d’avance rapide.
Power Of Soul (50) version Kramer Alors que les notes de pochette de South Saturn Delta prétendent que cette version est totalement libre des montages de Douglas, on en retrouve deux ! Il manque ainsi la deuxième partie du couplet (24 secondes supprimées à 3:00 à partir de "Come back down on earth my friend") et la deuxième partie de l’interlude (il manque la partie durant laquelle Jimi chante que la méduse n’a pas d’arrêtes, "Yeah but he's been floating around so easy and so slack, he don't have a bone in his jelly-back, is that the way you wanna be brother? Check it out..."). En conséquence, on peut penser soit que Douglas a découpé les bandes master multipistes et enlevé ces deux parties pour les mettre à la poubelle ou alors que Kramer approuve ces coupures. Concernant l’effet de delay sur l’intro, on peut également douter qu’il ait été réalisé du vivant de Jimi. Voir ici la discussion (en anglais) qui décortique ce mixage.
Ayler a écrit:
"Power Of Soul" (S1457), enregistré au Record Plant le 21 janvier 1970, est la première version studio officielle de ce classique du Band Of Gypsys depuis... la version proposée par Alan Douglas sur "Crash Landing" ("With The Power" (S159), datant elle de 1969). Hendrix a beaucoup travaillé sur ce titre, et il est légitime d'en présenter une version studio. D'autant que les arrangements vocaux sont différents de la version Live. Un gros bémol toutefois : le mixage de cette prise est catastrophique ! L'auditeur se retrouve noyé dans la réverbe (alors que sur d'autres titres, elle est peu présente, ce qui rend le contraste choquant). Les divers pirates contenant les versions non altérée de "Power Of Soul" présentent certaines versions nettement supérieures : sur ce coup, Kramer s'est planté.
Power Of Soul (56) Voici une nouvelle version issue du même basic track du 21 janvier et présentée comme un mix vintage de février 1970. Elle contient des éléments nouveaux (le tout début et une prise vocale alternative pour une partie du deuxième couplet). Les 30 secondes coupées à la fin du premier couplet sont ici restaurées, ainsi que 15 secondes du deuxième couplet. Le mixage de la voix est débarrassé de l'écho et est un peu plus en avant.
Ayler a écrit:
C'est la version studio de "Power Of Soul" connue de tous, présentée dans un montage plus long que celui de South Saturn Delta. Des problèmes techniques tout à fait audibles expliquent une des coupures de la version de 1997. Après quelques écoutes, c'est certainement le meilleur mixage officiel publié à ce jour - la version de Crash Landing étant la pire.
Power Of Soul (57) Cette nouvelle version officielle provient toujours de la même piste de base que les précédentes. On nous la promet mixée par Hendrix et Kramer le 22 août 1970. Elle comprend le même décalage des guitares dans l’intro que la version de South Saturn Delta et sonne beaucoup plus proche de cette dernière que la la face B du single Somewhere (version 56). Elle est également exempte des difficultés techniques présentes sur cette même version.
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sequelenoise
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Sam 19 Mar 2011 - 11:01
Have You Ever Been (To Electric Ladyland) (Traduction)
"Have You Ever Been (To Electric Ladyland)" a été imaginé comme la deuxième partie de l'introduction de l'album Electric Ladyland, juste après l'instrumental "... And The Gods Made Love". Le titre présente à l'auditeur l'expérience qu'il va vivre en écoutant ce double album. Il ne semble pas avoir nécessité un long travail de composition, puisqu'il n'existe qu'une version antérieure à celle qui a produit la version définitive et qu'on ne retrouve pas de riff caractéristique dans des jams ou dans d'autres morceaux enregistrés auparavant.
Have You Ever Been (To Electric Ladyland) (2) Blues Cette version fait partie des fameuses Sotheby's Reels qui avaient été retrouvées par Kathy Etchingham et mises aux enchères chez Sotheby's. On a longtemps pensé que toutes ces bandes dataient de l'époque des sessions d'Axis Bold As Love, donc pas plus tard que janvier 1968. Cependant, la présence sur ces bandes de la version de "Have You Ever Been (To Electric Ladyland)" avec les cymbales mixées en avant laisse penser que certaines bandes sont postérieures à cette époque. En effet, la version "cymbales" (version 1) est issue du même basic track que la version officielle du 14 juin, comme nous le verrons bientôt. La version (2), dont il est ici question ici, est probablement issue d'une session antérieure (à la session du 14 juin), car le titre est encore en cours d'élaboration (l'enregistrement oscille entre la jam et la démo), mais aussi parce que le batteur n'est pas le même (selon Glebbeek on retrouve ici Buddy Miles). Pas d'information sur l'identité du bassiste dont la partie ne sonne pas du tout comme celle jouée par Jimi sur la version officielle. Dernier détail, la fin de la version présente sur la bande son du titre de la semaine est un composite utilisant la meilleure source disponible pour les premières 5 minutes et demie et une source inférieure pour la fin qui n'existe pas en qualité supérieure.
Ayler a écrit:
"Have You Ever Been (To Electric Ladyland)" est peut-être issu de la même session. La composition de Jimi est plus prétexte à une jam qu'autre chose : la version est sauvage, la guitare par moment très saturée, et le levier de vibrato utilisé sans ménagement.
Ayler a écrit:
"Electric Ladyland Jam", issue des "Sotheby's Tapes" est une jam assez décousue partant du thème de "Have You Ever Been (To Electric Ladyland)". Le résultat est loin d'être abouti, mais Jimi utilisera certains plans développés ici dans sa version définitive (le passage en La mineur où il utilise son levier de vibrato en fin de mesure).
Have You Ever Been (To Electric Ladyland) (3) Selon les notes de pochette du coffret pourpre, Jimi a commencé par enregistrer trois pistes en solo, qui précèdent quatre prises avec l'accompagnement de Mitch Mitchell. La version présentée ici serait la troisième prise solo. D'autres personnes pensent qu'il s'agit en fait de la guitare rythmique d'une des prises instrumentales. Ce n'est en tous cas pas la rythmique de la prise officielle, car il ne joue pas exactement la même chose et la structure est différente (notamment le placement des mesures jouées à l'unisson sur lesquelles le chant commence par "Electric woman" la 1ère fois et "While we fly" la deuxième). Une autre possibilité consiste à penser que le titre a été entièrement remonté façon Alan Douglas, mais je ne vois pas trop l'intérêt de l'opération. Il y a tout de même probablement une part de montage dans l'ajout en introduction du dialogue entre Kramer et Hendrix. Ces quelques secondes pourraient provenir de la première prise, car Kramer demande quel est le titre du morceau. (P.S. il pourrait aussi le demander à la fin de la deuxième version solo.)
Ayler a écrit:
L'album [Loose Ends] se clôt avec "Have You Ever Been (To Electric Ladyland)", dans une version éditée ne laissant entendre que la seule guitare de Jimi. Si un tel choix se justifie sans trop de problème sur le coffret pourpre, le procédé semble plus limite dans le cadre d'un album. Pour autant, savourer le jeu de guitare rythmique aérien de Jimi reste un plaisir...
Have You Ever Been (To Electric Ladyland) (1) Comme on va s'en rendre compte plus tard grâce aux versions suivantes, cette version, présente sur les bandes vendues aux enchères à Sotheby's, est issue du même basic track que la version parue sur Electric Ladyland. Ce ne peut donc pas être la version complète (avec batterie) de la prise présente sur Loose Ends, vu que cette dernière diffère significativement de toutes les autres versions (voir ci-dessous) qui sont issues de la 4ème prise de Jimi et Mitch (la septième prise de la session en comptant les trois versions solo). Là où la version officielle finit en fondu, cette version instrumentale dépourvue d'overdubs se poursuit durant plus de trois minutes et demie, dont 1'26 de batterie seule agrémentée d'un fort effet de modulation sur les cymbales.
Have You Ever Been (To Electric Ladyland) (6) Cette version comporte 1'15 de plus que la version officielle, elle s'arrête au point où s'arrête la piste de guitare sur la version (1). Contrairement à ce qui est le cas sur cette dernière, les overdubs de chant (plusieurs pistes), de guitare solo (additionnée de Leslie) et de basse sont ici présents (dans un mixage différent) et on peut constater que ces derniers ont également été réalisés au-delà du point auquel la version originale s'arrête. Ils continuent jusqu'à 2'32, au moment où commence le solo de guitare inversé qui figure sur le DVD officiel. On constate que cette version se superpose parfaitement à la version (1), qui constitue donc le basic track de la version officielle.
Ayler a écrit:
La (...) plage présente un solo de guitare à l'envers assez impressionnant de Jimi, qui sera pourtant écarté de la version officielle (il est repris sur la [version (5)], qui reprend un extrait du DVD consacré à l'album). La transition posait peut-être problème ?
Have You Ever Been (To Electric Ladyland) (5) Tiré du DVD The Making of Electric Ladyland, le solo inversé est présenté ici dans un mixage où la batterie est très peu présente. Le solo est quelque peu gâché par les commentaires d'Eddie Kramer...
Have You Ever Been (To Electric Ladyland) (merge) Réalisé à partir des versions (4), (6) et (1), cette version est un pur produit de l'inventivité des fans et des avancées de la technologie. Elle mélange en effet ces différentes versions pour obtenir la version la plus longue avec le meilleur mixage possible. La première partie est construite à partir de la version officielle, qui est prolongée par la version (6) et enfin la coda de batterie uniquement disponible sur la version (1).
Have You Ever Been (To Electric Ladyland) (composite) Autre effort de fan, la version (6) est ici complétée par le solo de guitare inversé repassé à l'endroit (avec donc le "backing track" à l'envers). Ceci nous permet d'entendre la même chose que Jimi quand il l'a enregistré.
Have You Ever Been (To Electric Ladyland) (7) mono Avant d'en venir à la version officielle, il faut encore mentionner la version mono, qui est probablement une simple réduction de la version stéréo qui figure que sur une poignée de 45 tours rares.
Have You Ever Been (To Electric Ladyland) (4) Les mixages alternatifs présentés ci-dessus nous donnent des indications précieuses sur les processus de composition, d'enregistrement et d'arrangement de ce titre. Tout d'abord on peut penser que le morceau est le fruit d'une inspiration soudaine, car il n'existe pas de versions antérieures au mois de juin. Ensuite, on se rend compte que tout est construit autour de l'interaction entre guitare et batterie. Le jeu de Mitch s'écarte diamétralement de celui des batteurs de rock ou de soul. Il joue des figures rythmiques qui ne suivent pas complètement la métrique suggérée par la grille d'accords autour de laquelle le titre est construit. Quant à la première guitare (dite rythmique, voir à ce sujet le commentaire d'Alyer ci-dessous), on a beaucoup parlé de l'influence de Curtis Mayfield, mais on peut aussi mentionner la liberté et la facilité avec laquelle Jimi s'exprime ici. C'est à partir de ces deux instruments que le reste du titre sera bâti. Sur un basic track (version 1) de près de 5 minutes, Jimi va ajouter une première piste de chant (en falsetto) en adaptant son placement et son phrasé à ce qui est enregistré. A un moment où un autre il ajoute une partie de basse à l'image du reste de la "rythmique": aérienne et peu rythmique en somme. Il enregistre ensuite une deuxième piste de guitare additionnée d'effet Leslie qui apporte des contrepoints délicats au chant, ainsi qu'un solo entre les deux parties vocales. Il enregistre aussi un solo de guitare "à l'envers" sur la partie finale. C'est probablement peu après qu'il décide de raccourcir le titre, car lorsqu'il enregistre la deuxième partie de voix qui vient harmoniser la première, on l'entend (à 2'23 sur la version 6) signaler à la régie qu'il est inutile de continuer à enregistrer au delà de la partie qui sera mixée en fondu en sortie sur la version du disque.
Ayler a écrit:
Hendrix revient à ses racines : la soul d’un Curtis Mayfield, voire d’un Marvin Gaye. Il assume enfin son chant, et ses parties de guitares sont magnifiques : Little Winguienne en rythmique (si on peut encore appeler ça de la rythmique !), la partie soliste évite les écueils harmoniques faciles.
Dernière édition par sequelenoise le Dim 1 Jan 2023 - 22:04, édité 2 fois
sequelenoise
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Sam 26 Mar 2011 - 8:08
Machine Gun
"Machine Gun" constitue un des titres phares de la discographie de Jimi Hendrix, mais pas dans une version studio. En lieu et place de l'intensité de l'interprétation du Band Of Gypsys, nous allons trouver ici des versions antérieures avec la plupart du temps la formation Gypsy, Sun & Rainbows (entre août et novembre 1969). Ces enregistrements nous montrent que le morceau est en cours d'élaboration, et que la qualité de la version parue sur l'album Band Of Gypsys a convaincu Hendrix de ne pas tenter de recréer ce moment de grâce en studio. Il l'emmènera en revanche sur la route durant sa dernière tournée (voir ici la liste des versions en concert). La généalogie du titre remonte à la jam du 22 juin au festival de Newport qui nous donne à entendre un premier aperçu des paroles de "Machine Gun". Le riff principal est ensuite travaillé à Shokan par Jimi et Billy qui l'incluent dans une jam qui comprend des variations autour d'un des riffs de "Izabella". Le riff d'intro est lui, à ce stade incorporé en introduction d'un arrangement inédit de "If Six Was Nine" répété en vue du festival de Woodstock, mais finalement pas joué sur scène. La même introduction a aussi servi, durant ces répétitions, de base à celle de "Hear My Train", qui sera pour sa part jouée à ce concert, avec des variations, mais toujours la présence de la pédale univibe pour colorer le son.
gypsy blood a écrit:
Concernant Izabella et Machine Gun, il y a des infos sur le livret de "BURNING DESIRE" : McDermott dit qu'intialement Hendrix voyait les 2 morceaux comme une suite musicale, les deux titres étaient très liés dans plusieurs tentatives d'enregistrements... C'est donc pas un hasard si hendrix joua les 2 morceaux lors de son 2nd passage au DICK CAVETT SHOW en septembre 69 peu de temps après les sessions du 29 août. Au final Hendrix a bien tenter de connecter Izabella et Machine Gun, sans succès semble t-il, en tout les cas pas d'une manière qui le satisfasse.
Lors des séances studio qui suivent ce concert, "Machine Gun" se retrouve en compagnie de "Izabella", mais les efforts pour fusionner ou enchaîner les deux titres ne s'avèrent pas concluants, On notera toutefois, comme le signale Gypsy Blood, que l'enchaînement a été réalisé lors du Dick Cavett Show du 9 septembre 1969, mais aussi durant le premier concert du 31 décembre 1969. Alan Douglas tentera, à sa façon, de prolonger ces efforts, on en reparlera... Mais avant cela on va retrouver l'introduction de "Machine Gun" durant quelques enregistrements en studio entre fin septembre et mi-novembre.
Avec la dissolution de Gypsy, Sun & Rainbows, c'est au Band Of Gypsys qu'échoit la tâche de fournir à Ed Chaplin un album de matériel inédit. "Machine Gun" est rapidement sélectionné pour en faire partie et le titre sera joué lors des quatre concerts du Fillmore East (voir ici les liens vers les chroniques des concerts durant lesquels "Machine Gun" est joué). Étrangement il existe très peu d'enregistrement des répétitions de ce titre. Peut-être que "Machine Gun" a été peu répété et que ceci explique que le titre repose largement sur l'improvisation. Notons, qu'aucune des versions joués durant ces deux soirs ne suit la même structure, ni ne contient les mêmes paroles.
Musicalement, "Machine Gun" est issue du blues, mais s'en éloigne considérablement (pas de progression harmonique et des passages faisant référence à d'autres styles musicaux. Pour en savoir plus, se référer aux pages 226 à 229 de Jimi Hendrix: Le rêve inachevé qui sont vraiment excellentes.
Thématiquement, les paroles (voir ici la traduction) font référence à la guerre et ses horreurs. On pense à la guerre du Vietnam, mais aussi à la guerre intérieure que connaît son compositeur.
Août 1969 - Maison de Shokan - Ulster County, New York
Jimi Hendrix: guitare Billy Cox: basse Larry Lee: guitare Juma Sultan: percussions
Izabella / Machine Gun Jam (JA6) Bien qu'il ne s'agisse pas, selon Jimpress, d'une version de "Machine Gun", cette jam mérite sa place ici. En effet, bien que jouée sur un tempo rapide, cette improvisation, qui commence par un riff proche de celui de "Izabella", contient à partir de 2'23 et jusqu'à sa conclusion une improvisation sur un des patterns rythmiques de "Machine Gun". Jouant sans batterie, le groupe laisse Larry Lee assurer la première partie lead, Hendrix prend le deuxième solo durant la partie "Machine Gun", après avoir joué quelques mesures à l'unisson avec Cox.
Ayler a écrit:
"Izabella / Machine Gun Jam" est un instrumental réunissant Jimi Hendrix, Larry Lee (qui prend le premier solo), Billy Cox et sans doute Juma. Le premier riff rappelle ceux de "Mannish Boy", "Power Of Soul" et "Izabella". On retrouve ensuite des éléments de la ligne de basse de l'introduction de "Machine Gun". Jimi prend le second solo, avec l'Octavia branchée.
Machine Gun (_) / If Six Was Nine Au cours d'un medley combinant "Jam Back At The House" et "If Six Was Nine", Hendrix introduit entre les deux morceaux le riff d'intro de "Machine Gun" qui n'est probablement pas encore attribué à la composition qui s'appellera plus tard "Machine Gun" et qui est alors en gestation.
Ayler a écrit:
Le groupe enchaîne directement sur l'introduction de "Machine Gun" (à ce stade peut-être celle de "Hear My Train"), qui est suivie d'une version instrumentale de "If 6 Was 9", dont il est intéressant d'entendre une version postérieure à "Axis: Bold As Love"... mais qui n'est malheureusement guère impressionnante.
Jimi Hendrix: guitare, chant Billy Cox: basse Mitch Mitchell: batterie Larry Lee: guitare Juma Sultan & Jerry Velez: percussions
overdubs 1974: Lance Quinn : guitare (sur 4) Allan Schwartzberg : batterie (sur 4) Bob Babbitt : basse (sur 4)
Machine Gun (1) Cette longue version de 12 minutes ne comprend qu'un seul passage chanté (de 1'14 à 2'23). Ce dernier prend place directement après le passage instrumental (alternance solo/rythmique de Jimi) qui suit l'intro. Il est suivi d'un solo de Hendrix (durant lequel on entend surtout la basse et la batterie). Jimi en signale la fin en lançant tout seul la partie "mitraillette". Les autres le suivent après quelques mesures; on notera que Mitchell joue déjà, durant cette partie, les roulements de caisse claire qui feront la renommée de Buddy Miles par la suite. A 4'55 démarre un passage en tempo dédoublé qui va servir de tapis sonore à un solo de Larry Lee. Durant ce long effort, Hendrix et Cox lancent un pattern rythmique inédit à la suite duquel tout le monde s'arrête (à 8'00) pour un retour à l'intro précédé par un brève improvisation de guitare non accompagnée. Retour ensuite au passage "mitraillette", durant lequel Hendrix prend un nouveau solo. Mitchell aux toms et Lee aux cordes étouffées mitraillent à tous azimuts. Hendrix tente une variation, mais les autres ne bougent pas, il se cale alors sur la ligne de basse pour répondre avec Cox aux coups tirés par Mitchell et Lee. Tout cela nous amène à la fin du titre qui est suivie par une voix non identifiée annonçant "My God".
Ayler a écrit:
"Machine Gun" : on retrouve le Gypsy Sun & Rainbows, mais en studio cette fois-ci. Le solo de Larry Lee est... dispensable.
Machine Gun (2) Cette version n 'est pas un mixage alternatif de la version précédente, mais bien une autre prise. Après l'intro, Hendrix commence par un solo très tranquille, alternant entre riff et parties lead. On notera au passage qu'à a 0'31 on entend un (rare) pain de Billy Cox. Le solo se radicalise quelque peu puis se calme et là, après 3 minutes, on entendrait presque une deuxième guitare rythmique (étrange). A 3'24, Jimi chante un texte totalement inédit (pour ne pas dire improvisé). Le solo de Larry Lee, sollicité par Jimi, commence à 4'03 et dure, dure, dure... Au bout d'un certain temps Hendrix (s'impatiente-t-il ?) commence à jouer une rythmique frénétique qui donne à Cox l'occasion de varier sa ligne de basse. C'est probablement de cette prise que McDermott dit si peu de bien dans son ouvrage, déclarant que ça tourne à la jam avec des problèmes de tempo et d'accordage. A 9'19 tout devient tellement confus qu'il n'y a pas d'autre solution que de repartir à zéro. C'est en fait le même arrangement que celui de la version précédente, sauf qu'à 10'22 le chant revient, avec des paroles plus proche de la thématique du morceau cette fois ci. Une partie de ce couplet est d'ailleurs reprise sur la version composite (voir les versions 3 & 38). Après une brève intervention de Jimi durant laquelle le reste du groupe reste silencieux, le morceau se conclut (même fin que sur la version 38).
Ayler a écrit:
At last, but not at least, nous avons une des rares versions Studio de "Machine Gun" [S1509/(2)]. Presque instrumentale dans toute sa première partie, c'est malheureusement Larry Lee qui prend là encore un long solo, que seules les qualités du groupe dans son ensemble font tenir debout. La fluidité du jeu Mitch Mitchell et les variations de Mitch & Jimi étaient autant de promesses d'une potentielle version studio passionnante. "Descendant toute ma famille, Ils pensent qu'ils se battent pour la liberté, Seigneur, ils meurent pour rien." Les paroles sont à souligner : Jimi se radicalisait alors considérablement dans ses prises de position. L'époque où il expliquait la théorie des dominos à Eric Burdon n'était plus qu'un souvenir dès mi-1969.
Machine Gun (3) Les prises composites Machine Gun (3) et (38), contiennent deux pistes vocales et des overdubs de guitare. Elles résultent d'un important travail de montage en studio, car il ne semble pas que Hendrix ait jugé ces sessions dignes de fournir un quelconque basic track sur lequel il aurait réalisé des overdubs (désolé pour tous ces anglicismes). On retrouve dans ces deux versions des parties tant de (1) que de (2), mais il y a aussi des parties de guitare et surtout de chant qui ne sont pas présents sur (1) et (2). Il existe donc probablement une autre prise de "Machine Gun" (ou davantage) à partir de laquelle (ou desquelles) ces composites ont été réalisés. Quoi qu'il en soit la version (3) est un mixage stéréo étroit et incomplet, tandis que la (38) est plus complète et présente une image stéréo plus large. Les deux versions proviennent du même edit, la seule différence étant que (3) se termine en fondu avant la fin qui figure sur (38). On entend qu'il s'agit d'un montage dès le début avec ces ajouts de voix qui font "Hey, Izabella" et il ne faut pas attendre longtemps pour avoir droit à des superpositions de pistes de voix qui sont soit des overdubs ajoutés à l'époque par Hendrix (peu probable) ou des superpositions de prises (très vraisemblables connaissant les méthodes de travail d'Alan Douglas). Ces superpositions ne sont pas toujours très heureuse comme le note Electric Thing.
ET a écrit:
Étrange version... Parfois l'effet est intéressant, et à d'autres moment c'est un peu le bordel !
Effectivement! Surtout quand on entend du chant par-dessus les passages (habituellement instrumentaux) durant lesquels le groupe revient sur l'intro qui sont habituellement instrumentaux. Je ne parle même pas de la superposition des guitares, quand on pense que la version (supérieure) du Fillmore East n'en compte qu'une... A partir de 5'07 on entend d'ailleurs Hendrix et Lee chacun en solo d'un côté de la stéréo. Durant la partie au tempo dédoublé qui suit, il aurait été plus judicieux de ne conserver qu'une guitare et la piste de voix en scat, plutôt que de laisser autant de guitares déconnectées, car ne provenant pas de la même prise. Si le titre sonne bancal ce n'est donc pas seulement imputable à Larry Lee.
Pas vraiment mémorable, ce composite nous renseigne sur les méthodes de travail de Douglas et des ses ingénieurs du son:
mélanger des pistes en ne conservant qu'une seule piste de basse et de batterie;
ajouter ensuite toutes les pistes de chant et de guitare;
redécouper le tout pour rendre la structure plus fluide et raccourcir le titre;
supprimer les pistes de guitare et de voix non nécessaires;
se rendre compte qu'à force de découper la rythmique n'est plus en place;
demander à des requins de studio de rejouer les parties de rythmique, voire plus si nécessaire (chœurs, guitare solo, nouveaux passages, comme la fin de "Blue Suede Shoes").
Ayler a écrit:
Le premier CD se termine par une autre version de "Machine Gun", où l'on entend deux parties vocales et deux guitares lead signées Jimi : l'ombre de Douglas planne... mais il est difficile de faire la part des choses en l'espèce. La version de "Midnight Lightning" est très proche...
Machine Gun (38) Il s'agit de la version la plus complète du composite évoqué pour la version (3). Les overdubs semblent être les mêmes, ce qui change c'est leur niveau et leur position sur le panoramique stéréo.
Ayler a écrit:
Mais le plus intéressant sont les deux prise de Machine Gun. La seconde, dont le chant est superbe, a largement servi de base à la version Douglassisée de Midnight Lightning. On les retrouve assez régulièrement... mais rarement avec une telle qualité audio là encore.
Ayler a écrit:
On retrouve "Machine Gun (Take 2)" [S719] sur d'autres pirates (Soulful Sessions) : c'est la version studio provenant des sessions au Hit Factory du 29 août 1969 où l'on entend deux prises vocales de Jimi, mais ainsi que deux prises de guitare. La version officielle qu'on retrouve sur "Midnight Lightning" en reprend de très nombreux éléments. Le commentaire de Doug Bell pour caractériser cette version est le suivant : "composite, 2 vocal tracks". Certains éléments de la prise précédente sont en effet identifiables : la conclusion du titre est manifestement commune aux deux versions, alors que le reste diffère. Pour autant, il est difficile de voir où commence le travail de Douglas... et où il s'arrête. Les overdubs vocaux et guitaristiques de Jimi ont-ils été faits du vivant de Jimi ou Douglas a-t-il synchronisé différentes prises ?
Machine Gun (39) Cette version est un "composite mono raccourci", avec cette fois avec seulement une piste de voix et (quasiment partout) une seule guitare lead et un sous-mixage prononcé des parties de guitare de Larry Lee. Cette version est intéressante parce qu'il s'agit du basic track à partir duquel la version de Midnight Lightning a été réalisée. En écoutant cette version en parallèle à celle de Midnight Lightning on peut se rendre compte que, hormis une brève partie entre la fin du premier solo et le début de la partie en tempo dédoublé, la structure est la même (chant, riffs). On entend aussi à certains endroits les raccords entre les différentes parties de ce composite (par exemple à 3'04 et surtout à 6'22).
Machine Gun (4) Créée à partir de la version composite présentée ci-dessus, cette production d'Alan Douglas transforme les arrangement dépouillés des versions un peu "flottantes" de Gypsy, Sun & Rainbows pour en faire un étrange animal avec plusieurs Hendrix à la fois, mais tous ont un son stérilisé, tellement les producteurs ont ajouté d'effets sur les multiples pistes de guitare. Les requins recrutés par Douglas ont dû avoir de la peine à faire quelque chose d'à peu près cohérent à partir d'un basic track aussi touffu et on peut se rendre compte que contrairement à ce qu'on peut lire dans les interviews donnés par Douglas, les musiciens de 1974 ne jouent pas les mêmes lignes que celles qui figurent sur la version avant overdubs. Donc ce qui est modifié ce ne sont pas seulement des problèmes de son d'accordage et de tempo. Tant la batterie, que la basse et évidemment la guitare de Quinn recréent ça et là de nouveaux arrangements qui ne sont pas toujours dans le style du morceau original. L'avis d'Ayler est sans appel:
Ayler a écrit:
Suit la seule version studio de "Machine Gun" publiée à ce jour. Le titre n'est pas trop dénaturé, mais cette version est totalement inutile.
Machine Gun (40) Cette courte version, elle aussi mono, est composée d'une courte section centrale (la partie en tempo dédoublé) du même composite. Cet extrait provient de la version (1), mais on y trouve d'autres overdubs de guitare et de voix (la fameuse partie en scat à l'unisson avec la guitare).
"Machine Gun" enregistrée en studio le 29 août 1969 au Hit Factory est présentée ici dans une version altérée différente et moins "chargée" que celle parue sur Midnight Lightning (1975). La composition prend forme mais est encore loin en terme d’intensité des versions lives qui viendront dans les mois à venir.
25 septembre 1969 - Record Plant - New York
Jimi Hendrix: guitare Buddy Miles: batterie Juma Sultan: congas
Room Full Of Mirrors (25) > Message To Love (52) > Machine Gun (36) Pas besoin de s'attarder trop longtemps sur cette "version". Il s'agit de l'introduction de "I'm A Man" / "Stepping Stone" (2) pour laquelle Hendrix joue en solo l'intro de "Machine Gun". Cette intro suit directement la version de "Room Full Of Mirrors" qui figure sur l'album Dagger.
Machine Gun (5) A la suite de la deuxième prise de "Izabella" avec piano, Hendrix joue, sans accompagnement, les premières seconde de l'intro de "Machine Gun".
Selon le site officiel (Encyclopedia), il existerait autres enregistrements de Machine Gun par le B.O.G. pour les dates du 17 et du 21 novembre.
18 ou 19 décembre 1969 - Studios Baggy's - New York
Jimi Hendrix: guitare, chant Billy Cox: basse Buddy Miles: batterie
Izabella (29) > Machine Gun (37) La dernière plage nous amène aux répétitions du Band Of Gypsys. On retrouve l'enchaînement "Izabella" / "Machine Gun", mais il manque le début du premier des deux titres. A l'écoute, on a de la peine à se dire que c'est le même groupe qui jouera moins de deux semaines plus tard la version définitive de "Machine Gun". D'accord, il ne s'agit pas d'un concert, mais de répétitions, donc pas la même intensité, ni la même inventivité. Cependant, ce que l'on entend là est encore loin tant sur le plan de groove que sur celui de la structure. Buddy Miles est tellement calme, qu'on dirait qu'il a pris des calmants. Sa grosse caisse est léthargique et il n'ouvre pas la bouche, à part pour des "ouh" d'une justesse discutable à partir de 5'06, durant le solo de guitare. Les musiciens ne semblent d'ailleurs pas forcément emballés par le morceau: Hendrix s'arrête à 6'36, immédiatement imité par ses acolytes.
A noter, pour terminer, que sur sur la suite autobiographique inédite à ce jour "Black Gold" se trouve un morceau intitulé "Machine Gun". Pour plus d'infos voir le sujet Black Gold (le Saint Graal de l'Electric Church). Jimpress lui a déjà donné un numéro: il s'agit de Machine Gun (6).
Dernière édition par sequelenoise le Dim 1 Jan 2023 - 22:12, édité 2 fois
sequelenoise
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Sam 2 Avr 2011 - 12:40
Ezy Ryder [1ère partie]
contient aussi Dance, Inside Out et Lullaby For The Summer
"Ezy Ryder" et ses précurseurs présentent suffisamment de versions méritant un commentaire que j'ai décidé de séparer sa présentation en deux étapes. En voici la première.
"Ezy Ryder" est un de ces titres qui s'écrit de différentes manières (comme "Fox(e)y Lady", "Voodoo Chile/Child", voire Strate/Straight Ahead). A qui se fier pour l'écrire? Aux pochettes des albums, aux manuscrits de la main de Jimi ou à l'un ou l'autre des ouvrages consacrés à la production musicale hendrixienne. Le problème s'accroît lorsque les deux mots du titres peuvent être écrits de manière différente: easy ou ezy et rider ou ryder. Le titre qui fait référence au célèbre film sorti en 1969 a même été orthographié "Ezee Ryeder". J'ai opté pour le choix fait sur le forum, qui adopte l'orthographe des albums officiels, qui diffère de celle des sources habituelles (Jimpress, McDermott, Doug Bell) qui ont opté pour "Ezy Rider".
Le fait que ce titre soit constitué de parties empruntées à d'autres morceaux restés à l'état d'ébauche tels que "Dance", "Slow", "Inside Out" et "Lullaby for the Summer" ne fait que compliquer les choses quand il s'agit de nommer les titres que l'on écoute. Beaucoup de "bootlegs" contiennent ainsi des morceaux intitulés "Ezy Ryder" ou "Ezy Rider" (les deux noms les plus répandus) qui ne sont pas à proprement parler des versions du titre de la semaine. Étant donnée l'orientation quelque peu archéologique qu'a rapidement pris cette chronique, je ne pouvais pas laisser de côté les proto-"Ezy Ryder".
Dans cette première partie, nous allons donc tenter de démêler les origines du morceau en partant de décembre 1967 et nous nous arrêterons juste avant le début du mois de décembre 1969 qui voit à la fois l'enregistrement du basic track qui servira de rampe de lancement à la version studio qui figure sur The Cry Of Love, et les répétitions pour les concerts du Fillmore East. Ce survol nous donnera l'occasion de rencontrer des titres de l'Experience ("Dance", "Inside Out" et "Lullaby For The Summer"), ainsi que les développements ultérieurs de la composition tels qu'ils apparaissent dans deux jams (JS22 et JS23) avec Buddy Miles.
Dance Cette composition de Noel Redding, chantée par Mitch Mitchell et enregistrée à la même époque que "Crosstown Traffic" ne restera pas dans les annales. L'intérêt, pour cette chronique, réside dans le riff employé durant l'intro et le couplet, qui sera recyclé par la suite par Hendrix pour l'introduction de "Ezy Ryder". Jimi est ici à la guitare et Noel à la basse sans plus de précisions, contrairement à "Dream" l'autre acétate datant de la même époque) sur laquelle les rôles sont échangés.
Inside Out (1) aka Ezy Ryder (13) Instrumental Sans aucun rapport avec la composition de Redding ("Dance"), "Inside Out", longtemps référencé sous le titre "Ezy Rider Instrumental", contient le riff qui portera le pont du futur "Ezy Ryder". Hendrix y ajoute en overdub une guitare qui passe à travers une cabine Leslie pour jouer des variations qui seront en partie récupérées dans la future composition ("Ezy Ryder").
Alyer a écrit:
Ce sont en fait des variations autour de ce qui allait devenir la partie centrale de "Ezy Ryder" (composition collage donc… et ça marche). A 2:36, changement de structure, avec des variations rythmiques autour d’un accord. On dépasse le stade de simple jam dans la mesure où Hendrix a ajouté un overdub… sans pour autant être plus qu’une piste de travail. A priori, cet instrumental correspond à "Inside Out", un titre effectivement développé lors des sessions de Electric Ladyland. La session date du 11 juin 1968, soit le lendemain des "Rainy Day Sessions". A l'écoute, le titre présente plutôt deux overdubs : outre la guitare qui passe au travers d'une cabine Leslie, la basse est certainement signée Hendrix, ce n'est absolument pas le style de Redding. Par contre, l'identité du joueur de congas est inconnue (audible lors du passage évoquant un peu "South Saturn Delta") - et même pas évoquée sur le dernier ouvrage de McDermott. Peut-être Larry Faucette, présent la veille ?
Inside Out (2) aka Ezy Ryder (36) instrumental Pas grand chose à ajouter, il s'agit d'un mixage alternatif de la version présentée ci-dessus. Le son est moins bon, on a presque perdu l'habitude, pour ce qui concerne les titres studios, de ce genre de qualité, pourtant si commune sur beaucoup de "bootlegs", avant que des enregistrements de meilleure génération ne sortent et se généralisent grâce d'abord au Dat et au Minidisc, puis au CDR, aux algorithmes de compression ne dénaturant pas le son (shn, ape, flac) et bien sûr à la généralisation massive de l'internet à haut débit rendant aisé le téléchargement et l'échange de fichiers de grande taille. Je referme cette parenthèse de sociologie de la technologie pour revenir à "Inside Out" (2) sur lequel la guitare lead est partiellement absente et qui ne présente pas le fondu en fermeture de la version (1).
Inside Out (3) Encore un mixage aternatif, officiel cette fois. Le mixage est bien plus clair et le positionnement dans la stéréo des instruments est plus cohérent. La fin est légèrement rabotée. L'interprétation et le son sont bons, mais ce n'est pas un titre que je réécouterai souvent.
Ezy Ryder (39) Référencé comme "Ezy Ryder", ce morceau est techniquement une troisième version de l'instrumental "Inside Out", cette fois sans overdubs, à la suite de laquelle Hendrix se lance dans une interprétation de "Star Spangled Banner" qu'il joue en concert depuis l'été 1968. Ce medley impromptu sonne comme les prestations live de l'Experience à la fin de la tournée européenne de janvier 1969: sauvage.
Alyer a écrit:
"Ezy Ryder/Star Spangled Banner" : l'Experience encore. Quel son ! Ils explorent le riff de la partie centrale d'"Ezy Ryder" avant que Jimi ne parte en solo (vitaminé !) et ne grave une version studio à l'image des versions concert : brutale, violente, magnifique !
On notera que le riff de "Inside Out" apparaît fugitivement durant les répétitions du 24 février au Royal Albert Hall (voir le bonus sur la bande son du titre de la semaine).
[basic track]7 avril 1969 - Record Plant - New York [overdubs] 17 avril 1969 - Record Plant - New York
Lullaby For The Summer (1) aka Dance (2) aka Ezy Rider (S776) [mix sans congas] Partant du riff de "Dance", l'Experience enregistre ce qu'il faut bien présenter comme une nouvelle composition conçue comme un instrumental assez structuré sur lequel Hendrix ajoutera deux pistes supplémentaires de guitare 10 jours après son enregistrement. La version présentée ici est un mixage sans les congas jouées par un percussionniste inconnu. On notera particulièrement l'utilisation de l'effet octavia sur la guitare lead. Il faut encore ajouter qu'à ce stade le riff de "Inside Out" ne figure pas dans cette composition. Il n'y sera intégré que quelques mois plus tard (décembre 1969).
Lullaby For The Summer (2) aka Dance (3) aka Ezy Rider (S993) Il s'agit du même titre avec les mêmes overdubs de guitare, mais un mixage différent qui inclut une piste de congas.
Alyer a écrit:
La date de "Ezy Ryder" [S993], son personnel (mis à part Mitch Mitchell) et son lieu d'enregistrement sont incertains. C'est en fait un proto-"Ezy Ryder", directement inspiré du "Dance" écrit par Noel Redding. C'est un enregistrement studio particulièrement intéressant car le travail de mise en place effectué ici est considérable (il y a des overdubs de Jimi, avec des parties de guitare jouées avec de l'Octavia). Les arrangements sont assez complexes. On notera que certains patterns du pont central ont été écartés de la composition.
Lullaby For The Summer (3) La version officielle date de 2010. A part un meilleur son, on notera le rabotage de l'introduction et la suppression de la piste de congas. C'est la publication officielle de ce titre sur Valleys Of Neptune qui a contribué à éclaircir les choses sur le plan du catalogage des titres hendrixiens. En effet, jusque là les deux versions "pirates" étaient considérées comme des versions ultérieures de "Dance", la composition de Noel Redding, présentée en début de chronique, soit comme des proto-versions de "Ezy Ryder". Depuis lors, ces deux versions portent maintenant le nom "Lullaby For The Summer", ce qui n'empêche pas que les listes des titres de toutes les compilations qui les contiennent continuent à porter leurs anciens noms, d'où un risque majeur de confusion et une difficulté majeure pour déterminer quel disque contient quelle version.
Alyer a écrit:
"Lullaby For The Summer" est déjà plus intéressant : cet instrumental offre suffisamment de différences avec "Ezy Ryder" pour justifier une publication officielle faisant sens, d'autant que Hendrix ne s'est pas si souvent aventuré que ça sur ce terrain musical.
Ezy Ryder (2) citation dans JS 23 (1) On retrouve ici le riff commun à "Dance" et à "Lullaby For The Summer". L'innovation consiste à ajouter la partie en triolets en fin de riff, idée qui sera reprise sur les versions ultérieures d'"Ezy Ryder". Le passage qui intervient 3 minutes après le début de la jam, est très court, il suit une partie basée sur "Stepping Stone" et précède des variations autour du thème de "Villanova Junction".
Ezy Ryder (42) citation dans JS 23 (2) Le mixage officiel ajoute de la réverbe sur la guitare et les cymbales. Musicalement c'est exactement pareil que la version ci-dessus. La jam de laquelle cette citation fait partie est intitulée "Stepping Stone/Villanova Junction Blues".
14 novembre 1969 - Record Plant - New York
Jimi Hendrix: guitare Buddy Miles: batterie
Ezy Ryder (1) citation dans JS 22 (1) [stéréo 1] Dans cette jam, c'est le riff de "Inside Out" qui a droit à une citation durant un peu plus d'une minute. On notera que la partie de la composition qui ne sera pas retenue dans le riff du pont de "Ezy Ryder" est ici réduite à quelques secondes. Dans la jam l'extrait suit une improvisation en 4 accords qui suivait elle-même une improvisation autour de Villanova Juction. Après notre extrait, Jimi enchaîne sur "South Saturn Delta".
Ezy Ryder (37) citation dans JS 22 (2) [stéréo 2] Entre 4:53 et 6:12 sur "Jungle", on retrouve officiellement le même extrait avec un meilleur son.
Ezy Ryder (_) citation dans JS 22 (3) [mono] On prend les mêmes et on recommence, cette fois-ci en mono.
Dernière édition par sequelenoise le Lun 2 Jan 2023 - 11:59, édité 5 fois
sequelenoise
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Sam 9 Avr 2011 - 16:01
Ezy Ryder[deuxième partie]
Après la partie archéologique ci-dessus, on entre maintenant dans le vif du sujet avec un "Ezy Ryder" qui acquiert en décembre 1969 son titre, son thème général (à défaut de paroles définitives) et les principaux éléments de sa structure. Le basic track a été enregistré le 18 décembre au Record Plant, à peu près à la même date que les répétitions aux studios Baggy's en vue des quatre concerts du Nouvel An 1970. Le titre a été joué lors des deux concerts du 31 décembre et durant les tournées américaine et européenne entre avril et septembre 1970 (voir ici la liste des concerts l'incluant). "Ezy Ryder" est connu comme l'un des titres dont l'élaboration sera la plus longue une fois le basic track enregistré. De la prise de base, il ne reste guère que la piste de batterie et celle de percussions. Il faut mentionner les overdubs et les montages (édition de parties) réalisés durant l'hiver principalement au Record Plant et ceux qui ont été réalisés dès l'ouverture des studios Electric Lady, "Ezyx Ryder" étant l'un des seuls titres qui n'a pas été entièrement ré-enregistré durant ces sessions. On dispose de quelques mixages intermédiaires qui nous permettent de documenter (partiellement) l'évolution de ces enregistrements.
Les versions de "Ezy Ryder" du premier volume [ATM 205], toutes inédites, sont particulièrement intéressantes. Même si Jimi ne maîtrise pas les paroles, la composition fonctionne mieux que lors du Cry Of Love Tour, peut-être à cause du drumming de Buddy Miles, mais aussi parce qu'il chante mieux le titre. La liberté du studio de répétition est mise à profit par Jimi qui se lance dans des solos aventureux, comportant des passages impressionnant de liberté sur "Ezy Ryder" (4) & "Ezy Ryder" (5).
Ezy Ryder (3) La première version issue des répétions à Baggy's nous montre la combinaisons des riffs de "Lullaby For The Summmer" (utilisé durant l'intro et le couplet) et de "Inside Out" (joué pendant le pont qui intervient ici directement après le couplet). On entend ensuite une autre partie qui ne figurait jusque là dans aucun autre morceau. A la suite de cette dernière, les musiciens s'interrompent.
Ezy Ryder (4) Le second effort sur lequel on entend bien les chœurs de Buddy Miles n'est pas non plus complet. Nous avons droit à un solo de guitare très intéressant (intervenant après le deuxième couplet). Suivent un couplet et le riff ascendant de la fin qui est tronqué suite à une erreur de la guitare.
Ezy Ryder (5) Ce troisième essai enregistré à la suite des deux autres nous montre un groupe plus à l'aise et enclin à l'improvisation (les paroles changent) et la durée des différentes parties de la composition aussi. Le premier solo de guitare est accompagné par une partie de scat plus ou moins à l'unisson (de 2:55 à 3:19), Hendrix chante ensuite quelques lignes de couplet, enchaîne sur le riff ascendant qui mène à un nouveau solo soutenu par la rythmique implacable de Miles et Cox, qui assurent également des chœurs. Retour ensuite sur le pont (cf. "Inside Out"), un nouveau couplet, un troisième solo et une nouvelle partie en scat à l'unisson avec la guitare. Le morceau se termine ensuite sur le riff ascendant.
Ezy Ryder (6) Enregistrée ultérieurement (peut-être un autre jour, mais toujours à Baggy's), cette quatrième version est la plus connue, c'est celle qui figure sur l'album Dagger consacré aux répétitions du Band Of Gypsys. Le mastering est sensiblement meilleur que sur les versions précédentes, mais elles sont toutes enregistrées sur deux pistes: les voix d'un côté, les instruments de l'autre. Il n'y a donc pas tellement de possibilités de remixage. Les arrangements sont très similaires à ceux de la version précédente, sans les parties d'impro qui suivent le riff ascendant qui conclut ici le titre.
[basic track] 18 décembre 1969 - Record Plant - New York [overdubs] 20 janvier 1970 - Record Plant - New York & juin-juillet 1970 - Electric Lady - New York [mixage] 18 décembre 1969, 7 17 janvier 1970 - Record Plant - New York & 15 juin, 2 juillet, 22 & 24 août 1970 - Electric Lady - New York
Jimi Hendrix: guitares, chant, 2ème basse Billy Cox: basse Buddy Miles: batterie Billy Armstrong: percussions Stevie Winwood & Chris Wood: chœurs ? Albert & Arthur Allen: chœurs [selon les notes de pochette du coffret pourpre qui concernent la version (35)]
Ezy Rider (7) Cette version est probablement la plus ancienne de tous les mixages issus du basic track du 18 décembre dont nous disposons. En effet, il ne subsiste pas grand chose des pistes présentes ici sur la version mixée le 24 août 1970 qui illumine "The Cry Of Love", ni le chant (avec encore quelques paroles alternatives), ni la guitare solo. Pour les chœurs et la guitare rythmique je ne suis pas certain. La batterie et les percussions sont en revanche identiques. En ce qui concerne la partie de basse jouée au plectre et avec par endroits de la wah-wah (probablement par Hendrix lui-même) certaines parties figurent sur la version officielle en plus de la basse de Billy Cox, mais elles sont mixées plus en retrait. La prise commence par un faux départ puis par une voix (Buddy Miles?) qui dit "Roger, take it away". L'enchaînement des parties est le même que sur les versions (38) et (10), avec deux mesures supplémentaires à la fin du pont (voir Ezy Ryder (38) pour plus de détails). Le fondu en fermeture intervient ici pendant la partie ascendante à la fin de laquelle les musiciens s'arrêtent habituellement.
Ezy Ryder (35) Selon les notes du coffret pourpre, ce mixage date du 15 juin 1970, directement après l'enregistrement des chœurs de Winwood et Wood. Il s'agit probablement d'une bande de travail mettant en valeur les ajouts récents: une piste de guitare lead (mixée sur la gauche) qui sera bientôt remplacée par un effort plus consistant, un doublage de la voix principale et les chœurs de nos deux invités qui étaient venus visiter le nouveau studio de Jimi. Un examen attentif de cette version nous permet de remarquer une autre différence avec les autres versions officielles (8 & 9): après la partie durant laquelle Jimi chante "stone crazy", on a deux mesures supplémentaires avant le roulement de caisse claire. Ce roulement marque le début du court solo de guitare (15 secondes comme sur les autres versions officielles) qui est différent et accompagné de chœurs (comme durant les répétitions aux studios Baggys). Le titre s'achève en fondu à la fin de la partie qui contient les chœurs de Stevie Winwood et Chris Wood. Il n'inclut donc pas le riff ascendant. [/color]
Ayler a écrit:
Le dernier titre présenté ici [sur le coffret pourpre] du Band Of Gypsys (Jimi lui rajoutera toutefois des overdubs nettement plus tard ) est "Ezy Ryder". Autre exemple de "Previously Unreleased Alternate Recording", le stade antérieur de cette prise présente quelques différences : outre un Steve Winwood mixé plus en avant lors du final, les fills de guitare lead présents au sein des couplets ne sont pas les mêmes. Intérêt mineur, dans la mesure où ces derniers sont loin d’être renversants.
Ezy Rider (10) Ce mixage est probablement postérieur à la version (7), car il contient déjà le feedback de guitare sur l'intro (comme la v.(35) d'ailleurs, mais pas comme la v.(7)). Néanmoins, on peut ici entendre cette même guitare jouer quelques notes avant l'intro de batterie. Les parties de guitare sont plus proches de celle de la version de "The Cry Of Love", mais on n'entend en revanche pas les chœurs de Winwood et Wood (ou alors mixés très bas). On notera aussi que certains chœurs sont différents. Ces éléments ne nous permettent pas de dire si cette version est antérieure ou non à la version (38). Elle est en tous cas assez ressemblante mis à part les deux éléments mentionnés (guitare lead et chœurs des deux W): on a les deux mêmes mesures supplémentaires avant le solo de guitare et la même voix parlée directement ensuite.
Ezy Ryder (8) La version que nous connaissons le mieux représente l'aboutissement de tous les efforts de montage et d'overdubs réalisés en studio par Hendrix et compagnie. On y retrouve un nombre important de pistes de voix (doublage et chœurs) et de guitare, ainsi que deux pistes de basse, dont l'une colorée par la wah-wah. Le titre se termine en fondu avec une brusque remontée du volume, dont la cause est expliquée dans le livret de First Rays Of The New Rising Sun. On notera que les premiers pressages américains de cet album n'incluaient étrangement pas les premiers coups de batterie de l'intro. [/color]
Ayler a écrit:
"Ezy Ryder" est le seul rescapé des séances du Band Of Gypsys (les 18 décembre 1969 et 20 janvier 1970 au Record Plant). Le titre fera ensuite l'objet d'overdubs à l'Electric Lady Studio les 15 et 18 juin, 2 juillet 1970, et sera mixé 22 août avec Eddie Kramer. Là encore, c'est un titre dont la présence [sur le quatrième album studio de Jimi] ne souffre d'aucune discussion : il en existe 19 versions Live (dont une avec le Band Of Gypsys). La composition est complexe, comportant de nombreux patterns, s'emboîtant tous à merveille. Le trio est augmenté des percussions de Billy Armstrong, et des voix overdubées de Chris Wood et de Steve Winwood, qu'on distingue très nettement sur la fin. L'introduction, inspirée d'une idée de Noel Redding (non crédité), est un modèle du genre. Le développement est une sorte de funk rock très dur groovant à mort, d'une efficacité redoutable. Le seul bémol concerne le mixage (et les limites de Jimi en tant que producteur) : la voix est trop sous-mixée, illustrant les complexes de Jimi à ce sujet. Dommage : ses performances vocales en studio n'avaient rien à envier à celles de nombre de chanteurs de rock reconnus en tant que tels.
Ezy Rider (9) Présent sur Voodoo Soup, le mixage de Mark Linett tente de remédier au sous-mixage de la voix, ce qui est une bonne initiative. Les différences dans l'agencement des pistes de guitare ne dérangent pas non plus. Je demeure cependant plus réservé sur le son de la batterie.
Ezy Rider (34) Le quasi traditionnel mixage "low vocals" (voir la chronique de "Drifting"? pour une explication) nous permet d'entendre plus distinctement les pistes qui sont mixées sur les côtés de la version (8) dont nous avons ici une réduction en mono.
Jimi Hendrix: guitare Billy Cox: basse Buddy Miles: batterie Don x: harmonica [sur la version (11)]
Ezy Rider (40) Jam > Jam > Cherokee Mist La progression harmonique de "Ezy Ryder" sert de cadre à la première partie de cette jam durant laquelle le Band Of Gypsys se montre sous son meilleur jour: groove infernal et improvisation débridée. De plus, comme cette jam est entièrement instrumentale, il n'y a pas de ces vocaux enthousiastes de Buddy Miles qui dérangent certains. Le mixage présenté ici présente une image stéréo plus étroite que les versions des "boots" et cette version officielle n'est pas éditée. [/color]
Ayler a écrit:
"Ezy Ryder/MLK [aka Captain Coconut]" est une jam inspirée d'une vingtaine de minutes. Ce fameux 23 janvier 1970, Hendrix était au sommet de sa forme : ses improvisations sont éblouissantes de créativité. Il ne se répète jamais, tente l'impossible... et souvent le réussit. Le flux d'idées est constant. En termes d'imagination, aucun de ses contemporains ne tient véritablement la comparaison. "Ezy Ryder" n'est reconnaissable qu'à compter de la troisième minute, même si le riff sert plus de fil rouge qu'autre chose : il y revient peu avant la sixième minute, mais ne s'y attarde jamais véritablement.
Electric Thing a écrit:
Le début, coupé, commence sur une intro furieuse de batterie avec Jimi en rythmique diabolique. 0.49 : 1er solo qui part comme une fusée ! 1.10 : Superbe passage de Buddy qui pilonne et Jimi qui tricote un plan magnifiquement simple et puissamment hallucinant. La poussée est phénoménale. 1.34 : Changement de rythme sur une descente vertigineuse... 1.55 : On sent que ça bouillonne. 2.03 : Passage TERRIBLE ! 2.10 : Nous revoilà repartis vers une autre planète 2.21 : Reprise du plan joué à 1.10 2.44 : Une envolée totalement Free ! 2.54 : Thème 3.04 : Rupture 3.19 : Changement de micro 3.50 : décollage ! 4.01 : Break de Buddy qui relance. Superbe solo de Jimi ! Le BOG en action : incroyable ! 4.20 : Buddy cherche, suit, relance... 4.32 : ça repart sur une relance magistrale de Buddy 4.35 : Le BOG !!! Superbe passage... on se croit un 31 déc ! C'est bon ! 5.00 : Passage totalement jouissif ! 5.12 : Envolée ! 5.28 : Relance de Buddy et ça repart... 5.40 : Son terrible, passage ENORME ! 5.58 : Changement d'ambiance, apaisement... 6.14 : Superbe petit passage avec un Buddy en plein festival de Rio ! 6.27 : Jimi est inépuisable et repart... 6.40 : Nouveau changement, avec de longs larsens modulés à la Third Stone from the Sun. SUPERBE. On termine ce passage par un dernier gros larsen de 6.58 à 7.19.
Ezy Ryder (12) Ce mixage alternatif qui omet les quatre premières minutes (donc la première apparition du riff de "Ezy Ryder" est d'une très bonne qualité sonore. Il contient la piste de voix du micro de Jimi qu'on entend annoncer avant le passage à "Cherokee Mist" qu'il a cassé une corde.
Ezy Ryder (41) Avant que le titre ne soit sorti par Dagger Records, la seule version complète de cette jam était disponible dans une qualité inférieure avec un son un peu sourd. Cette version, comme la version officielle ne comporte pas la piste de voix de Hendrix lorsqu'il annonce qu'il a cassé une corde.
Ezy Ryder (11) Dans la jam qui est cataloguée comme "Freedom" (10) -> "Ezy Rider" (11) -> "Highway Of Broken Hearts" -> "Seven Dollars In My Pocket" -> "Highway Of Desire" -> "Midnight Lightning" (3), Ezy Ryder n'est que peu présent, à part dans le chant à deux reprises. La version éditée que j'ai inclue sur la bande son du titre de la semaine permet d'entendre ces deux passages et la partie de jam qui figure entre eux. [/color]
Ayler a écrit:
"Highway Of Desire Jam" est le seul extrait de cette session resté inédit... mais que l'on retrouve sous différents titres ("Freedom", "Highway Of Broken Hearts","Seven Dollars In My Pocket", "Highway Of Desire"...) sur un nombre de pirates incalculable ! Un peu longue, plus ou moins inspirée selon les moments, c'est une jam parfaite pour un pirate car il y a des fulgurances.
Jimi Hendrix: guitare, chant Arthur Lee: guitare Frank Fayad: basse George Suranovich: batterie Remi Kabaka: percussions Lasisi Amao: percussions
Les deux prises enregistrées en compagnie du groupe Love sont toutes deux incomplètes. La première s'arrête après la fin du premier couplet et la deuxième dure une trentaine de secondes de plus. Le titre est joué de façon plus relâchée. Difficile de dire qui joue quoi, en particulier Arthur Lee.
Electric Thing a écrit:
"Ezy Ryder" take 1 et 2 : Sympas mais brefs. On ne s'en relèvera pas la nuit !
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sequelenoise
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Sam 16 Avr 2011 - 12:33
1983 (A Merman I Should Turn To Be ) & Moon, Turn the Tides...Gently Gently Away
La suite "1983 (A Merman I Should Turn To Be )" & "Moon, Turn the Tides...Gently Gently Away" constitue un titre un peu à part dans la production hendrixienne. C'est une chanson très poétique (traduction) basée sur une succession de climats dont l'enregistrement bénéficie des possibilités offertes par les techniques d'enregistrement et de production des studios, notamment le passage de 4 à 12 pistes et les effets comme le phasing, l'écho et compagnie. Listées comme deux plages différentes, "1983" et "Moon" forment un tout qu'on ne peut pas réellement séparer. Les éditions en CD de l'album Electric Ladyland ont d'ailleurs adopté des découpages différents. La chronologie des différentes versions est assez simple à établir: des démos enregistrées en appartement, un premier essai en studio et l'enregistrement du basic track entre avril et mai 1968. Il existe tout de même une petite dizaine de "versions" de ce titre que nous allons maintenant découvrir.
février-avril 1968, appartement de Jimi, Greenwich Village, New York
Jimi Hendrix: guitare, chant
1983 ... A Merman I Should Turn To Be (7) Avant que le titre ne connaisse une sortie officielle (voir la version suivante), tout ce que l'on pouvait entendre se résumait à cet extrait incomplet.
1983 ... A Merman I Should Turn To Be (8) La version officielle avec Jimi qui tousse (à 0'33) et qui semble échanger quelques mots avec une autre personne (à 2'39) nous permet d'entendre une composition déjà bien avancée tant pour les paroles que pour la musique. L'enregistrement sur deux pistes (guitare et chant) est mixé de manière à séparer (en partie) les deux sources sonores.
1983 ... A Merman I Should Turn To Be (4) [P731] mono Avant que ne sorte une version officielle de ce titre (voir la version suivante) il n'existait que cette version mono de qualité sonore inférieure, mais au moins complète.
1983 ... A Merman I Should Turn To Be (5) [P731] stéréo Le mixage paru sur le cd accompagnant la biographie de Hendrix en bande dessinée garde la séparation de la voix et de la guitare (électrique) sur le panoramique stéréo. A 2'05, la piste de guitare s'interrompt (comme si la bande avait un défaut), elle reprend ensuite pour deux accords à la suite desquels on entend Jimi tourner une page. A 3:12, il tourne une nouvelle page. A 4'00, coup de vibrato et imitation du vent (il souffle), puis passage instrumental et retour du chant à 5'56
Ayler a écrit:
La démo de "1983... (A Merman I Should Turn to Be)" (version chantée ici) est particulièrement intéressante : elle montre que Jimi avait déjà une idée très précise de ce qui allait constituer l'essentiel de la face 3 de "Electric Ladyland". L'enregistrement nous plonge véritablement dans l'intimité du créateur : on entend Jimi s'arrêter de jouer pour tourner les pages de son carnet afin de lire les paroles du pont de la composition ("It's too bad..."), puis lorsqu'il revient aux couplets ("So my darling..."). L'intermède instrumental joué en solo qui suit préfigure largement le passage aquatique modal. Musicalement, l'interprétation est superbe et se suffit à elle-même.
1983 ... A Merman I Should Turn To Be (6) [P743] Cette version instrumentale (avec beaucoup de souffle sur la bande) est l'occasion pour Hendrix de parfaire la rythmique du titre et les enchaînements des différentes sections de la composition. Elle devait constituer (comme les autres démos) un moyen pour Hendrix qui n'écrivait pas la musique de se remémorer ses morceaux et non seulement de se réécouter. Jimi commence avec un son très clair. Il mont le volume à 2'47 pour marquer un passage à l'ambiance plus lourde, avant de calmer à nouveau les choses (à 3'21).
Jimi Hendrix: guitares, chant Buddy Miles: batterie Stephen Stills, Jimi Hendrix ou Noel Redding: basse
1983 ... A Merman I Should Turn To Be (1)[S685] Enregistrée durant la même session que "My Friend", cette version pourrait bénéficier de la contribution de Stephen Stills à la basse à moins qu'il ne s'agisse de Hendrix lui-même, ce dernier a en tous cas ajouté une piste de guitare. La batterie est assurée par Buddy Miles qui rive un peu le morceau au sol, contrairement à ce que fera bientôt Mitch Mitchell. La prise s'interrompt à 4'13 et l'on se retrouve brutalement à la fin de l'enregistrement comme si une partie avait été découpée.
Ayler a écrit:
lLa prise de "1983 ... (A Merman I Should Turn To Be)" est un premier éclairage intéressant (mais présent sur de nombreux boots) : Jimi place des traits à la wah wah qui seront absents de la version définitive "Demo Outtake (with Robert Wyatt)" : c'est une démo jouée en groupe de "1983" qu'on retrouve sur de nombreux boots. Contrairement à la version officielle, il y a de nombreux licks de Jimi au sein des couplets.
1983 ... A Merman I Should Turn To Be (2) [S044] Que n'a-t-on pas encore écrit sur ce monument ? Je vous renvoie d'une part aux pages 103 à 107 de Jimi Hendrix Le rêve inachevé, dont les commentaires ci-dessous constituent un résumé et d'autre part à l'article de Douglas J. Noble paru dans Univibes en 1995.
Ayler a écrit:
"1983… (A Merman I Should Turn To Be)"/"Moon, Turn The Tides… Gently Gently Away" est, avec "Voodoo Chile", l’autre titre majeur d’Electric Ladyland. Mais là où "Voodoo Chile" montrait Hendrix guitariste improvisateur, "1983" est le sommet de Jimi en tant qu'auteur/créateur/compositeur. Le texte est un des plus forts de toute sa carrière : il préfère renaître en Atlante plutôt que de vivre avec ses contemporains, dont la violence guerrière justifie son choix. La composition de "1983", avec ses accords en chromatismes descendants est une des plus brillantes, avec "Little Wing", de toute sa carrière. Même le solo est écrit cette fois : plage harmonisée en prélude à un boléro… nous menant à une longue plage modale (avec parties de guitares inversées en sus), que certains qualifieront (à tort) de psychédélique. Hendrix n’a jamais été aussi proche de Miles Davis. La batterie de Mitch Mitchell insuffle une liberté incroyable au solo méditatif, en son clair, de Jimi, parcouru de fulgurances hallucinées. Mais ce coup-ci, c'est Chris Wood de Traffic qui vient prêter main forte à Jimi. Jimi nous honore d’un solo de basse pour le moins original, précédant un passage où sa guitare se fait violence avant de replonger (pour le coup !) dans l’ultime passage chanté du titre. Les guitares sursaturées balaient enfin tout sur leur passage, y compris les conventions musicales… et le titre se meurt comme une comète poursuivant son chemin dans l’infini.
Douglas J. Noble a écrit:
Listening to "1983...(A Merman I Should Turn To Be)" the recently deceased and controversial critic Albert Goldman commented "I'll call the piece "Atlantis" because it raised a sunken continent in my mind; yet I know that this rock La Mer must have been composed by Hendrix out of his recollections of his youth spent in a seaport near the Pacific [eh?]."
Continues Goldman: ""Atlantis" is an impressionistic evocation of the sea and all its sounds. Its dominant theme is one of those plangent psychedelic melodies that sing of sensuous surrender, of upturned eyes and outspread limbs and head humming with cosmic vibrations. Around this unforgettable melody (played mellifluously on a backless [eh?!] guitar), Hendrix has composed a remarkable assemblage of oceanic motifs: lonely ship buoys (whose notes bend blue) are blended with exquisite wind chimes; throbbing ship motors become basso ostinatos for clusters of sonar pings. The sea collage is enriched with musical pastiche: a bolero rhythm shading into a military polonaise, a Krupa drum break dissolving into a flamenco bass solo. Towards the end, Hendrix sings in the entrancing voice of a siren, 'Down and down and down and down and down and down we go'; as he disappears into the vortex, the theme comes wailing up from the sea bottom. The final impression is of an empty sky pierced by gull cries and the whine of a distant jet."
Eddie Kramer recalled how Jimi created these "gull cries": "One interesting thing about it, the seagull effects are not really seagulls, it's Jimi with his earphones feeding back into the microphone. He just cupped them over the mike and got this squeal and said, 'boy, that sounds nice,' I put some delay on it and wha-la! Seagulls!" The "seagull" noises can be heard particularly clearly in "Moon, Turn The Tides...Gently, Gently Away" from 7:40 to 7:50.
"1983..." and "Moon, Turn The Tides..." are full of musical symbolism. In the Performance Notes for "1983..." in the Electric Ladyland transcription book Dave Whitehill notes that "the 'spaceship sound' at the conclusion is the resultant pink noise from regenerated tape echos." In Jimi Hendrix: Electric Gypsy , commenting on "Moon, Turn The Tides..." the authors note: "At one point the tapes are slowed down and then speeded up to represent a shoal of fish swimming up to investigate these strange beings [Jimi and Catherina, presumably] that have joined their world. Their curiosity satisfied, they swim away."
The evocative descending fills in "1983..." - created by "slide guitar and volume control" according to the Electric Ladyland transcription book - could be symbolic of something specific in the lyrics or general "story". These fills can be heard in the second verse - the first two are at 1:13, 1:17, then there are two descending slides on 1:21 and one each at 1:24, 1:35 and 1:36, then a longer descending slide during the second chorus at from 1:47 to 1:52.
Michael Fairchild makes a more general comment in the sleeve notes for Electric Ladyland : "The whooping crescendos of Jimi's sigh-in-the-sky flora and fauna fantasy expand the 'sound painting' concept heard earlier on "Third Stone From The Sun" and "If 6 Was 9". But "1983..." has more in common with 19th Century 'programmatic' music, where orchestral effects mimic the sounds of nature."
Guitar wasn't the only instrument Jimi used in "1983...". Paul Caruso: "In "I983..." he uses what he called the 'Martian dinner-bell' effects," speaking about a Carroll African flextone and further explaining, "it's a bent strip of metal and a ball, and it strikes itself." Auctioned at Bonhams of Chelsea on 18 August 1994, this flextone was priced at 250 - 350 but was either unsold or withdrawn. Presumably this is the effect that can be heard at several points of the tune such as at 0:02 to 0:03 and 0:13 to 0:14 - where the instrument also has been treated with delay [and assuming the flextone produces only one pitch, the variations in its pitch must have been produced by varying the tape speed].
1983 ... A Merman I Should Turn To Be (3) [S247] Cette version est un mixage alternatif antérieur de la version parue sur Electric Ladyland. Elle n'inclut que la première partie du titre (fondu en fermeture après "out of style") et les instruments sont mixés avec beaucoup d'effets, notamment de l'écho. L'écoute de cette version permet de nous rendre compte que Hendrix et Kramer ont été somme toute assez parcimonieux avec les effets sur la version finale et que les 14 heures de mixage ont été utilisées à bon escient.
Ayler a écrit:
"1983...(A Merman I Should Turn To Be)" : Le mixage est minimaliste (tous les instruments ne sont pas présents). Il est centré sur la voix de Jimi, superbe. La partie chantée est ici différente de celle de la version publiée du vivant de Jimi. Contrairement à cette dernière, le mixage prend une tournure presque excessive par l'intensité des effets de studio, mais dont le rendu est impressionnant.
1983... (A Merman I Should Turn To Be) (merge) Cette plage présente une écoute en parallèle de deux mixages très similaires tous deux catalogués comme version (3): la plage qui figure sur Lifelines et celle qui existe en pirate. Il semblerait qu'une de ces deux versions dure plus longtemps (en tous cas si je compare celle-ci avec la plage précédente sur la bande son du titre de la semaine). Comme le dit Ayler dans sa chronique, cette "version" est "trop proche des sources connues pour présenter un véritable intérêt".
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sequelenoise
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Sam 21 Mai 2011 - 11:21
Valleys Of Neptune
McDermott affirme que des premiers éléments de "Valleys Of Neptune" sont présents dans les enregistrements d'octobre 1968 aux studios TTG. Les premières démos, publiées sur Hear My Music, datent de février 1969. Les paroles manuscrites (Voir ici la vf) sont datées du 7 juin 1969 au Beverly Rodeo Hotel (ou du moins écrites sur du papier à l'en-tête de cet hôtel dans lequel Hendrix séjourna le 7 juin). La formation Gypsy Sun & Rainbows en enregistre aussi au moins une version et ou peut entendre Jimi annoncer à Woodstock qu'il va jouer "Valleys Of Neptune" avant qu'il se ravise et ne joue "Hey Joe" (dommage). L'automne 1969 semble la période durant laquelle le titre s'est développé, alors que juin 1970 est plutôt celle durant laquelle le trio Hendrix, Cox Mitchell a cherché à enregistrer un basic track de cette composition.
22 février 1969 - Studios Olympic - Londres
Jimi Hendrix: guitare, piano
Valleys Of Neptune (27) [S1601] La première apparition de la composition prend la forme d'une démo à la guitare qui développe le riff utilisé plus tard comme introduction du morceau, avant de partir sur d'autres idées.
Ayler a écrit:
"Valleys Of Neptune" est pour le coup tout à fait embryonnaire. Le jeu de Jimi est super percussif. De nombreux passages flirtent avec l'ambiance du passage instrumental de Woodstock. Avec "Moon, Turn The Tides ... Gently Gently Away" aussi. C'est très varié. Le phrasé est remarquable.
Valleys Of Neptune (28) [S1603] Jimi s'installe au piano et rejoue le même riff que celui développé au début de la version précédente.
Ayler a écrit:
"Valleys Of Neptune"... au piano ! Simple, carré, puis se cherchant. Quelques beaux accords. Très embryonnaire mais intéressant : imaginer Hendrix accompagné d'un piano... que de perspectives !
Jimi Hendrix: guitare Billy Cox: basse Mitch Mitchell: batterie Larry Lee: guitare Juma Sultan & Jerry Velez: percussions
Valleys Of Neptune (22) [S770] L'enregistrement de "Valleys Of Neptune" occupe une bonne partie de la session du 6 septembre, mais le résultat n'est pas, selon McDermott, à la hauteur des attentes suscitées par cette composition. L'unique version (instrumentale) dont nous disposons est amputée de son début. Ce que nous entendons commence par une partie qui ne manque pas de punch. Le jeu des deux guitares donne lieu à quelques passages lead savoureux. Dommage qu'il y ait des problèmes de rythme! La prise finit en queue de poisson et ce sera une constante, car même en juin 1970 Hendrix n'a pas encore composé la fin.
Ayler a écrit:
C'est avec une version instrumentale de "Valleys of Neptune" [S770] datant des séances au Hit Factory d'une partie du Gyspsy Sun & Rainbows en 1969 que se termine le recueil. Le travail de mise en place rythmique n'est toutefois pas arrivé à son terme : les interventions de Larry Lee, surtout en fin de morceau, ne sont pas toujours pertinentes, voire limite hors tempo.
23 septembre 1969 - Record Plant (ou Hit Factory) - New York
Jimi Hendrix: guitare, chant Mitch Mitchell: batterie Juma Sultan: congas, percussions [overdub ?] Inconnu: basse [overdub sur (20)]
Valleys Of Neptune (20) [S257] La session du 23 septembre a donné lieu à une dizaine de prises de "Valleys Of Neptune". Larry Lee et Jerry Velez ont quitté New York et il ne semble pas que Billy Cox joue ici. Publiée en 1990, durant la période Douglas, cette version est incomplète: (a) il manque la première minute recouverte par de la narration sur Live & Unreleased, Lifelines et la version française The Jimi Hendrix Story; (b) il manque aussi tout le passage central. Le son est médiocre pour un titre "officiel" et on ignore quand l'overdub de basse (mixée en retrait) a été ajouté. Selon Doug Bell, les percussions auraient aussi été ajoutées par la suite ( ).
Ayler a écrit:
La date avancée pour "Valley Of Neptune" est fantaisiste (janvier 1970) : on reconnaît le jeu de Mitch Mitchell, sans doute avec Juma... mais malheureusement sans Billy Cox. (...) Il n'existe a priori aucune version avec basse/guitare/batterie chantée : on peut se demander pourquoi Billy Cox n'a pas enregistré par la suite sur cette version les lignes de basse qu'il avait travaillé avec Jimi. De tels procédés ont été utilisés par Mitch Mitchell sur "The Cry Of Love". A noter que la version publiée ici est sévèrement éditée.
Valleys Of Neptune (17) [S897] La version complète, mais sans l'overdub de basse, nous permet d'entendre le passage central qui comporte un couplet instrumental avec quelques traits de guitare lead et un couplet chanté supplémentaire. C'est aussi la version avec la plus longue introduction.
Valleys Of Neptune (19) [S897] Ce mixage alternatif de la version complète est presque mono. le son est moins bon que sur la (17).
Valleys Of Neptune (18) [S897] Encore un mixage alternatif avec cette fois la voix mixée en avant.
Automne 1969 - Maison de Shokan - Ulster County, New York
Jimi Hendrix: guitare, chant
Valleys Of Neptune (25) Cette version pour laquelle il n'existe pas de date, mais que des suppositions fait partie d'un medley avec "Astro Man". Contrairement au reste du matériel enregistré à cette occasion, Hendrix est ici seul à la guitare. L'extrait présenté sur la bande son du titre de la semaine est tiré de l'ATM072-073 Healing Power dont la vitesse a été corrigée par rapport à ce qui existe sur la plupart des bootlegs. La partie consacrée à "Valleys Of Neptune" dure un peu plus d'une minute. Il s'agit d'une version rapide avec le premier couplet chanté. Ensuite il y a un ralentissement du tempo et commence une improvisation sur un autre thème.
Valleys Of Neptune (1) [S1237] Cette version instrumentale pose de nombreux problèmes de datation, voir la citation d'Ayler ci-dessous. La prise sortie sur Electric Anniversary (1b) contient un edit à 0'18 pour atténuer une coupure dans la bande, tandis que la version "collector" (1a) n'a pas cette tentative de réparation (on entend la coupure à 0'26, et non à 0'18, car la prise contient un plus long début: quelques coups de congas).
Ayler a écrit:
Les deux autres parties de la 10ème plage de Electric Anniversary Jimi, identifiées comme "Doriella Du Fontaine Jam" (JS 19) et "Valleys Of Neptune" (1) par Bell sont supposées provenir de la même session. Le personnel est différent du 16 janvier 1970 car on distingue nettement un percussionniste. Personne ne semble d'accord sur les dates [Univibes, McDermott, Jimpress] (s, Record Plant) 11/69 G (1) [S1237] (s, Record Plant) 5/21?/69 P (s, Record Plant) mid 5/69 J J'exclus le mois de mai (les deux dernières) car Hendrix n'avait pas encore l'Uni-Vibe à ce moment. Musicalement, ça colle bien plus avec la période un peu floue entre le GS&R et le BOG. Ce que fait Jimi est dans un esprit très proche des jams de Morning Symphony Ideas. McDermott n'est pas toujours précis sur cette période (octobre-novembre 1969), et aucune de ses description de "Valleys Of Neptune" (qu'il associe sans raison à "Cherokee Mist") ne permet d'identifier une date. A l'écoute, le batteur semble clairement être Buddy Miles. L'identité du bassiste, comme celle du percu d'ailleurs, est très incertaine : je ne reconnais pas le jeu de Billy Cox, et le fait que le bassiste ne joue pas sur la grille de "Valleys" va en ce sens. A noter : JS 19 et "Valleys Of Neptune" (1) sont peu piratés, relativement rares.
Nous ne disposons par de la tentative infructueuse (selon McDermott) enregistrée en fin de session ce 21 janvier.
15 mai 1970 - Record Plant - New York
Jimi Hendrix: guitare Jimi Hendrix: chant de la prise du 23 septembre 1969 [versions 29, 30] Billy Cox: basse Mitch Mitchell: batterie Juma Sultan: percussions de la prise du 23 septembre 1969 [versions 29, 30]
Valleys Of Neptune (23) [S939] Avant l'ouverture d'Electric Lady, entre les dates de sa tournée américaine, le trio Hendrix, Cox, Mitchell formé pour la enregistre au Record Plant cette version instrumentale qui sera récupérée en 2010 par Eddie Kramer pour en faire un "nouveau" titre de Jimi Hendrix (voir les versions suivantes). Il s'agit d'une interprétation solide, mais pas suffisamment pour être conservée comme basic track, vu que Hendrix tentera de réenregistrer ce titre plusieurs fois durant les semaines suivantes. Étrangement, McDermott ne mentionne pas cet enregistrement, ni celui de la version de "Freedom" attribuée pourtant à la même date sur West Coast Seattle Boy.
Valleys Of Neptune (29) composite La deuxième version officielle (en comptant les bribes parues sur Live & Unreleased et ses produits dérivés) est en fait un mélange de pistes dans la meilleure tradition douglassienne. Kramer et Pro Tools ont synchronisé le chant et les percussions de la piste du 23 septembre avec la prise instrumentale du 15 mai présentée ci-dessus. Un fondu en fermeture permet d'omettre une vingtaine de secondes du backing track. Sur la bande son du titre de la semaine, on trouvera la version cd (29a) et la version 45 tours (29b). La discussion présentée ci-dessus illustre les réticences soulevées chez les fans par cette parution.
nowhereman54 a écrit:
confirme-moi que "Valleys.." est sans overdubs mais qu'elle est un montage de bandes enregistrées par Jimi ( en fev.69, sept.69, et mai 70) et que tout est de Jimi uniquement( je veux dire, Jimi a réellement été accompagné par ce qu'on entend à la basse et aux percussions); Kramer n'ayant qu'arrangé et mixé du mieux qu'il a pu ces bandes pour faire une chanson cohérente se rapprochant le plus possible de ce que Jimi aurait fait lui-même si il l'avait terminée. Ce travail de Kramer, sans qu'il puisse correspondre à 100% à ce que Jimi aurait réalisé, me semble malgré tout utile en l'espèce et donne un résultat correct et acceptable me semble-t-il. Comme on dit, c'est mieux que rien...Mais confirme-moi si tout ce qu'on entend Jimi l'a ENTENDU lui-même!! C'est ça qui me paraît important de savoir pour apprécier au final le mieux possible la chanson.
Ayler a écrit:
Jimi n'a jamais entendu quelque chose approchant cette version 2010 car elle est construite à partir de deux prises n'ayant aucun rapport entre elles : la prise chantée sans bassiste du 23 septembre 1969 et la prise instrumentale basse/guitare/batterie du 15 mai 1970. Cette version ne comporte aucun élément de février 1969 (je ne sais pas où tu as pris cette info). Le 15 mai 1970, le trio Hendrix/Cox/Mitchell n'est pas parti des bandes de 1969 pour "terminer" cette version : il a entièrement repris à zéro l'élaboration du titre. "Valleys Of Neptune" 2010 ne comporte donc aucun overdub, aussi bien datant de 1970 que post mortem. Techniquement, c'est encore autre chose : Kramer a fusionné deux prises sans lien entre elles d'une même composition. Le bidouillage de Kramer n'est pas dépourvu de sens : "Valleys Of Neptune" est un titre sur lequel Jimi a beaucoup travaillé et dont il n'existe aucune version terminée. Ce que je regrette, c'est que : 1. La version du 23 septembre 1969 est supérieure à son montage ; 2. Son montage n'est pas, techniquement, très réussi : le chant est trop en retrait ; 3. Billy Cox étant encore en vie, il aurait été à mon sens infiniment plus pertinent de lui faire interpréter la ligne de basse qu'il avait mise au point avec Jimi sur la version du 23 septembre 1969. Contrairement à Mitchell dans les années 80, il est musicalement capable de retrouver un esprit similaire à ce qu'il pouvait faire alors. Les overdubs posthumes de Mitchell sur Valleys (l'album, pas le titre) ne me plaisent pas parce qu'ils ne collent pas avec la musique de Jimi - alors que ceux effectués sur "Drifting" et "Angel" étaient très réussis. Je n'ai pas le souvenir de fans critiquant ceux effectués par Buzzy Linhart sur "Drifting" non plus. Ce n'est pas tant le principe de tels overdubs que je critique que leur réalisation.
Valleys Of Neptune (30) edit radio du composite Parue sur un "promo CD single" cette version ne diffère que par la suppression de 8 secondes de l'intro. Anecdotique !
Nous ne disposons pas non plus de la jam enregistrée à cette date avec Steve Winwood, Chris Wood, Dave Palmer et un bassiste non-identifié qui contient des éléments de "Valleys Of Neptune". Il existe cependant une jam, référencée comme JS26, entre Hendrix et un claviériste qui circule est contient quelques passages rappelant "Valleys Of Neptune".
24 juin 1970 - Electric Lady - New York
Jimi Hendrix: guitare, chant Billy Cox: basse Mitch Mitchell: batterie
Valleys Of Neptune (24) [S749] Après le medley "Cherokee Mist" > "In From The Storm" il y a un faux départ de "Valleys Of Neptune" (quelques secondes), et sur certains boots une prise instrumentale complète qui ne provient pas forcément de la même session selon l'avis de Doug Bell reproduit ci-dessous.
Doug Bell a écrit:
The Cherokee Mist/In from the Storm medley is 06:29 in length, a little more or less depending on mastering speed. There is then a false start for Valleys, only about 00:03. The complete version of Valleys that's on some versions times to about 04:22 additional. I don't think I've ever heard the false start followed by the complete take, leading me to think it's not really a medley with the first part, but has been added on by some bootleggers. Ben Franklin does give this separate timing (04:16) for Valleys, which makes it pretty clear that the 06:34 is for the first two songs only but it might be a little misleading to some people, making them think the 06:34 is for all 3 songs. Maybe the 3rd edition (don’t hold your breath!!) should add a few words to explain. [DB, July 2003 ]
Valleys Of Neptune (26) [S749] Je me demande bien pourquoi Jimpress a créé une entrée pour le mixage officiel du faux départ suivant le medley "Cherokee Mist" > "In From The Storm". Il ne dure en effet qu'une poignée de secondes.
L'Encyclopedia du site officel indique une version avec Juma Sultan à cette date. Elle ne circule pas.
26 juin 1970 - Electric Lady - New York
L'Encyclopedia du site officel indique des overdubs, sans mentionner quelle version a été modifiée.
Valleys Of Neptune (2-16) [S979], [S1238]
Jimi Hendrix: guitare, chant Billy Cox: basse, chant
Les versions suivantes nous plongent dans une session à laquelle ne participent que Hendrix et Cox. Il s'agit davantage de répétitions / apprentissage que d'une session d'enregistrement à proprement parler. Le mixage stéréo est très basique : Hendrix d’un côté, Cox de l’autre, ce qui s’avère intéressant si l’on souhaite n’écouter que la basse ou au contraire s’en passer. La première version (2) est une prise instrumentale incomplète qui n'atteint même pas la minute. Mieux tout de même que les trois prises suivantes (3-5) qui, elles, ne dépassent pas quelques secondes chacune. Suivent trois prises (7-9) un peu plus abouties qui durent chacune autour d'une minute. La deuxième (8) contient quelques traits de guitare improvisés et même du chant. La session continue avec une prise (10) de plus de deux minutes durant laquelle on entend Billy chantonner. Il y a ensuite un long moment de flottement avec accordages, discussions, essais, écoute de bandes (versions 11-15), avant que l'on puisse entendre la plus longue des versions (16) de "Valleys Of Neptune" (près de 5 minutes) malheureusement interrompue par des difficultés techniques sur la voix ou la basse de Cox (sifflements, interférences). A la suite de cet incident, nous nous retrouvons encore une fois à écouter Jimi et Billy… qui s'écoutent !!! Il est très intéressant pour des archivistes et des ethnologues passionnes du travail en studio d'écouter ces bandes. Pour les autres, ça risque de devenir rapidement fastidieux. Pour trouver le meilleur son et toutes les prises dans le bon ordre et à la bonne vitesse, on se référera à Soulful Sessions.
L'Encyclopedia du site officel indique qu'un mixage basique de "Valleys" a été réalisé à cette date.
Dernière édition par sequelenoise le Dim 1 Jan 2023 - 22:33, édité 2 fois
sequelenoise
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Sam 28 Mai 2011 - 9:10
Straight Ahead
"Straight Ahead" figure parmi les compositions qui, comme "Freedom" ou "In From The Storm", font partie des nouvelles additions au répertoire scénique de l'Experience seconde mouture (Hendrix, Cox, Mitchell). La tournée américaine printemps-été 1970 va permettre au trio de tester sur scène les morceaux qu'il est en train d'enregistrer en studio (voir ici, les références pour les concerts). Comme ces deux titres, il s'agit d'un assemblage de patterns rythmiques joués avec puissance, contrairement à d'autres morceaux eux aussi en gestation à la même époque ("Drifting", "Angel", "Hey Baby").
Dans Ultimate Hendrix, Billy Cox raconte avoir jammé, lors de sa première séance en studio en avril 1969, sur des rythmes que Hendrix incorporera par la suite dans "Straight Ahead".
McDermott a écrit:
Three days after the backstage meeting in Memphis, Cox joined Hendrix at the Record Plant recording studio in New York. "The first session I did was at the Record Plant," says Cox. "Jimi was basically trying to see how well we played together. After we started, I looked up and saw the smile on his face and I was smiling, too. We had just fell right into it, and we jammed for two or three hours. His playing was just as I remembered, but now there was much more freedom. Finally, we went into the patterns for "Hello My Friend" (which would later be developed as "Straight Ahead") and "Earth Blues." Even today, all these years later, I still cannot hear 'Straight Ahead' without it taking me back to that moment."
Il est assez étonnant de se dire que le premier titre du morceau était, selon Cox, "Hello My Friend", les premières paroles de "Straight Ahead", quand on sait que le titre fera ses premières armes sur scène avec des paroles qui ne contiennent pas cette ligne. "Straight Ahead" provient en effet d'une variation autour d'une composition intitulée "Pass It On", qui comprend des paroles totalement différentes et des variations dans la rythmique des couplets.
fonkyfreak a écrit:
D'après www.gottahaverockandroll.com , il l'aurait rédigée entre le 9 et le 19 mars 1970, et l'aurait interprétée pour la première fois au 2ème set de Berkeley, le 30 mai suivant : "Jimi Hendrix hand-wrote these working lyrics for "Pass It On" (the original name of the song that evolved into "Straight Ahead") on Londonderry Hotel, London stationery in red felt tip pen. He has written corrections, crossed out some of the words and added words in some places. He most likely wrote the lyrics during his stay during March 9 - 19, 1970. The song was first performed as the 2nd set opener on May 30th, 1970 at the Berkeley Community Theatre in California and was also played at the June 13, 1970 Baltimore, Maryland concert. After the June 16th – 17th, 1970 Electric Lady Studio sessions, "Pass It On" gradually evolved into what became known as "Straight Ahead," which came out on Hendrix's 1971 "Cry of Love" album."
Le 14 mai 1970, au studio C du Record Plant, donc avant les concerts de Berkeley, Hendrix, Cox et Mitchell enregistrent une série de versions instrumentales de cette composition à la recherche de paroles et d'un titre. Ces ébauches (inédites) sont jouées à un tempo nettement plus lent que ce que l'on entendra par la suite. La fin de la session donnera lieu à l'enregistrement d'une version plus raffinée et plus rapide, elle aussi inédite. De nouveaux arrangements seront mis au point le 16 juin à Electric Lady et on peut penser que les nouvelles paroles du titre, qui sera provisoirement titré "Have You Heard", ne sont pas beaucoup plus anciennes. Ces paroles (voir ici la traduction) qui ne figurent pas parmi les meilleurs textes hendrixiens ont probablement été écrites rapidement. Dans son livre, Régis les qualifie même de "litanie des clichés de l'époque". Purple Jim, sur son site, ajoute qu'elles sont évocatrices de l'état d'esprit de Jimi à l'époque.
Purple Jim a écrit:
This began life as "Pass It On". Standard 1970 Hendrix rock again for our listening pleasure, the lyrics of which were printed on the back cover of the first posthumous studio album "Cry Of Love" - "Hello my friend, so good to see you again. I've been all alone, all by myself. I just couldn't make it", lyrics which say a lot about Jimis mental state at the time.
[basic track, edit sections, guitar overdubs] 17 Juin 1970 - Electric Lady - New York [voc. overdubs, mixing] 19 juillet 1970 - Electric Lady - New York [mixing] 20, 22, 25 août 1970 - Electric Lady - New York
Jimi Hendrix: guitare, chant Billy Cox: basse Mitch Mitchell: batterie
En définitive aucune des versions intermédiaires de “Straight Ahead” ne circule. Toutes les versions dont nous disposons dérivent du même basic track issu de la 18ème prise formelle (après plus de 25 prises de répétitions) à laquelle ont été ajoutées, lors de la même séance, l'introduction et deux portions non identifiées (peut-être un des breaks et la fin). À la même date, Hendrix enregistre également une deuxième piste de guitare.
Straight Ahead (1) [S087] Avec ses nombreux changements de rythme, cette composition n'a pas été facile à enregistrer. Le résultat final, paru sur "The Cry Of Love est issu d'un mixage réalisé du vivant de Jimi, joué lors de l'inauguration d'Electric Lady en compagne d'autres titres jugés "terminés". On peut néanmoins penser que si Hendrix avait eu le temps, il n'aurait pas publié le titre tel quel. On a déjà parlé des paroles, mais on peut aussi trouver que le chant n'est pas parfait (même s'il ne s'agit pas d'une voix guide, comme on peut le lire parfois, mais bien d'un overdub) et que le jeu de Mitch Mitchell est lui aussi perfectible. Le temps passé à mixer ce titre doit en grande partie avoir été pris par la réalisation des effets de panoramique sur la guitare lead (celle avec la wah-wah). À la fin du morceau, on entend des applaudissements et un petit lick de guitare décoratif.
Ayler a écrit:
La face deux [de The Cry Of Love] s'ouvre avec l'introduction de "Straight Ahead", une des meilleures de toute la carrière de Jimi. Enregistré les 17 juin et 19 juillet 1970 à l'Electric Lady Studio, le titre sera mixé le 20 août avec Eddie Kramer. C'est une composition récente de Jimi, dont les enregistrements Live nous permettent de voir l'évolution. Il existe en effet sept versions du trio Hendrix/Cox/Mitchell, retraçant comment “Pass It On” s'est mué en "Straight Ahead". Moins complexe que les titres rock de la première face, c'est un titre carré dont le texte se veut dans l'air du temps. La cohésion du groupe en studio contribue à la réussite du titre, ainsi que la wah wah incroyable qui jalonne le morceau.
Straight Ahead (2) [S991] Cette variation de la version officielle contient trois secondes de plus avant l'intro (2 coups de cymbale et un bruit de bouche), il n'y a pas de chœurs pendant l'intro, les instruments ne sont pas mixés au même endroit dans la stéréo, il y a beaucoup de réverbe et la bande tourne plus vite (la bande à probablement été copiée à un moment ou à un autre avec un appareil ne tournant pas à la bonne vitesse). On notera que l'idée de balancer le solo de guitare entre la gauche et la droite de la stéréo est déjà présente, mais moins développée que sur le mixage officiel. À 3'13 la personne qui mixe le morceau commence à supprimer des pistes: d'abord les guitares et la basse, puis la batterie. Ensuite la basse revient (un bon moyen d'entendre Billy et Mitch accompagnant le chant), avant que la batterie soit à son tour supprimée. A 3'50 la vitesse de défilement de la bande commence à fluctuer puis tout s'arrête, omettant les 40 dernières secondes du titre.
Straight Ahead (9) Il y a tellement peu de versions différentes de ce titre (par rapport à d'autres, chroniqués précédemment) que nous pouvons nous arrêter sur cette version "low vocals". Pour les secrets de fabrication, se référer à la chronique de "Drifting". Comme il s'agit d'une réduction en mono repassée en stéréo en séparant les fréquences, il n'y a plus d'effets de panoramique sur la guitare et comme le matériel mixé au centre est fortement atténué (grâce à l'inversion de phase) le chant, la basse et certaines parties de la batterie sont peu audibles. Il y a aussi un fondu avant la partie qui suit directement la fin (avec les applaudissements).
Straight Ahead (merge) Réalisée par des fans, cette version est basée sur la fusion de la version (9) avec certains éléments des versions (1) et (2) et peut-être quelques parties des versions dont l'existence est signalée ci-dessous, mais qu'aucun de nous n'a encore pu écouter à ce jour. Si quelqu'un possédait ces versions, je serai intéressé à pouvoir les écouter pour pouvoir fournir une présentation exhaustive des différents mixages alternatifs.
Doug Bell signale trois fragments et un mixage alternatif qui ne diffèrent guère de la version officielle end only, alternate mix with no guitar panning (11) durée: 1:04 start only, alternate mix with studio talkback by Jimi (12) durée: 0:24 start only, alternate mix with studio talkback by Jimi (13) durée: 0:06 alternate mix, different and less guitar panning (14) durée: 4:39 Peut-être que ces "versions" ont été inclues dans la version "merge"?
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sequelenoise
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Sam 4 Juin 2011 - 13:00
The New Rising Sun
Voici un titre dont il n'existe pas énormément de versions, toutes dérivant de la même prise, mais qui suscite beaucoup de questions auxquelles nous allons tenter de répondre dans cette chronique. Le titre date-t-il réellement de 1968 ? Comment le titre a-t-il été enregistré et mixé? Quelle est la version la plus complète ? Quelles parties sont éditées ?
23 octobre 1968 - Studios TTG - Los Angeles
Jimi Hendrix: guitares, batterie
"The New Rising Sun" semble être une composition surgie de nulle part. Il n'existe aucune autre référence à ce titre dans la vaste production hendrixienne, ni avant, ni après. Elle partage son titre avec "Hey Gypsy Boy" et "Hey Baby" qui possèdent, elles, un fort lien de parenté (ainsi qu'avec le titre, envisagé à un moment par Jimi pour son quatrième album studio, The First Rays Of The New Rising Sun). A part le fait que ce sont des morceaux joués à des tempos calmes, la ressemblance ne saute pas aux yeux (ni aux oreilles, surtout). "The New Rising Sun" est un instrumental entièrement joué par Hendrix qui profite probablement de se retrouver seul dans un studio équipé d'une console 16 pistes qui permet d'empiler les pistes instrumentales, comme il se plaira à le faire par la suite. Mc Dermott indique que la session du 23 octobre 1968 commence par l'enregistrement de deux prises et que la seconde sera retenue comme basic track qui sera directement agrémenté d'overdubs de guitare (surtout des guitares inversées et passées à travers une cabine leslie). Dans les notes de pochettes de Voodoo Soup, Michael Fairchild mentionne quatre pistes d'overdubs de batterie (surtout des cymbales), ajoutés, selon le livret de "West Coast Seattle Boy" après les pistes de guitare, et copieusement arrosées d'effets divers. Comme c'est Jimi Hendrix qui joue et non, au hasard Lenny Kravitz, même les expérimentations sonnent terriblement bien. Loin de se contenter de jouer sur un seul accord ou d'enfiler les accords au hasard ou encore de se limiter à une progression basique, Jimi varie les climats et les suites d'accords. En bref, les gimmicks de studio ne constituent pas le seul intérêt de ce titre, même si certaines parties de guitare inversée (peut-être démultipliées par Alan Douglas) peuvent parfois apparaître de trop. Il faut effectivement mentionner le rôle de Douglas dans la sortie de ce titre qui avait été brièvement considéré par John Jansen pour la bande son du film Rainbow Bridge (ça ne lui aurait pas fait de mal). Le même Jansen eut l'idée de copier une partie de ce titre, d'en varier la vitesse et de l'intégrer avec deux autres fragments datant de 1970 (un instrumental flamenco et la "Ezy Ryder Jam") pour créer un composite que Douglas découvrira en 1974 et décidera d'inclure, après quelques overdubs de batterie et de percussions, sur Crash Landing sous le titre "Captain Coconut". L'histoire ne s'arrête pas là, puisque Douglas décide en 1994 de sortir une version très éditée du titre enregistré le 23 octobre 1968, afin d'être sûr que les fans qui possèdent déjà tous les albums de Hendrix achèteront Voodoo Soup, la nouvelle création douglassienne. C'est en 2003 que les collectionneurs découvriront la version la plus longue, 8 minutes 30, sur l'album The Capricorn Tape qui, comme Blues Outtakes ou Raw Blues contient des bandes sur lesquelles Douglas et ses ingénieurs du son ont travaillé durant les années 1990.
The New Rising Sun (1)
Ayler a écrit:
Il ne faut pas confondre "The New Rising Sun" avec "Hey Baby (New Rising Sun)" : les deux titres n'ont rien à voir. Le morceau qui ouvre "Voodoo Soup" est un instrumental enregistré aux TTG Studios où Jimi joue sans doute tous les instruments. La version présentée par Douglas est sévèrement éditée (le titre approche en fait les neuf minutes) et relève plus de l'ébauche que du produit abouti. Ce voyage sonore avait toutefois un intérêt de taille : celui de faire passer au tiroir-caisse l'amateur ne voulant pas passer à coté d'un inédit du guitariste...
Cette version qui est restée pendant près de 10 ans la seule que l'on pouvait écouter constitue une sorte de "best of" de la version longue. Elle omet la plupart de l'introduction, ainsi que les passages intermédiaires et ne conserve que 3 des 7 passages basés sur la même suite d'accords. Le mixage met davantage en avant les éléments annexes (guitares inversées, feedbacks, etc.) que la version (3).
The New Rising Sun (2)
Ayler a écrit:
A ne pas confondre avec "Hey Baby (New Rising Sun)" : c'est bien le titre qui ouvre "Voodoo Soup", la version Alan Douglas du 5ème album inachevé d'Hendrix. Cette version est plus longue, avec un mixage différent. Question : quelle est la part d'Hendrix dans un morceau tel que celui-ci ? John Jansen avait trouvé puis exploiter ces bandes qui allait devenir Captain Coconut (en fait un collage de trois parties de guitares n'ayant rien à voir à l'origine). Eddie Kramer lui avait dit de remballer tout ça dans les caisses en 1971 mais Alan Douglas, lorsqu'il trouva les bandes, n'était pas au courant des bricolages de John Jansen. MLK étant le titre d'un des trois passages noté par un ingénieur du son. Le morceau jouant avant tout sur les ambiances (guitare à l'envers...), pas facile de se faire une idée de ce qui relève effectivement d'Hendrix. On se rapproche de "Crash Landing"(sur lequel on retrouve "Captain Coconut") : manque de ligne directrice. Impensable qu'un tel morceau soit sorti en l'état par Hendrix.
La version la plus complète porte probablement la marque d'Alan Douglas, au moins dans le mixage qui est similaire à celui de la version parue sur Voodoo Soup. On peut trouver certains passages un peu moins réussis que d'autres, car il ne s'agit après tout que d'un titre enregistré une fois et jamais retravaillé par la suite. Si l'on veut être un tant soit peu critique, on peut trouver que les parties que j'ai appelées ci-desous "interlude" et "passage répétitif", ainsi qu'une bonne partie de l'introduction et de la conclusion auraient pu bénéficier d'un peu de concision.
The New Rising Sun (3) Mc Dermott indique que Michael Jefferry a demandé à Jack Adams, ingénieur du son au Reord Plant de faire un tri dans les bandes enregistrées aux studios TTG en octobe 1968, afin que Hendrix puisse évaluer le matériel à disposition. Ceci a été fait le 7 janvier 1969 et "The New Rising Sun" faisait partie des titres retenus. Le livret de West Coast Seattle Boy indique que la version présentée ici est celle que Hendrix avait préparée. Ceci est à prendre avec précautions, car il est difficile d'imaginer que Kramer n'ait pas voulu mettre son grain de sel dans le mixage et l'édition d'un titre auquel il n'avait pas pris part. Pour mémoire, c'étaient Angel Balestier et Mark Kaufman qui étaient à la console aux studios TTG. Le passage durant lequel ils interviennent a d'ailleurs été édité (voir ci-dessous). Cependant, les coupes ne sont pas drastiques (voir ci-dessous) et le mixage remet en avant les aspects mélodiques de la composition, même si l'on peut regretter l'usage un peu trop présent de l'écho.
Pour comprendre un peu mieux ce qui est commun et ce qui diffère entre ces versions voici la structure de la version (2) telle que je l'interprète. Entre parenthèses figurent les références des autres versions sur lesquelles figurent ces parties.
0:00 première partie de l'intro, le rythme est donné par le passage à travers la cabine leslie 0:20 seconde partie de l'intro, même chose mais avec du feedback inversé (1) 0:51 progression d'accords A premier passage (1,3) 1:18 progression d'accords A deuxième passage (3) 1:46 progression d'accords A troisième passage (1,3) 2:07 interlude "accords" (1,3) 2:23 interlude "arpèges" (3) 2:59 interlude guitares leslie inversées et voix de l'ingénieur du son 3:30 interlude guitares inversées et cymbales (3) 3:40 progression d'accords B avec cymbales (3) 4:12 progression d'accords A quatrième passage (3) 4:42 progression d'accords A cinquième passage avec batterie (1,3) 5:12 progression d'accords A sixième passage avec batterie (3) 5:42 progression d'accords A septième passage avec batterie (1,3) 6:13 passage répétitif (3) 6:47 conclusion accords résonnants, cymbales et guitares inversées (3) 7:35 conclusion cymbales et guitares inversées (1 en fondu en sortie, 3 sauf la fin) 8:23 notes égarées
Et pour conclure, voici encore deux curiosités: a) Captain Coconut (4): la version mono du titre de Crash Landing qui dure une ou deux secondes de plus. Source: ATM 086-090 : Unsurpassed Masters b) The New Rising Sun (composite): la version de Voodoo Soup avec la fin amplifiée pour annuler le fondu en sortie et peut-être un peu de "Captain Cocnonut" (1). Source: Studio 1970
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sequelenoise
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Sam 11 Juin 2011 - 22:41
Hear My Train A Comin' aka Get(ting) My Heart Back Together Again aka Lonesome Train
Nous voici face à un titre qui a accompagné Jimi durant toute sa carrière: il l'a joué dès 1967 avec les principales formations qui l'ont accompagné et pourtant il n'en a jamais sorti de version studio de son vivant. Les versions en concert de "Hear My Train A Comin'" sont très prisées, car le titre donne toujours lieu à des improvisations originales quelle que soit le groupe qui accompagne Hendrix, notamment en raison de la plasticité que permet la simplicité de son arrangement basé sur une interprétation très personnelle du blues.
Les paroles (voir la traduction) à très forte connotation autobiographique explorent les thèmes de la séparation et la métaphore du train. Hendrix (traduit par Ayler dans la chronique de Berkeley 1970) l'introduit ainsi: "Bon, ok alors, voici une autre histoire que beaucoup d’entre nous avons vécu à un moment ou un autre de notre vie, d’une manière ou d’une autre. L’histoire d’un mec qui traîne en ville et sa gonzesse pense qu’elle ne veut plus de lui et il y a plein de gens de l’autre côté des rails/de l’autre rive [connotation sociale] qui le méprisent et personne ne veut admettre que ce mec a quelque chose en lui, mais tout le monde est contre lui parce qu’il est peut-être un peu différent. Alors il prend la route pour être un Voodoo Chile ["Enfant Vaudou"] (Jimi joue quelques notes) et il revient, devenu un Magic Boy [garçon magique]. (Il rejoue quelques notes). Bon en ce moment, on accorde les instruments pendant une minute, en attendant à la gare, en attendant que son train arrive pour qu’il puisse faire son truc."
Le premier enregistrement de "Hear My Train A Comin'" date du 15 décembre 1967 à l'occasion de l'émission Top Gear de la BBC. Même si instruments et voix ne sont pas enregistrés simultanément, ces prestations sont considérées comme des concerts, donc pas chroniquées ici. La version suivante, filmée en direct n'est pas considérée comme "live" et sera donc chroniquée. C'est après les démos enregistrées dans son appartement durant les premiers mois de 1968 et durant les sessions de l'album Electric Ladyland que "Hear My Train A Comin'" va se faire une place dans le répertoire scénique de l'Experience (deux enregistrements en mai, deux en automne), le titre venant se substituer à l'adaptation de "Catfish Blues". "Hear My Train" ne sera pas enregistré en studio à cette époque, peut-être en raison de sa forte proximité avec "Voodoo Chile". L'année 1969 va s'avérer beaucoup plus prolifique pour "Hear My Train", en raison de la propension de l'Experience à improviser durant ses concerts à cette époque (voir ici la liste des versions live). Le titre figurera aussi parmi les dernières participations de Noel Redding en studio. La dissolution de l'Experience ne signe par pour autant la fin du titre: joué au Dick Cavett Show, puis adopté par Gypsy, Sun & Rainbows, il est également joué lors du premier concert du Band Of Gypsys, et joué très fréquemment durant la tournée américaine de 1970, mais il n'existe aucune version hors concert postérieure aux répétitions de Shokan. En définitive, c'est la version live de Berkeley, parue sur Rainbow Bridge, puis sur :Blues qui est considérée comme la meilleure.
19 décembre 1967 - Studio du photographe Bruce Fleming - Londres
Jimi Hendrix: guitare, chant
Hear My Train A Comin' (4) [S144] Quatre jours après l'enregistrement par l'Experience du titre pour la BBC, les cinéastes John Marshall et Peter Neal filment une version non répétée de cette nouvelle composition interprétée en solo sur une 12 cordes prêtée par l'équipe de tournage (ils ont quand même pensé à la recorder dans le sens inverse).
Ayler a écrit:
L'album s'ouvre en terrain connu pour les amateurs avertis du Voodoo Chile : "Hear My Train A Comin' (acoustic)" était déjà présent sur la bande originale du film "Jimi Hendrix" publiée en 1973. On y voit Jimi interpréter "Get My Heart Back Together" (ou "Hear My Train") en solo le 19 décembre 1967 sur une guitare acoustique 12 cordes accordée en Do. D'un point de vue discographique, intégrer ce titre sur un recueil de blues est parfaitement cohérent. D'autant que la version acoustique de cet incontournable des performances Live de Jimi est une véritable pépite. Musicalement, elle permet de mesurer la distance qui le séparait des autres grands guitaristes de rock qu'on associe souvent à Hendrix (Clapton, Beck, Page, Bloomfield...) : alors que ces derniers essayaient d'être authentiques, Jimi se contentait d'être lui-même. L'influence de John Lee Hooker est certes perceptible lors du solo central où il double les notes de sa guitare de sa voix, mais son interprétation n'a rien de scolaire. Le fait que Jimi soit reconnu comme un grand bluesman tenait beaucoup à cœur à Alan Douglas : avec ce seul titre, le pari était déjà gagné !
février-Avril 1968 - appartement de Jimi, Greenwich Village, New York
Jimi Hendrix: guitare, chant Paul Caruso: harmonica [sur (60) et (64)]
Hear My Train A Comin' (60) Comme dans le cas de la version de "1983..." issue du même enregistrement, tout ce que l'on pouvait entendre de ce titre avant sa sortie officielle (voir la version suivante) se résumait à cet extrait incomplet. Cette version contient un blanc de deux secondes pour compenser le matériel manquant sur l'échantillon fourni par la personne qui vendait la bande sur ebay.
Hear My Train A Comin' (64) Lors des soirées entre amis chez lui, Jimi ne jouait pas à RockBand. Il prenait une guitare (ici une électrique branché sur un petit ampli) et ceux qui pouvaient l'accompagnaient. Ici, c'est Paul Caruso qui s'y colle avec son harmonica. Il y a même un court solo de guitare entre 3:14 et 3:22 et quelques autres traits avant le retour du chant.
Hear My Train A Comin' (6) [P735] Avant que ne sorte une version officielle de ce titre (voir la version suivante) il n'existait que cette version mono de qualité sonore inférieure, et incomplète.
Hear My Train A Comin' (7) [P735] Le mixage paru sur le cd accompagnant la biographie de Hendrix en bande dessinée garde la séparation de la voix et de la guitare (électrique) sur le panoramique stéréo. Malheureusement, cette version est elle aussi incomplète (l'enregistrement s'arrêtant probablement à ce point).
Ayler a écrit:
De "Hear My Train A'Comin'", Jimi n'interprète (malheureusement) que le premier couplet. Le faible volume sonore lui donne l'occasion d'explorer des nuances vocales impensables lors de ses versions Live. On l'entend alors tourner les pages de son carnet, et commencer une première version de "Voodoo Chile", rapidement avortée.
Hear My Train A Comin' (59) [S1548] Cette version live en studio a été mixée par Eddie Kramer en 2000. Elle permet d'entendre le groupe répéter en vue du concert du lendemain. (A écouter la version jouée lors dudit concert, ça n'a pas suffi... Du moins pour le début qui est particulièrement poussif, on entend même Jimi crier sur Mitch. La suite est bien meilleure.) Quant à la version présentée ici, elle est jouée sur un tempo plutôt rapide et les musiciens sont à leur affaire.
Ayler a écrit:
Avant de jouer au Royal Albert Hall, l’Experience avait investi un studio de répétition pour parfaire son répertoire. "Spanish Castle Magic" et "Hear My Train A Comin'" laissaient présager la qualité de la performance à venir : le groupe est parfaitement en place, sans concurrence Live sérieuse depuis la séparation de Cream. Là encore, c’est une agréable surprise, au bout de 30 ans, de découvrir une version studio aussi puissante d’un titre comme "Hear My Train a Comin'" ! Les deux solos de Jimi sont d’une intensité sans égale.
overdubs 1974: Bob Babbit: basse [sur version (5)] Alan Schwartzberg: shaker [sur version (5)] Jeff Mironov: guitare [sur version (5)]
Hear My Train A Comin' (62) Après des sessions infructueuses au studio Olmstead, pas cher, loin des fêtards, mais exigu, l'Experience retrouve le Record Plant, pour des sessions qui servent aussi de préparation à la tournée US qui commence le 11 avril. Le groupe reprend "Hear My Train A Comin'", déjà tenté le 2 avril à Olmstead. La version présentée ici a été enregistrée en une seule prise, sans overdubs. Le titre est alors laissé de côté par Hendrix qui n'y retouchera plus par la suite. Le mixage est donc celui de Kramer en 2010. Musicalement, le titre est joué sur un tempo plus calme, avec des passages où chant et solo de guitare se mêlent. Le feeling dégagé par ce titre surpasse allégrement les versions douglassisées qui suivent.
Ayler a écrit:
Reste "Hear My Train A Comin'", massacré 25 ans plus tôt par Douglas et Bongiovi, qui retrouve ici sa splendeur originelle. Sans être la version définitive de la composition, c'est indéniablement le sommet de ce recueil bancal.
Hear My Train A Comin' (5) [S164] La version Douglas n'est pas mémorable, surtout lorsque l'on a entendu les bandes originales. Elle présente trois tares impardonnables. En premier lieu, le son des musiciens d'époque (Jimi et Mitch) souffre d'une production discutable. Deuxièmement, l'enregistrement a été édité pour le raccourcir et le rendre soi-disant plus commercial. Et pour finir, Douglas a fait remplacer la partie de basse originale et ajouté les contributions d'autres musiciens (guitare et percussions).
Ayler a écrit:
Pendant longtemps, l'unique version studio de "Hear My Train A Coming" fut celle ici présente... (...) C'est loin d'être inoubliable, mais ce n'est pas catastrophique non plus : le titre n'est pas totalement dénaturé (même si le son de la basse est loin d'être convaincant).
Une comparaison côte à côte des versions (62) et (5) nous permet de voir ce que Douglas a fait de l'original.
Tout d'abord, il a ajouté 9 secondes d'intro (probablement à partir d'une autre prise).
Ensuite, il a purement supprimé un passage de 36 secondes comprenant le couplet qui commence par "Tears Burning in my eyes" et celui qui commence par "It's too bad".
Il a conservé le refrain (15 secondes) et supprimé le solo de guitare et le deuxième refrain (46 secondes) pour récupérer la conclusion du refrain et un passage de guitare/voix à l'unisson (30 secondes).
Après cela, nouvelle coupure de 10 secondes avant le couplet suivant. Et là, durant 2'20 il n'y a plus de coupure, juste une légère accélération de la vitesse de défilement, le deuxième solo de guitare est donc conservé.
Il n'y a que la fin du refrain qui suit qui est rabotée de 7 secondes.
On arrive ensuite sur ce qui pourrait être la fin du titre, mais l'Experience réembraye pour un passage très calme (sur la version de Douglas, la basse de Babbit est particulièrement ridicule à ce moment).
Juste avant la vraie fin, Oncle Alan a jugé bon d'enlever 4 secondes de plus...
Une autre fois, on pourrait essayer de repérer les traits de guitare joués par Mironov et les moments où l'on entend particulièrement les percussion de Schwartzberg.
9 avril 1969 - Studios Record Plant - New York L'encyclopedia du site officiel signale que de nouvelles tentatives d'enregistrer “Hear My Train A Comin’” ont eu lieu en ce jour.
21 mai 1969 - Studios Record Plant - New York & 2 avril 1969 - Olmstead Studios - New York
Hear My Train A Comin' (52) [S1366] Depuis le 17 avril 1969, Redding ne participe plus aux enregistrements en studio. Cox le remplace à partir du 21 avril. Lors des premières sessions Mitchell n'est pas non plus présent (il participera cependant aux séances du 14 et du 17 mai). Le reste du temps, comme ici, c'est souvent Buddy Miles qui le remplace. Cette session est décrite par McDermott comme une nuit de jam sauvage avec peu de résultats probants ("Bleeding Heart" sortira tout de même sur :Blues). La prise de "Hear My Train A Comin'" a été enregistrée en fin de session. Comme la prise originale s'interrompt assez abruptement, Douglas n'a rien trouvé de mieux que d'y ajouter les 3 dernières minutes d'une prise de l'Experience enregistrée quelques semaines plus tôt. A 5:06 on commence à entendre la deuxième partie du composite avec un changement de musiciens et donc d'approches. On passe d'une version plutôt uptempo et à un arrangement beaucoup plus tranquille avec juste une poussée de fièvre durant le solo qui suit le dernier couplet.
Ayler a écrit:
Cette version hybride (Première partie : Band of Gypsys augmenté d'un percussionniste ; seconde : l'Experience) est un coup de Douglas (qui n'est plus à un près !) lors de sa préparation de l'album Blues, qui a peut-être hésité entre cette version, et celle de Berkeley ? Il a d'ailleurs mis de l'écho un peu partout sur la guitare de Jimi : c'est un choix discutable (que l'on retrouve ailleurs sur Villanova Junction). La première partie de la version hybride a toutes les chances d'être issue des sessions du 21 mai 1969 : TAPE LOG: Hear My Train A Comin' // Villanova Junction // Earth Blues // Untitled Blues // Jam With Buddy Miles On Guitar // Earth Blues // Bleeding Heart Jimi returned to the Record Plant to record with Billy Cox, Buddy Miles, and an unnamed conga player. Over the course of this lengthy session, the group cut a superb rendition of the Elmore James blues standard "Bleeding Heart". This recording was later edited and issued as part of Jimi Hendrix: Blues. Trois indices concordent : - C'est le BOG ; - Présence d'un percussioniste ; - Douglas a bossé sur cette date pour "Blues".
Hear My Train A Comin' (65) Interprétée par un Band Of Gypsys avant l'heure, cette version n'est pas une nouveauté pour les collectionneurs qui connaissaient déjà les cinq premières minutes de ce titre, qu'Alan Douglas avait complétées avec la fin d'une prise de l'Experience. La version présentée ici fait l'impasse sur les quatre premières secondes d'introduction, mais nous fait découvrir une trentaine de secondes supplémentaires, dont la majorité proviennent, selon les notes de pochette, de la prise précédente. Ce montage aurait été réalisé du vivant de Hendrix... Même si les publications officielles de ce titre sont déjà légion, cette version est bienvenue, tant pour le groove déjà affirmé d'un groupe qui joue ensemble en studio pour la première fois, que pour le jeu de Hendrix, notamment durant son solo.
Hear My Train A Comin' (66) Avec cette publication, Experience Hendrix boucle la boucle du fond du tonneau. La version (65) était la première partie du composite qu'est la version (52). Voici maintenant la deuxième partie du composite, dans une version encore plus éditée, qui contient toutefois 4 minutes inédites en début de titre et 3 secondes à la fin.
Ayler a écrit:
Quelle est la cohérence d’un catalogue où chaque album d’une trilogie de pacotille (c’est la trilogie des producteurs – voire de leurs conseillers en communication, pas celle de Jimi) présente la MEME composition. « En même temps », c’est le titre qui sauve tous ces albums, et enchante tous les fans hardcore.
14 août 1969 - Maison de Shokan - Ulster County, New York
Jimi Hendrix: guitare, chant Billy Cox: basse Mitch Mitchell: batterie Larry Lee: guitare Juma Sultan & Jerry Velez: percussions
Hear My Train A Comin' (33) [L658] Une version qui n'est pas mémorable... San parler du son, typique de ces répétitions qui voient Jimi & Co tenter de se préparer pour leur premier concert... au festival de Woodstock.
Ayler a écrit:
"Getting My Heart Back Together" (aka "Hear My Train A Comin'") est précédé de ce qui deviendra l'introduction de "Machine Gun". Les arrangements posent problème : la batterie de Mitch rentre en conflit avec les percussions.
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Sam 24 Sep 2011 - 17:50
Hey Joe (Billy Roberts)
[prise de base] Dimanche 23 octobre 1966 - Studio De Lane Lea (Kingsway) - Londres [overdubs] Fin octobre 1966 - divers studios - Londres
Jimi Hendrix: guitare, chant Noel Redding: basse [sur les versions, 69, 70, 71] Chas Chandler: basse [overdub, sur toutes les autres versions] Mitch Mitchell: batterie Barabara Moore, Gloria Georges, Margaret Stredder: chœurs
Après l'arrivée de Jimi à Londres, les premières jams, la mini-tournée en France, débutent les premières sessions en studio. Chas Chandler a réservé du temps aux studios De Lane Lea, dans lesquels il a déjà enregistré lorsqu'il était bassiste des Animals. Ce dernier ne dispose que de quoi payer l'enregistrement d'un seul titre qui sera bien sûr "Hey Joe", un titre dont Chandler est convaincu du potentiel commercial avant même sa rencontre avec Hendrix qui jouait justement "Hey Joe" au Cafe Wha? en juillet 1966. Cette première session de deux heures aboutit à l'enregistrement d'une prise de base (basic track) après, selon Noel Redding, une trentaine de prises (y compris les prises avortées). Pas mal pour un groupe qui n'existe que depuis deux semaines ! Hendrix enregistre rapidement un overdub de guitare. Pas le temps de finasser.
Chandler et Hendrix vont ensuite balader cette prise de base dans quelques autres studios pour y ajouter des chœurs féminins et la voix principale (qui vient remplacer un premier overdub enregistré le 23 octobre). Durant cette même période qui n'est pas précisément documentée, Chandler décide de réenregistrer lui-même, sans en toucher mot à personne, la partie de basse afin que le titre corresponde davantage à la vision qu'il en avait en tant que producteur. Les différentes versions dont nous disposons nous apportent quelques informations sur l'élaboration du titre: enregistrement d'une prise de base, overdubs vocaux, mixages mono et stéréo.
Comme il s'agit d'une reprise et que son histoire est assez mouvementée, il vaut la peine de revenir sur les origines du titre. Le détenteur des droits est le chanteur folk Billy Roberts, par ailleurs ami de l'écossais Tim Rose. On raconte que Roberts et ce dernier ont composé le morceau lors d'une tournée conjointe en 1956. C'est cependant Roberts qui dépose la chanson en 1961. Durant cette décennie "Hey Joe" va être repris par une grande quantité de groupes, surtout sur la côte ouest des Etats-Unis. The Leaves sont les premiers à en enregistrer une version en 1965, rapidement suivis par Love. Au passage le texte se retrouve modifié et Joe n'arrive plus avec de l'argent à la main, mais avec un revolver. En 1966 The Leaves réenregistrent le titre avec un son de guitare fuzz. Tandis que d'autres groupes gravent leurs propres versions, toujours très proches de l'arrangement de The Leaves, Tim Rose en enregistre une version qui se distingue par un tempo diminué de moitié et la transposition de la tonalité de La vers Mi. C'est cette version dont les paroles ont été légèrement réarrangées qui inspirera Hendrix et Chandler (voir ici la traduction).
Pour beaucoup, la version studio de "Hey Joe" fait un peu tache. Néanmoins, en concert (liste), sans les chœurs, le titre s'intégrera mieux avec le reste du répertoire et sera joué fréquemment. Courant 1968, le groupe ajoutera même une intro à rallonges dans une autre tonalité. Hendrix semble considérer "Hey Joe" comme un moment sympathique durant lequel il aime à citer le riff de "I Feel Fine" des Beatles.
Selon la technologie de l'époque l'enregistrement est réalisé en quatre pistes, ce qui oblige à mélanger différentes pistes pour faire de la place pour des overdubs. Ici, nous avons en plus des pistes de basse, guitare rythmique et batterie, une piste de guitare solo, une piste de voix principale et une piste de chœurs. Dans ces conditions, il faut que la prise de base soit la plus parfaite possible, car il n'est plus possible d'aller modifier l'un ou l'autre des instruments vu que ces derniers sont mélangés. Pour l’anecdote on raconte que Redding (qu'on entend sur les trois premières versions) a enregistré sa partie avec la basse Gibson de Chandler, tandis que Hendrix jouait avec la Telecaster de Redding (selon Redding bien sûr). De toutes façons c'est bien la basse de Chas que l'on entend sur les versions officielles, mais pas jouée par Redding.
Hey Joe (69) prise de base alternative Cette version pourrait être une seconde prise de base, enregistrée le 18 novembre aux studios Regent Sound, dont Mitch Mitchell évoque l'éventualité. ”I have a feeling that a little later we went into Regent Sound and may possibly have attempted it [Hey Joe] again on that session.” [J'ai l'impression qu'un peu plus tard nous sommes allés à Regent Sound et qu'on pourrait avoir réessayé "Hey Joe" durant cette session]. Le moins que l'on puisse dire est qu'il n'est pas très affirmatif. En tous cas nous avons bien ici une prise de base alternative sur laquelle des overdubs de guitare et de chant (le groupe n'enregistrait alors que des instrumentaux) y ont été ajoutés. La version présentée ici est moins réalisée que la version officielle, le chant est moins assuré et la rythmique plus hésitante. Le tempo est également un peu plus rapide. On remarquera encore l'absence de fondu en sortie.
Hey Joe (70) essai 1 Ici nous entendons comment sonnait l'Experience pour sa première session en studio avec juste la guitare, la basse et la batterie, sans artifices, sans ajouts, ni savants mixages. Et effectivement, ça sonne assez brut. Il doit s'agir de la première prise complète, une fois que le positionnement des micros et le volume des amplis ont été réglés. On entend déjà une guitare rythmique affutée par les années passées à jouer les sidemen, et un batteur aux influences très jazz.
Hey Joe (71) essai 2 La prise suivante, elle aussi instrumentale, n'est pas complète, car les musiciens s'arrêtent suite à une erreur de rythme et peut-être aussi quelques soucis d'accordage.
Hey Joe (72) mixage basique Nous avons pour cette version un mixage basique des éléments qui figureront bientôt sur le premier 45T de l'Experience. En mono comme les versions précédentes, celle-ci se caractérise outre l'absence d'effets par une fin abrupte qui laisse entendre une ligne supplémentaire de couplet (comme la version 69).
Hey Joe (4) voix alternatives Parue sur le coffret pourpre, mais disponible en bootleg depuis 1992, cette version a été capturée durant les pérégrinations londoniennes de Chandler et Hendrix, fin octobre 1966. Jimi tente d'enregistrer une nouvelle piste de voix (Studio Pye ), mais en manque complètement le début, dérangé entre autres par un mauvais équilibre des retours dans son casque, notamment des chœurs trop prononcés. Le mixage des chœurs est, disons, particulier. Il ne s'agit peut-être pas de la même prise de chœurs non plus (le livret du coffret pourpre mentionne un trio vocal inconnu). Il paraît en effet que plusieurs tentatives ont eu lieu. Comme les autres mixages alternatifs de la prise de base que nous avons évoqués jusqu'à présent, il n'y a ici pas de fondu en fermeture.
Hey Joe (1) mono, officiel Mixée en 20 minutes, la version mono constitue la première sortie discographique de l'Experience, une entrée en matière plutôt soft (pas de guitares saturées, un solo très bref et des chœurs très pop), tout à fait en ligne avec l'option commerciale choisie par Chandler: percer le marché pour obtenir de quoi financer de nouveaux singles. En dépit de cela, Decca refusera de produire l'acétate qui leur est présenté et c'est finalement Track Records qui sortira le 45T le 16 déc (avec le label Polydor pour gagner du temps). Le single Hey Joe sort le 15 décembre 1966 en Angleterre, entre directement à la 38ème place dans les charts et grimpera même jusqu’à la 4ème place. Il ne sortira pas avant mai de l'année suivante aux États-Unis, où il ne connaît pas tel un retentissement. Maximum Experience et la bande son du titre de la semaine proposent deux versions de ce mixage avec un mastering légèrement différent: Polydor pour le single britannique et Reprise pour la version américaine. L'arrangement ne ressemble pas tellement à ce que le groupe produira par la suite. D'ailleurs Hendrix déclare à la sortie du single: « Ce disque, c’est pas nous, juste une ébauche ». Néanmoins on décèle déjà des éléments très intéressants: un chant très assuré pour un artiste qui doute à ce point de ses capacités vocales, des interventions de batterie qui se font plus nourries et plus intenses au fur et à mesure que le morceau approche de son terme et cette deuxième guitare qui en dehors du solo apporte des contrepoints de plus en plus violents.
Hey Joe (2) stéréo, officiel Le mixage stéréo a été réalisé pour la version stéréo du 1er album de l'Experience destinée au marché américain. Il est certain que ni Chandler ni Hendrix n'ont participé à ce mixage, réalisé à la demande de Reprise Records. La stéréo dilue quelque peu l'effet menaçant du mixage mono, mais permet en revanche d'entendre plus clairement l'overdub de guitare sur le côté droit et les chœurs sur la gauche.
Hey Joe (3) stéréo simulée, double voix Parue sur la compilation Legacy qui comporte une série de mixages alternatifs, cette version ne constitue pas une réussite.
Hey Joe (x) bricolage Cette version joue sur les inversions de phase pour supprimer le matériel central, ce qui met les extrémités du spectre stéréo en valeur.
Ayler a écrit:
"Hey Joe" ouvre le bal avec un mixage mettant en avant les chœurs des Breakaways... et la guitare lead de Jimi, autrement moins anecdotique ! L'attaque de Jimi, qui joue ici sans effet, est fantastique. Pendant les couplets, sa guitare joue rôle percussif en rythmique, ajoutant quelques accents, dont l'un des derniers (après "You better believe it right now!") ressemble à un tir de pistolet !On notera que, sur la version studio, la guitare solo n'est mixée en avant que sur les deux premiers cycles, la montée chromatique du troisième cycle étant le fait de la guitare rythmique.
Impossible de conclure sans parler de la version de Johnny Hallyday sur laquelle Jimi jouerait. Voir ici.
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Dim 9 Oct 2011 - 10:25
Stone Free
En suivant la chronologie des enregistrements, on passe de "Hey Joe" à "Stone Free", deuxième titre gravé par l'Experience et première composition de Hendrix. Chandler raconte qu'il a insisté pour que Jimi ne mette pas une autre reprise, comme "Land Of A Thousand Dances" en face B, mais bien une composition personnelle (afin de toucher des royalties). Et pour être personnelle, celle-ci est même largement autobiographique puisqu'elle narre la vie quotidienne (et sentimentale) du musicien qui vend ses services de ville en ville, sans s'accrocher nulle part (Traduction).
"Stone Free" a été enregistré en studio à deux reprises et à deux ans et demi d'écart. Les mixages alternatifs des deux prises de base résultant de ces enregistrements, ainsi que les interventions toujours très subtiles d'Alan Douglas, nous permettent de disposer de six versions auxquelles il faut ajouter un bricolage signé Eddie Kramer à partir d'une répétition / test réalisée lors de l'une des premières rencontres musicales de Billy Cox et Mitch Mitchell (sa première session avec Hendrix date du 21 avril et il a joué avec Mitch et Sharon Layne le 14 mai).
Sur scène (28 références) "Stone Free" n'a jamais constitué un pilier du répertoire hendrixien, mais le titre apparaît avec plus ou moins de régularité entre 1967 et 1970. Joué au départ dans des versions très proches de l'enregistrement studio, il deviendra à partir de 1969 un véhicule supplémentaire pour l'improvisation avec une mention spéciale pour la version du Royal Albert Hall et celles du Band Of Gypsys.
2 novembre 1966 - Studios Delane Lea - Kingsway, Londres
Stone Free (1) [S002] mono Si "Hey Joe" avait été une affaire rondement menée, que dire de "Stone Free" ? Pour la face B du premier 45T de l'Experience, il faudra une heure d'enregistrement et moins d'une heure de mixage. J'ignore si les ajouts de percussions, de chœurs et de guitare sont compris dans la première heure, mais c'est possible. Pour minimiser le temps (couteux) passé en studio, le groupe a répété dans des pubs dont Chandler connaissait les tenanciers pour y avoir joué à de nombreuses reprises avec les Animals. Le mixage mono présenté ici constitue la version originale. La voix et les percussions sont mises en avant durant les couplets, tandis que c'est la batterie et les chœurs qui ressortent dans les refrains. La guitare, bien que très active, reste relativement discrète dans le mix, jusqu'à l'explosion que constitue le solo. Le titre se termine avec ce qui pourrait constituer une intro à "Third Stone From The Sun".
Ayler a écrit:
La première composition originale enregistrée du Jimi Hendrix Experience est ainsi "Stone Free", un rock au tempo moyen où l'influence du rhythm and blues est encore très présente : il y a du Otis Redding dans la manière de chanter de Jimi (les "Gotta" du refrain). Le budget de Chandler est serré. Noel Redding se trompe lors du second couplet (à 1:28 ; "But they don't realise...") : le basic track n'est pas pour autant réenregistré. La composition est toutefois interprétée efficacement, même si l'Experience la revisitera dans une version nettement supérieure quelques années plus tard.
Stone Free (2) [S002] stéréo La version stéréo est qualifiée de "fausse stéréo", car il n'y a pas eu de remixage des différentes pistes qui auraient été placées à des positions différentes sur le panoramique gauche / droite. L'effet stéréo que l'on entend est généré à partir du master mono en envoyant davantage de certaines fréquences d'un côté ou de l'autre et en utilisant du delay pour décaler un des deux canaux. Dans ces conditions, il n'y a pas de différences notable concernant le volume et le son des différents instruments.
[prise de base] 7 avril 1969 - Record Plant - New York [overdubs voix et guitare] 9 & 14 avril 1969 - Record Plant - New York [overdubs post-mortem] 1974
Jimi Hendrix: guitares, chant Noel Redding: basse, chœurs Mitch Mitchell: batterie Roger Chapman: chœurs Andy Fairweather Low: chœurs Bob Babbitt : basse [1974], sur (4, 5, 29) Allan Schwartzberg : batterie [1974], sur (4, 5, 29) Jeff Mironov : guitare [1974], sur (4, 5, 29) Jimmy Maeulin: percussions [1974], sur (4, 5, 29)
Printemps 1969, l'Experience, minée par les tensions, principalement entre Hendrix et Redding, se fait rare en studio. Avril marque une nouvelle tentative d'enregistrer de quoi produire un quatrième album, mais l'inspiration et la motivation ne semblent pas être au rendez-vous, en tout cas pas avec suffisamment d'intensité pour remplir un disque. Les quatre premiers jours du mois sont consacrés à des sessions au studio Olmstead, moins cher que le Record Plant, moins occupé, mais aussi nettement moins pratique, d'où un retour au Record Plant dès le 5 avril. Le 7 avril le groupe réessaie d'enregistrer une bonne version de "Hear My Train", mais sans succès. C'est à ce moment-là que la décision est prise de revisiter "Stone Free", dont l'enregistrement avait été, on s'en rappelle, plutôt expéditif et la distribution plutôt confidentielle (pas sorti aux USA). C'est la onzième prise qui fournit le basic track, sur lequel seront ajoutés durant la semaine suivante divers overdubs de guitare (Jimi profite des 24 pistes du studio pour accumuler les prises), de chant et des chœurs auxquels participent Chapman et Fairweather Low qui se trouvaient là par hasard.
Stone Free (4) version officielle altérée [S160] Lorsqu'Alan Douglas découvre les bandes de cette session qui avaient fini sur une étagère quelconque, car la maison de disques avait préféré sortir la version de 1966 sur Smash Hits, il se dit que le titre a du potentiel. Il va pourtant parvenir à le dénaturer en changeant toute l'orchestration: des tonnes d'écho et de réverbe, une batterie en carton, une basse disco et même des overdubs de guitare par Mironov alors que Jimi en avait déjà enregistré une quantité non négligeable. Douglas conserve tout de même les chœurs, ce qui fait que longtemps on a pensé que ces derniers dataient 1974, d'autant plus qu'aucun enregistrement de la piste non-douglasisée ne circulait.
Ayler a écrit:
Rétrospectivement, le titre suivant ("Stone Free Again") est une honte : la seconde version de "Stone Free" enregistrée par l'Experience était magnifique, et rien ne justifiait de la modifier. D'un brûlot rock, Douglas a fait une mollasserie funky...
Stone Free (29) alt. mix altéré, mono Très proche de la version de Crash Landing, cette version mono a moins d'effets et le solo n'est pas le même. De plus il n'y a pas de chœurs dans les refrains, ce qui permet de mieux entendre la rythmique (dont une guitare jouée par Mironov?). C'est aussi la version qui dure le plus longtemps avec une fin bruitiste de guitare en feedback (pas incluse par Kramer dans la version du coffret pourpre) accompagnée par des descentes de toms enthousiastes du batteur de studio Shwartzberg.
Stone Free (5) alt. mix altéré, stéréo [S725] Sur cette version qu'on a longtemps considérée comme la version de l'Experience on entend pourtant distinctement la batterie de Schwatzberg et la basse de Babbit ainsi qu'une piste supplémentaire (par rapport à Crash Landing) de guitare (jouée par Hendrix). Même fin bruitiste, mais avec des percus en plus.
Ayler a écrit:
"Stone Free" est la version studio enregistrée en avril 1969 mais qui comporte un solo central différent de la version parue officiellement sur The Jimi Hendrix Experience Box Set (2000), ce qui montre que jimi a sans doute passé du temps sur cette nouvelle version studio.
Stone Free (31) version officielle non altérée [S725] Il aura donc fallu attendre plus de 30 ans pour entendre l'Experience dans ce remake de leur première face B. Reconnaissons qu'ils s'en tirent plutôt bien. Comme le mixage date de 1999, on ne peut pas totalement écarter quelques petites corrections en post-production (comme la suppression d'éventuelles fausses notes). Dans tous les cas, Alan Douglas n'a pas réussi son coup avec ce titre. La version présentée ici vaut mille fois mieux que celle de Crash Landing. Quant à la comparaison avec la version de 1966, on peut dire que celle-ci est plus (sur)produite et perd donc un peu de l'efficacité du premier "Stone Free". Les parties de guitare et les arrangements de 1969 sont toutefois plus aboutis.
Ayler a écrit:
Dans la perspective de l’inclure dans la compilation "Smash Hits", Hendrix avait enregistré une splendide version de "Stone Free" (pourtant restée dans les placards...). Cette version, débarrassée des outrages que Douglas lui avait fait subir sur "Crash Landing" dépasse sans problème la face B de "Hey Joe", bien faible en comparaison. Les parties de guitare sont autrement plus inspirées que le solo de 1966, montrant les progrès fantastiques opérés par Jimi en moins de trois ans.
Jimi Hendrix: guitares, chant Billy Cox: basse Mitch Mitchell: batterie
Stone Free (36) hybride Il est presque dommage de terminer cette chronique avec cette version qui aurait été totalement à sa place sur un bootleg (sans l'importation de chœurs et de guitare solo), mais dont la publication officielle répond avant tout à une logique commerciale, c'est-à-dire remplir l'album Valleys Of Neptune avec des pseudos-inédits. La présence de Billy Cox sur ce titre permet de varier un peu l'arrangement, notamment durant l'intro, et la rythmique est solide, prouvant que l'association Mitchell / Cox a du potentiel. On ressent cependant un certain malaise avec ces pistes importées qui ne s'intègrent pas tout à fait au reste. McDermott raconte que la plupart des prises enregistrées durant cette session ne comportaient que la basse et la batterie. On peut donc redouter que la version présentée ici soit un énorme bricolage. A savoir que Kramer a non seulement importé des pistes enregistrées en avril (les chœurs et le solo central sont tout à fait identifiables, une partie du chant aussi), mais que certaines guitares proviennent elles-aussi d'autres pistes et que la prestation de la section rythmique ait été reconstruite à partir de différentes prises sur lesquelles Kramer aurait recollé voix et guitares.
Ayler a écrit:
"La façon dont le solo est coupé à 2:45 est pour le moins abrupte. C'est un travail d'amateur que Kramer nous a fait là. De toute façon, quel intérêt de reprendre un solo qu'on a déjà sur une autre version (le coffret pourpre en l'espèce) ?"
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sequelenoise
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Dim 23 Oct 2011 - 16:41
Foxy Lady
En poursuivant la chronologie des enregistrements disponibles, on arrive à "Foxy Lady", un titre beaucoup joué en concert et sans grandes variations. C'est souvent le moment des acrobaties et autres démonstrations pour lesquelles Hendrix est réputé. En dépit de ces considérations qui nous laisseraient penser que "Foxy Lady" est davantage un morceau à voir qu'à écouter, on doit se rendre compte que la composition et ses arrangements en valent le détour.
upfromtheskies a écrit:
Foxy lady: C'est l'essence du son Hendrix: le larsen du début, fabuleux à l'époque, l'accord de 9ème , marque de fabrique de l'harmonie de Jimi, la voix presque parlée qui surgit pendant les breaks, la sensualité qui imprègne le morceau (...les choeurs qui répètent de manière lancinante "foxy lady" à la fin) la multiplicité des fonctions de la guitare
Ayler a écrit:
L’introduction de "Foxy Lady" met les points sur les "i" et les barres sur les "t" : personne n’avait jamais joué avec un son aussi puissant auparavant. Simple, sexuel, hendrixien en diable avec ce que de nombreux guitaristes appellent l’accord Hendrix [F#7(#9)], "Foxy Lady" est le titre d’un prédateur. Le solo reste simple, mais le fantastique phrasé est déjà présent.
Difficile d'ajouter quelque chose de pertinent après tout ça. On mentionnera seulement qu'on peut considérer "Foxy Lady" comme une réécriture intelligente du "Wild Thing" des Troggs. Même si la structure harmonique n'a rien à voir, les deux titres partagent une thématique, une ambiance, des arrêts avec des voix parlées, etc. Ajoutons tout de suite que ces mêmes éléments sont communs à un grand nombre de morceaux rock.
[prise de base] 13 décembre 1966 - Studios CBS - Londres [overdubs] 3 & 8 février 1967 - Olympic Studios - Londres
Pour "Foxy Lady", il n'y a pas beaucoup de versions studio différentes à se mettre sous la dent (ou sous le casque). Nous ne disposons que de mixages alternatifs issus de la même prise de base enregistrée aux studios CBS et (largement) retravaillée à Olympic.
Après les sessions qui ont permis l'enregistrement du premier 45 tours de l'Experience, Chandler amène le groupe dans un studio plus grand, propriété du label CBS, mais utilisable, moyennant finances, par d'autres artistes. Ils s'y rendent juste après l'enregistrement de leur première émission TV, Ready Steady Go. Ils arrivent à 16h et procèdent à l'enregistrement de quatre titres, dont "Foxy Lady", en recourant chaque fois à la même méthode: multiplier les prises instrumentales (pas plus que 6-7 tout de même) et ne pas se contenter de parties réussies qu'il s'agirait ensuite d'assembler, ce que faisaient déjà passablement d'autres artistes à cette époque.
Les enregistrements à CBS ne se poursuivent pas au-delà de 2-3 sessions, car les responsables du studio aimeraient être payés tout de suite, alors que Chandler compte payer après la sortie de l'album. Une fois le groupe installé à Olympic en début d'année 1967, il est alors temps de reprendre les bandes enregistrées précédemment, ce qui nécessitera de trouver de quoi payer CBS, car les bandes sont restées au studio.
Une fois ces détails réglés, Eddie Kramer, un des ingénieurs du son d'Olympic, va tenter de récupérer des pistes libres sur les 4 disponibles afin de pouvoir enregistrer des overdubs: la basse est refaite et Mitch enregistre une piste supplémentaire de grosse caisse. Les pistes sont alors envoyées sur un deuxième enregistreur 4 pistes, ce qui permet, en plus du remplacement d'une des pistes de guitare (qui ne nécessite pas de piste supplémentaire), d'ajouter une piste de chant, ainsi qu'une piste de choeurs de Jimi et Noel.
Foxy Lady (1) (mono) [S007] Voici la première version de "Foxy Lady", un titre qui sera placé en tête de la version européenne du premier album de l'Expérience. Le mixage est en mono, comme pour les autres titres de l'album et les autres 45 tours. On peut distinguer le pressage de Track Records et celui de Reprise, le premier a beaucoup plus de basses, tandis que l'égalisation du second pousse davantage en avant les fréquences de la guitare. Sur la bande son du titre de la semaine, c'est le deuxième pressage qu'on peut entendre.
Ce qui frappe, sur ce titre, en comparaison avec "Hey Joe" et "Stone Free", dont on a parlé les semaines précédentes, c'est le son de la guitare, très saturé (pour l'époque) et le mixage très en avant des choeurs. Il faut aussi mentionner l'introduction dont le son ne provient pas du frottement du plectre sur les cordes, comme on peut parfois le lire, mais de la vibration des cordes situés entre celle que Hendrix fait glisser latéralement sur le manche de sa guitare qui provoque le feed-back de l'ampli (et bien sûr de la résonance de la corde qui subit ce traitement). Dernier détail, la fin sur un accord de si serait une suggestion de Noel Redding, dont le rôle lors de ces sessions était, selon l'ingénieur du son de CBS, limité à jouer ce qu'on lui demandait.
Foxy Lady (2) (stéréo) [S007] Le mixage stéréo, place le chant d'un côté, les choeurs de l'autre. Il permet de se rendre compte de la qualité du chant et des nuances de l'interprétation. Hendrix, chanteur malgré lui (selon ses dires), parvient très bien à doser l'intensité de son chant.
Foxy Lady (109) (alt mix) [S007] Ce mixage sorti sur le coffret pourpre est présenté comme une version intermédiaire, mais le livret précise aussi que le titre a été mixé par Kramer en 2000 (donc ce n'est pas un mixage d'époque). Pour l'auditeur moyen, c'est la même version que sur Are You Experienced. Pour les fanatiques, on remarquera une fin plus longue (10 secondes de plus à la place du fondu en sortie), la présence sur la gauche de l'overdub de grosse caisse (pas terrible) et moins d'effets sur les chœurs, On peut aussi entendre Chandler demander à Hendrix d'ajouter un overdub de guitare après le solo (ce qui ne sera pas fait si on compare avec la version définitive ou alors l'overdub n'a pas été utilisé).
Foxy Lady (115) (alt mix, guitare faible) Comme pour "Freedom" que nous avons déjà traité il y a quelques mois, il existe une version de "Foxy Lady"dont la guitare est mixée très bas, elle est destinées aux clients du système Guitarport de Line 6, qui permet de se prendre pour Hendrix l'espace d'un instant. Il ne s'agit pas d'un bidouillage électronique, mais bien d'un mixage réalisé en 2002 par Kramer à partir des bandes originales. Un métronome a été ajouté durant les silences pour que les utilisateurs puissent partir en rythme. Ce mixage donne l'occasion d'entendre plus distinctement la section rythmique dont la prestation est de qualité.
Foxy Lady (118) (fake alt mix of (2)) Présente sur les listes de Doug Bell, mais absente de ma collection, cette version ne serait qu'un mixage amateur réalisé à partir de la version figurant sur l'album stéréo.
Foxy Lady (x) (spéciale chœurs) Voici une version intéressante réalisée grâce à des inversions de phase qui permettent d'annuler certains instruments. Un travail lui aussi amateur, mais bien plus intéressant. On se rend compte que les chœurs sont aussi chantés par Jimi (alors qu'on entend surtout Noel sur les autres versions). Plus anecdotique: on entend des toussotements et autres raclements de gorge qui prouvent que le mixage de 1967 a été réalisé assez rapidement, car en peaufinant on aurait pu supprimer ces détails en coupant le son à ces moments.
Ayler a écrit:
Centré sur les seules voix de Jimi et de Noel, le mixage "Foxy Lady" permet de les entendre dans le moindre détail. A ce stade, doit-on parler de sensualité en ce qui concerne le chant de Jimi... ou de sexualité ?
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sequelenoise
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Dim 4 Déc 2011 - 17:56
Can You See Me
Issue probablement de la même session d'enregistrement que "Foxy Lady", la prise de base de "Can You See Me" constitue le quatrième titre dans l'ordre chronologique d'apparition des versions studio qui sont sorties officiellement ou non. La plupart des sources mentionnent l'enregistrement d'une démo de ce titre le 25.11.66 après Stone Free, mais il se peut que la bande soit perdue.
"Can You See Me" n'a pas connu la même postérité que les trois titres précédents ("Hey Joe", "Stone Free", "Foxy Lady"), mais c'est pourtant un remarquable effort pour un groupe si neuf qui semble n'avoir aucune difficulté à jouer ensemble. Caractérisé, selon Sean Egan, auteur d'un livre sur le "making of" d'Are You Experienced, par une "atmosphère sombre et légèrement menaçante", "Can You See Me" se fait aussi remarquer par son tempo rapide, par les nombreux arrêts qui rythment la composition et par l'intrication des parties rythmiques et lead. La plupart du morceau est basée sur une combinaison de riffs tous plus efficaces les uns que les autres, tandis que le (trop bref) solo de guitare fait l'objet d'une grille d'accords spécifique.
La batterie se caractérise par des interventions sauvages lorsque le chant s'arrête, mais plutôt discrète en fin de morceau alors que l'on pouvait s'attendre à une fin cataclysmique. Les paroles (voir ici la traduction) peuvent être interprétée de différentes manières, mais on peut dire que le thème de l'incompréhension dans les relations sentimentales est central.
En concert "Can You See Me" (voir la liste ici) est jouée sur un tempo encore plus rapide, mais avec un arrangement similaire à l'exception du solo qui se voit évidemment rallongé. Il n'existe aucune version postérieure à celle de Monterey, ce qui est assez étonnant, car la composition avait tout pour faire un bon morceau de scène. Peu joué sur scène, le titre est aussi resté assez méconnu parce qu'il ne figurait pas sur la version américaine du 1er LP de l'Experience et ce n'est pas sa présence en face B d'"All Along the Watchtower" en 1968 qui a fait exploser sa notoriété. La maison de disques le sortira tout de même en 1969 sur la compilation Smash Hits.
[prise de base] 13 décembre 1966 - Studios CBS - Londres [overdubs] février-mars 1967 - De Lane Lea & Olympic Studios - Londres [mixage] 24 avril 1967 - Olympic Studios - Londres
Mike Ross, l'ingénieur du son du studio CBS, cité par McDermott, se rappelle que le groupe s'est contenté de quelques prises et est rapidement arrivé à une prise instrumentale de base sur laquelle aucun overdub n'a été réalisé le jour même. Il y a donc eu des parties enregistrées ultérieurement vu que la version finale comprend plusieurs pistes de voix et de guitare. C'est pourquoi j'ai indiqué la période février mars pour ces ajouts, car cela correspond au moment où les autres titres de l'album ont fait l'objet d'overdubs aux studios Olympic.
Le livret du coffret West Coast Seattle Boy n'indique pas de date précise et situe l'enregistrement de la prise de base aux studios De Lane Lea entre novembre et décembre 1967 (sic). Le livre de McDermott, paru pourtant avant WCSB, ne donne pas d'autre dates que le 13 décembre à CBS et rien du tout pour les overdubs et le mixage. La date du mixage provient du livret de WCSB, mais n'est pas référencée dans le livre de McDermott. Quel fouillis! Nous resterons au 13 décembre à CBS, car les enregistrements des 4 prises instrumentales correspondant bien à la description qu'en fait Mike Ross.
Can You See Me (7) (prise instrumentale interrompue)[S1465] 1:38 Après 15 secondes d'attentes la première prise instrumentale démarre. On peut entendre Jimi chanter dans les parties silencieuses, mais son chant n'est pas enregistré. Après deux couplets, le groupe passe sur la grille du solo. Jimi reste à la rythmique. Le groupe conclut la grille, mais ne repart pas après l'arrêt.
Can You See Me (8) (prise instrumentale interrompue) [S1466] 2:26 Version instrumentale presque complète cette fois qui s'interrompt durant le dernier couplet. Quelques petits flottements rythmiques dans le couplet qui suit le solo.
Can You See Me (9) (prise instrumentale interrompue) [S1467] 1:33 Le groupe repart pour une troisième prise qui s'interrompt un peu avant l'endroit où la première s'était arrêtée.
Can You See Me (10) (backing track only) [S1468] 2:28 Nous ne disposons pas de la quatrième prise brute, mais d'une prise sur laquelle figure déjà un overdub de guitare lead. Il est intéressant de noter que le solo a été réduit de quatre mesures par rapport aux versions précédentes.
Can You See Me (1) (official, mono mix) [S010] 2:30 Cette version reste la plus importante des versions studio et celle qu'il faut posséder si on ne doit en garder qu'une. C'est un mixage mono réalisé par Hendrix, Chandler et Kramer et paru sur les versions européennes d'Are You Experienced. Inclues dans la bande son du titre de la semaine trois masterisations sensiblement différentes de ce même mixage qui retient deux pistes de voix mixées ensemble. Les plus curieux pourront ainsi tenter de saisir les différences entre les versions anglaise, française et allemande.
Can You See Me (2) (official, alternate vocal) [S018] 2:30 Réalisé à la demande de la maison de disques américaine par Kramer voire par une autre personne (mais en tous cas pas par Hendrix ni Chandler), ce remixage comporte une autre piste de voix qui est dédoublée grâce à un effet de doublage automatique (technologie développée par Pete Townsend, puis popularisée par les Beatles à partir de l'album Revolver). Grâce à un procédé de "tape delay" (trop complexe à décrire ici), on peut disposer d'une deuxième piste de voix légèrement décalée qui permet de donner davantage de corps au chant. Par rapport au chant des mixages mono, cette version comporte des interventions vocales légèrement différentes.
Sur les versions cd il y a un grésillement prononcé aux alentours des 2 minutes. Ce bruit assez désagréable est causé par un faux contact du bouton de panoramique de la piste qui est employé massivement à ce moment pour faire passer la guitare d'un côté à l'autre de l'image stéréo. Ce défaut ne figure pas sur la version allemande qui est présentée sur la bande son du titre de la semaine. En effet, grâce à un edit assez peu sbtil le défaut est supprimé, mais aussi la majeure partie de l'effet de panning.
Globalement, le mixage stéréo qui est le seul disponible officiellement (sans compter la version du coffret WCSB sur laquelle nous reviendrons) donne une tonalité plus pop au morceau. Ceci n'est pas forcément du goût de tout le monde, en particulier des puristes qui trouvent la version mono plus efficace.
Can You See Me (3) (official, "Legacy" master) 2:31 Nous ne nous attarderons pas sur cette version qui est composée du mixage mono dans un canal, et du même avec de la réverbe dans l'autre.
Can You See Me (12) (official, alternate mono mix) 2:33 Il semblerait bien que Kramer & Co ne possèdent pas ni les bandes originales (multipistes), ni les masters mono de "Can You See Me". Sinon pourquoi sortir sur le coffret WCSB ce mixage mono inférieur au mixage original et provenant d'une bande manifestement en mauvais état ? A part la qualité sonore, la différence principale avec la version (1) réside dans la vitesse de défilement un peu plus lente ici.
Can You See Me (11) (3 vocal tracks) [S1479] 2:28 Nous allons terminer avec cette version stéréo qui comporte deux voix différentes de chaque côté de la stéréo et une autre mixée au centre mais très lointaine. On peut donc conclure que Hendrix a enregistré au moins quatre voix différentes: les deux pistes mixées ensemble sur la version mono et les deux pistes principales de cette version (en ce qui concerne la troisième piste, on ne l'entend pas assez pour conclure qu'il ne s'agit pas d'une des voix utilisées sur le mixage mono). Tout ça sur un enregistreur 4 pistes, ce qui laisserait supposer que certaines pistes ont été effacées (notamment celles présentes sur la version mono).
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Ven 30 Déc 2011 - 23:14
Red House
L'Experience termine sa première session aux studios CBS avec "Red House", un blues que Jimi avait présenté à Chandler quelques heures auparavant dans l'appartement qu'ils partageaient. Il s'agit d'un blues en 12 mesures de structure tout à fait classique dont les paroles (voir ici la traduction) sont plutôt humoristiques (les 99 jours et demie et le fait que la soeur fera tout à fait l'affaire).
Il existe différentes versions en studio, la première figure sur la version européenne du premier album. La seconde sur la compilation Smash Hits, la troisième sur l'album Blues et la dernière sur Valleys Of Neptune. En concert, il existe 83 enregistrements de "Red House" (voir ici la liste), mais pas avant août 1967, ce qui montre que le titre n'était pas réellement pris au sérieux au début ou ne cadrait pas avec l'image sauvage du groupe.
Au fur et à mesure le groupe jouera des versions plus lentes et plus longues avec notamment des parties en tempo double et des parties de guitare "a capella". Durant les concerts, "Red House" constitue souvent un moment durant lequel Hendrix se sert de la structure du blues pour pour se détendre et parfois calmer l'agitation du public. Les interprétations sont souvent magnifiques, notamment parce que les paroles sont simples, la rythmique limitée, ce qui lui permet de se concentrer pleinement sur les parties solo.
Alors que la session d'enregistrement arrive à son terme, Chandler suggère à Hendrix de jouer ce blues qu'il répétait l'après-midi même à l'appartement. C'est en tout cas ce que la version alternative du titre (90) nous laisse entendre. Pour ma part, je pense qu'il a dû y avoir quelques essais et quelques explications (dans "Ultimate Hendrix", Chandler parle d'une brève démonstration par Hendrix) avant la prise qui figure sur l'album. En effet, il aura d'abord fallu dire à Noel dans quelle tonalité le blues était joué et il y a le moment où Noel suggère de se mettre à la guitare pour jouer les accords. En effet, Noel joue de la guitare dans l'ampli basse ou avec tous les réglages de tonalité (guitare et ampli) les plus graves possible. De plus il paraît surprenant, quand on a entendu les prises de la version suivante, que la première prise ait été aussi incroyablement réussie.
Ayler a écrit:
Hendrix n’oublie pas ses racines. "Red House", dans sa version studio, est sobre. Juste deux guitares et une batterie. Mais la virtuosité de Jimi illumine chacune de ses interventions. Le texte est graveleux : "Si ma copine ne veut plus de moi, je vais faire l’affaire de sa sœur !". La maîtrise de Jimi montre une maturité extraordinaire pour un jeune homme qui n’a pas encore 25 ans, et pourtant est déjà l’égal des plus grands.
Michael Fairchild, dans les notes de pochettes de la version originale de l'album Blues a écrit:
RED HOUSE (by Jimi Hendrix). Recorded by the JHE in London at CBS Studios on Dec. 13, 1966. Mike Ross was the engineer. Jimi's first blues composition begins with 7th chord harmony heard at the start of Robert Johnson tunes like "Dead Shrimp Blues" (1936), "Kind Hearted Woman" (1936), and "32-30 Blues" (1936). But his urban solos are rooted more in performances like "California Nights" by Albert King (1962), and "Louise" by Hubert Sumlin (1964), while "Red House" lyrics touch on images in the vein of "The Sky Is Crying" by Elmore James (1959). "Cats I like now are Albert King and Elmore James," claimed Jimi, "but if you try to copy them, want to play something note for note - especially a solo or a certain run that lasts over three seconds - your mind starts wandering. Therefore, you dig them and then do your own thing." This "Red House" originally appeared on the British AYE? album in 1967 and is here released in the west for the first time. Noel recalls, "Red House was Jimi's way of using his musical roots, everything he knew and understood best, in a pop context." Billy Cox adds, "As far as I know, Red House didn't have any significance in reference to a particular person, place or thing. It was just a blues number that Jimi put together. There are recurring blues themes that are constantly sung about - a red rooster, a red light, a red house...you got your low-down dirty blues and your regular 'uptown' blues. Now, regular blues weren't that suggestive; our parents wouldn't unplug their radio to B.B. King's Sweet 16. But if you brought into the house something like "Hoochie Coochie Man" or "Big Leg Woman", or even Jimi Hendrix's "Red House", you know; 'If my baby don't love me/I know her sister will' - that's low down blues, man, where your morality is in jeopardy and you're subject to getting your radio pulled out or your record broken!"
Le fait que cette prise n'ait jamais été rééditée en stéréo et la présence sur l'album Blues (et sur les versions cd européennes de Are You Experienced à partir de 1997) d'un transfert à partir d'un vinyle laissent penser que les bandes multipistes originales et même le master ont été perdus. La version (90), qui ressemble furieusement à la (1) est probablement issue d'un mixage (lui aussi mono) intermédiaire durant la préproduction de l'album Are You Experienced. Elle comporte malheureusement une coupure d'une seconde à 2:17.
Pour les amateurs curieux, on mentionnera encore que le mastering de Red House (1) est assez différent selon les versions (notamment quant au niveau des basses et à la clarté des aigus, mais aussi en ce qui concerne la vitesse de défilement) et que les versions vinyle contiennent un peu plus de "studio chat" à la fin.
[enregistrement selon Mc Dermott] 21 décembre 1966, Studios DeLane Lea (Kingsway), Londres [enregistrement selon Jimpress] 29 mars 1967, Studios DeLane Lea (Kingsway), Londres [overdubs et mixage] début avril 1967 (3 ou 4), Studios Olympic, Londres
De retour à DeLane Lea après les deux journées à CBS , l'Experience qui vient de sortir son premier single le 16 décembre, s'attelle à l'enregistrement d'un nouveau basic track de ce blues. Autant le dire tout de suite, l'effort ne s'avère pas entièrement concluant par rapport au basic track du 13 décembre. Au moins on dispose de la session complète, ce qui nous permet d'entendre quelques pains qui provoquent rapidement l'abandon de la prise. La première prise (référencée (2) pour la version stéréo et (97) pour la version mono) s'avère plutôt hésitante (en particulier la voix) et pas tout à fait en place, notamment la partie de Redding qui commet une erreur à la fin du premier couplet. La prise est interrompue peu après, lorsque Jimi a chanté "Wait a minute when it’s wrong". La deuxième prise (3 & 98) n'est pas non plus tout à fait en place. Elle dure un peu plus longtemps que la précédente, mais s'interrompt peu après suite à une fausse note de Hendrix qui le déconcentre durant les secondes suivantes, ce qui pousse Chandler à interrompre la prise. Lors de la troisième prise, Jimi peut chanter le deuxième couplet en entier, mais c'est dans le solo que les pains arrivent. C'est Hendrix lui-même qui prend cette fois l'initiative d'interrompre la prise. Mitch demande ensuite si on peut baisser l'éclairage du studio, car ils sont en train de cuire (dixit Jimi), mais ce n'est pas possible (car il s'agit de la lumière de la sortie de secours). En dépit de ce léger désagrément, la prise suivante s'avère la bonne. La rythmique est correcte, le chant aussi et les interventions de guitare sont inspirées, sans dépasser en créativité celles de la version du 13 décembre.
Il existe, comme je le mentionnais au passage dans le paragraphe précédent, deux mixages différents de cette session: en mono et en stéréo. La version stéréo sépare la guitare de Jimi de la batterie. Pas de différences fondamentales dans l'équilibre des divers instruments, à part peut-être la voix qui ressort un peu plus en mono.
Ayler a écrit:
Les prises incomplètes de "Red House", et surtout le mixage sans Delay de la version US, véritablement supérieur à celui de la version officielle (dont l'aspect psychédélique n'apporte rien)
Red House (6)
Cette version est issue de la même prise que les versions (5) et (99). La différence tient à l'ajout d'effets de studio qui permettent de rendre le son de la batterie plus distinct, mais qui surtout noient la guitare dans l'écho (techniquement il s'agit de delay, il y en a une tonne sur le solo) et ajoutent aussi un écho (à peine plus subtil) sur le chant).
Nous avons déjà évoqué le caractère relativement peu productif des sessions aux studios TTG qui suivent les concerts du Winterland et le 29 octobre marque la dernière de ces sessions. Ce soir-là, l'Experience qui vient d'enregistrer "Lover Man" et "Gloria", est augmentée de l'organiste Lee Michaels (qui aurait sûrement mieux fait l'affaire que Herbie Rich 18 jours plus tôt sur scène) et du flûtiste Jim Horn (dont la contribution n'a pas été retenue dans le mix). Ce remake n'est pas désagréable à écouter, il permet de présenter une version plus arrangée d'un titre qui n'est pas encore sorti aux États-Unis à l'époque. Les compilateurs de Smash Hits préféreront toutefois inclure la version (6) avec ses effets d'écho.
Comme plusieurs titres de l'album Blues, ces deux version de "Red House" sont un bricolage, qui associe l'intro d'une jam avec Lee Michaels et Buddy Miles (voir JS 32 dans la liste des instrumentaux du guide des titres) avec une version de "Red House" ne comportant que deux couplets chantés, mais davantage de couplets instrumentaux durant lesquels Hendrix s'en donne à coeur joie.
La version de Blues (8) comporte une introduction tronquée par rapport à celle qui figure sur Variations On A Theme. Plus précisément, il y a 1:45 d'intro issue de JS 32 sur la version (7) et seulement 0:38 sur la version (8). Il y a également des différences de mixage entre les deux versions: la (7) a la batterie au centre, tandis qu'elle est plutôt à droite sur la (8), le dosage de la réverbe sur le chant est plus important sur la (8) et finalement le son de la basse est mieux défini sur la (8). Pour les curieux, on peut encore ajouter que les versions présentes sur les albums non officiels ont moins de réverbe sur la voix que celle présente sur Variations on a Theme, alors qu'elles partagent la même référence (7).
Ayler a écrit:
Les informations concernant la plage 3 [de l'album Variations On A Theme - Red House] ne sont pas plus exactes : le titre date en fait des sessions de l'Experience aux TTG Studios, et c'est une chimère d'Alan Douglas. En effet, l'introduction est une jam de l'Experience avec Lee Michaels à l'orgue et Buddy Miles à la batterie complètement distincte de la prise de "Red House" : la jam continue d'ailleurs sur plusieurs minutes. "Electric Church" est encore plus sévèrement éditée sur "Blues" que sur "Variations On A Theme" : la minute 46 présente ici est délestée d'une bonne minute sur "Blues" ! L'intérêt de cette prise de "Red House" est double : outre le fait qu'elle soit enregistrée en studio (en l'absence de public), elle est enrichie de l'orgue de Lee Michaels, qui lui donne une saveur particulière. Les témoins présents ce jour-là s'accordent sur le fait que la session n'allait nulle part : on sent beaucoup de frustration dans cette version, où les deux derniers chorus de Jimi sont salvateurs : il atteint enfin cette transcendance qui semblait le fuir lors de ces sessions du TTG... Il ne prend toutefois pas la peine de conclure avec le dernier couplet.
Michael Fairchild a écrit:
ELECTRIC CHURCH RED HOUSE (by Jimi Hendrix). Recorded at L.A.'s TTG Studios on Oct. 29, 1968. "Angel" was the engineer. "I dropped by TTG Studios to watch Jimi at work," journalist Sharon Lawrence later wrote. "He was dejected by what he heard, obviously annoyed with himself. He put on his jacket and prepared to leave. Abruptly, he took it off again and purposefully strode into the main recording room. He picked up a guitar and started one of his classic blues numbers - 'There's a Red House over yonder...'" Jimi's rap intro over an extended trill is a standard blues technique used by players like John Lee Hooker (Real Real Gone 1953, Tupelo 1960, Country Boy 1965) and Albert Collins (Collins' Shuffle 1958). For this TTG track, Jimi is tuned one whole-step below concert pitch, playing at the B position, but sounding in A. He forms a final resolving cadence that the rest of the band fails to follow, until he catches their attention with one last feedback screech. "It was a long song," noted Lawrence, "he played and sang with so much feeling that the engineer could barely speak: 'Man, that was magnificent.' Jimi smiled, his eyes as well as his lips. His performance was a form of apology. 'Sorry I put you through all that caterwauling before...'."
Cette version enregistrée durant les répétitions pour les concerts au Royal Albert Hall se rapproche de ce que le groupe joue en concert à l'époque en ce qui concerne le tempo, fortement ralenti, mais en revanche il manque l'alternance des climats dans les cycles instrumentaux. Le problème est que cette version n'est pas à la hauteur de ce que le groupe pouvait livrer en concert à cette époque, que le son n'est pas terrible et que la prise n'est pas complète. Non seulement il y a un fondu en sortie (fade out), mais en plus il me semble qu'il y a un edit (une coupure) entre le deuxième cycle instrumental central et le couplet qui suit (à 7:39), probablement en raison des problèmes techniques mentionnés ci-dessous par Ayler.
Ayler a écrit:
Les deux titres issus de la session du 17 février 1969 ne sont que de simples répétitions de classiques de l'Experience. Les versions live contemporaines de "Red House" sont tout de même nettement plus impressionnantes que celle présentée ici - où Hendrix rencontre des problèmes techniques sur la fin ! A 6:20, il enclenche son fuzz avec pour conséquence des bruits parasites totalement involontaires. Conséquence : il ne joue qu'un seul cycle ainsi.
the old new thing a écrit:
"Red House" : Issue de la même répétition que le titre précédent. On sent également que le groupe n'est pas à fond comme d'habitude. Là encore, le fondu en fermeture au beau milieu du morceau est assez déroutant. A quoi ça sert franchement? Autant nous dispenser du titre que de proposer une énième version d'une chanson déjà archi-connue des fans et existant "officiellement" au moins dix fois dans le catalogue actuellement disponible.
Dernière édition par sequelenoise le Dim 1 Jan 2023 - 22:50, édité 2 fois
sequelenoise
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Sam 28 Jan 2012 - 15:53
Purple Haze
On retrouve l'Experience en 1967 pour une nouvelle session aux studios DeLane Lea, qu'ils vont bientôt quitter (pas définitivement, mais ce ne sera plus qu'un studio par défaut) parce qu'il n'est pas possible d'y jouer aussi fort et aussi fréquemment que ce que le groupe désire. On raconte que les banquiers qui travaillaient au-dessus du studio s'étaient plaints parce que la musique de l'Experience faisait bugger leurs ordinateurs, pourtant des engins assez robustes à en croire l'image ci-dessous.
Les sessions suivantes ont lieu début février aux studios Olympic que fréquentent les Stones et Traffic (DeLane Lea continuera à être utilisé lorsque Olympic n'est pas disponible. Dans ce studio de pointe (pour l'époque) le groupe travaille dès le premier jour avec Eddie Kramer, un jeune ingénieur du son qui, avant de se spécialiser dans l'amputation du répertoire live de l'Experience, maîtrisait l'enregistreur quatre pistes avec davantage de créativité que la plupart de ses collègues. C'est sous sa supervision que Hendrix va devenir un champion toutes catégories de l'overdub, une technique qui lui permet de peaufiner à l'envie ses pistes de chant et de guitare une fois qu'il dispose d'une prise instrumentale correcte. L'enregistrement de "Purple Haze" réalisé le 11 janvier à DeLane Lea est donc repris et agrémenté de nouvelles parties de guitare, de chant et de choeurs. Les versions présentées ici, toutes issues de la même prise de base, nous permettent d'avoir une illustration du processus créatif qui se déroule dans le studio.
"Purple Haze" provient d'un riff que Jimi jouait parmi d'autres lorsqu'il se trouvait dans l'appartement qu'il partageait avec Chas Chandler. La composition survient quelques temps plus tard à l'instigation du même Chandler. Jimi raconte qu'il avait écrit un texte très long (un millier de mots), qu'il aurait ensuite dû sévèrement raccourcir pour se plier au format du single pop de trois minutes et demie (voir la traduction du texte définitif). L'expression "Purple Haze" provient d'un roman de science fiction nommé Night Of Light d'un certain Philip José Farmer qui figurait dans la bibliothèque de Chas Chandler (voir les images dans la chronique du forum consacrée au single).
Selon Noël Redding, qui n'est pourtant pas le dernier à insister sur l'usage de substances récréatives par Hendrix, les paroles ne peuvent pas traiter du LSD et des ses effets, car Hendrix n'en consommait pas encore à l'époque (Charles Cross affirme pour sa part que Hendrix en consommait déjà depuis sa rencontre avec Linda Keith en 1966).
L'un des premiers textes faisait rimer "Purple Haze" avec "Jesus saves", pour évoquer, selon Kathy Etchingham un illuminé qui tenait une pancarte "Jesus Saves" au fameux Speaker's Corner de Hyde Park.
Concernant la musique, la chronique du second 45 tours de l'Experience par Ayler nous apporte des éléments importants, notamment en ce qui concerne l'originalité de cette nouvelle composition et de ses arrangements.
Ayler a écrit:
Contrairement au reste de la planète, c'est un 26 décembre que Jimi fêta véritablement son noël 1966 : selon Chas Chandler, c'est ce jour-là qu'il composa "Purple Haze" dans les coulisses de l'Upper Cut Club. Chas Chandler compris aussitôt que l'Experience tenait là un tube en puissance. Et les faits lui donnèrent rapidement raison : publié le 17 mars 1967 en Angleterre, le titre est rentré dans les charts dès le 23 mars et culmina même à la troisième place ! Au-delà du succès commercial, "Purple Haze" est avant tout une réussite artistique majeure : Hendrix n'est pas seulement le meilleur instrumentiste de la musique rock, il est aussi un compositeur original dont les conceptions sont révolutionnaires. Jimi n'a pourtant ni l'inventivité mélodique des Beatles, ni la maîtrise harmonique de John Coltrane, mais dès son deuxième Single, il crée un univers musical dépassant ses influences, univers dont la singularité est magnifiée par sa maîtrise du studio et des effets. "Purple Haze" ne ressemble à rien de ce qui a été fait auparavant. "Purple Haze" constitue un sommet de la musique rock, combinant puissance, finesse et onirisme. Puissance de la section rythmique, finesse d'un solo qui servira de modèle aux versions Live qui suivront (c'est le titre dont il existe le plus de versions répertoriées) et onirisme enfin, car "Purple Haze" ouvre les portes du psychédélisme avec ses jeux de vitesse sur les bandes ou l'utilisation de l'Octavia. Avec "Purple Haze", l'Experience peut véritablement commencer.
Comme les différentes versions ne présentent pas des différences exceptionnelles, nous allons observer de plus près ses composantes. Il y a tout d'abord cette introduction basée sur l'intervalle dit de triton, connu comme la combinaison de deux notes la plus dissonante. Cet intervalle auquel on a donné le surnom de « Diable dans la musique » est peu utilisé dans la musique classique, si ce n'est pour donner une impression de maléfice (ce qui motivera les hard-rockers a en faire un usage intensif). Ici, la basse joue des octaves de Mi, tandis que la guitare joue la quinte inférieure diminuée (Si bémol) elle aussi en alternant fondamentale et octave.
la basse: >
la guitare:
la combinaison des deux:
Pendant que la basse reste en Mi, la guitare joue ensuite ce bref passage basé sur l'arpège de Mi, passage qui sera repris ensuite à la fin du premier solo.
Les couplets sont accompagnés par un riff sur trois accords qui bien qu'assez chargé rythmiquement reste très aéré, car Jimi ne joue pas des accords barrés, mais seulement quelques notes de l'accord, qui est le fameux accord hendrixien, le Mi 7/9# , nom abrégé de l'accord de septième de dominante avec neuvième augmentée.
Après un arrêt, technique déjà employée sur "Foxy Lady" (titre avec lequel "Purple Haze" présente plusieurs similarités), et deux mesures de break jouées à l'unisson avec la basse, on retrouve le deuxième couplet avec une rythmique qui se complexifie, notamment en ce qui concerne l'utilisation des cordes graves, frettées avec le pouce.
Après le deuxième arrêt et un break rallongé, place au solo joué sur une nouvelle progression d'accords. Le son du solo tout comme le choix des notes et leur rythme évoquent la science-fiction.
Retour ensuite sur l'instrumental du début, suivi d'un troisième couplet durant lequel Mitch Mitchell se démène.
Ensuite arrive le troisième arrêt, le break allongé et le solo final avec ses overdubs de guitare à l'octave supérieure.
La description ne serait pas complète si l'on n'évoquait pas les choeurs (on le fera par la suite) et les overdubs de guitare dont voici deux exemples.
nowhereman57 a écrit:
Je découvre à nouveau et encore des subtilités dans le jeu de guitare de Jimi ,sur cet incontournable monument, qui m'étaient depuis plus de 40 ans complètement passés au travers. J'ai apprécié particulièrement le jeu de Mitch, fantastique, mais aussi le solo 2 final avec cette "saturation" de la note qui n'en finit pas , à en devenir crispante et bandante à la fois, et surtout l'overdub 2, ciselé aux petits oignons par Jimi avec le passage entre 22 et 24" qui m'a de suite fait irrésistiblement penser au riff du "Helter Skelter" des Beatles!!! On ne résiste pas à l'envie de rappuyer encore et encore sur le repeat: j'ai bien dû le faire 30 fois de suite... Ce qui est quand même terrible et incroyable avec Jimi, c'est qu'après plus de 40 années d'écoute il arrive encore et toujours à vous foutre sur le cul; Il nous" baise "encore et encore comme à la première écoute; CA N'EN FINIT PAS! CA N'EN FINIT JAMAIS!!! JIMI, TU ME DECHIRES A CHAQUE FOIS!! Tu es vraiment un enfant du Voodoo : ENSORCELANT, et pour moi, aucun désenvoûtement possible.
[prise de base] 11 janvier 1967 - Studios Delane Lea - Londres [overdubs] 3, 7, 8 février 1967 - Studios Olympic - Londres
Purple Haze (1) (mix officiel, mono) La version mixée par le trio Hendrix / Kramer / Chandler telle qu'elle parut sur le deuxième 45 tours de l'Experience. Selon les pressages l'équilibre entre les basses et les aigus varie.
Purple Haze (3) (mix officiel "Legacy") La compilation Legacy est célèbre pour ses versions différentes de titres classiques. Ici, nous avons un mixage en stéréo étroite (simulée) avec un ajout d'écho. Il me semble aussi que la voix est plus forte.
Purple Haze (121) (mix alternatif, mono) Peu de différences flagrantes avec la version (1), si ce n'est que l'on entend Hendrix tousser à 1:23 et dire "something's happening" à 1:34. L'effet d'écho sur la voix est également plus long (à écouter à 2:42).
Purple Haze (2) (mix officiel, stéréo) La voix est d'un côté, les choeurs de l'autre. Durant le solo on peut entendre deux pistes différentes de "choeurs" et bruitages divers, une de chaque côté. Durant la coda, la guitare à double vitesse est d'abord d'un seul côté avant de passer au centre.
Purple Haze (4) (mix alternatif, spécial choeurs, mono) Sur cette version, spéciale "choeurs" il manque le début. Un fondu en entrée nous amène directement au début du premier couplet. Pendant le solo on n'entend plus qu'une piste de guitare et les deux pistes de choeurs, l'effet se poursuit durant le riff et le troisième couplet avec la piste de chant en plus. Durant la coda le reste des instruments revient, mais reste mixé en deçà (sauf la guitare accélérée). Il manque aussi la fin…
Purple Haze (120) (mix alternatif, spécial choeurs, stéréo) Même principe que pour la version précédente, mais cette fois-ci le début est inclus. A 1:44 (avant le 3e couplet), 1:56 (pendant le 3e couplet) et 2:22 (au début de la coda), le mixage ne conserve que la voix et la guitare passée à la vitesse double (chaque fois pendant 2 à 3 secondes). Là aussi la fin manque.
Purple Haze (5) (mix alternatif, 2 pistes de chant, stéréo) Sur cette version, la voix et les "choeurs" sont mixés en avant avec plus d'écho. L'intéressant est que l'on peut entendre deux pistes de chant mixées simultanément (l'effet est particulièrement repérable dans les fins de phrases). Le titre s'achève en fondu après le dernier couplet.
Purple Haze (119) (mix officiel, autre chant et certaines guitares différentes) En 2000, Kramer ressort les bandes originales pour nous offrir une version différente, qui reste basée sur la même prise. La piste de chant est différente et certaines parties de guitare aussi, surtout vers la fin. La première grosse différente est constituée par quatre mesures inédites avant le troisième couplet, qui avait été supprimées de la version originale. Pour une fois que Kramer revient sur des coupures auxquelles il a participé cela vaut la peine de le noter. La deuxième différence de taille réside dans la fin de la coda, des overdubs différents et pas de fondu en sortie. Avec en bonus des "choeurs"/ commentaires supplémentaires.
Purple Haze (126) (version presque sans guitare de la (119)) Il s'agit d'un mixage de la version précédente, réalisée par Kramer pour un produit du nom de Guitarport déjà évoqué dans la chronique consacrée à "Freedom". La fin manque. Très bonne occasion de réentendre le jeu de Mitch et la basse métronomique de Noel.
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sequelenoise
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Dim 26 Fév 2012 - 14:45
51st Anniversary
Le titre que nous allons examiner aujourd'hui figure sur la face B du deuxième single de l'Experience. Il se peut que le groupe ne l'ait joué qu'à une seule occasion, lors de cette fameuse séance en studio le 11 janvier 1967 durant laquelle plusieurs prises de base d'autres morceaux ont aussi été enregistrées. Comme souvent avec Hendrix, le matériel figurant en face B s'avère de grande qualité. Ici, le texte (voir ici les paroles qui évoquent à la fois les déboires conjugaux d'Al et Janie et la volonté de Jimi de ne pas s'engager dans la vie maritale), la composition, les arrangements et l'interprétation sont de qualité. Dommage que le groupe l'ait ainsi oublié, car le titre avait le potentiel pour s'imposer sur scène: pas d'arrangements impossibles à répliquer (une seule piste de guitare, pas de choeurs, pas d'autres instruments et des breaks propres à relancer un morceau au tempo plutôt rapide). Musicalement, "51st Anniversary" fait référence au passé récent (à l'époque) de Jimi sur le Chitlin circuit lorsqu'il accompagnait les artistes soul de l'époque. Ce qui change c'est l'intensité de la partie de guitare qui constitue l'ossature du morceau et aussi l'accompagnement: la batterie est beaucoup plus expansive et la basse beaucoup plus rock.
Ayler a écrit:
Contrairement à la face A, "51st Anniversary" n'intégrera pas le répertoire Live de l'Experience. C'est pourtant un titre remarquablement construit, où la rythmique (aux nombreuses ruptures) sert à merveille la partie vocale. "51st Anniversary" prolonge "Stone Free" par les thèmes abordés (individualisme, liberté), et à l'image du premier Single, montre les qualités de rythmicien et de chanteur de Jimi, dont le placement et les nuances vocales dépassent largement celle d'un guitariste qui chante.
51st Anniversary (2) 1ère prise instrumentale [mono] La première prise montre que le groupe a déjà répété la structure et l'arrangement du titre. Cependant, elle dépasse à peine 30 secondes.
51st Anniversary (3) 2ème prise instrumentale [mono] La deuxième prise s'arrête au même point que la première ou presque. Ce n'est pas Mitch Mitchell qui est en cause dans ces interruptions, ni même Noel Redding (quoique sur cette prise il ne soit pas irréprochable), mais plutôt la difficulté à enchaîner les riffs du couplet et de la transition, peut-être bien la raison principale de l'absence de ce titre dans le répertoire live du groupe.
51st Anniversary (4) prise de base instrumentale [mono] Voici la piste instrumentale de la version officielle qui est basée sur la troisième prise dont la partie de guitare a été réenregistrée en cinq pièces différentes pour sonner comme s'il n'y avait qu'une seule guitare. Il s'agit selon Chandler du premier titre de l'Experience pour lequel la stratégie de l'overdubbing remplace la succession de prises. Une fois que la rythmique basse batterie est en place, Noel et Mitch peuvent rentrer chez eux et Hendrix s'occupe du reste. On notera ici l'absent de fondu en sortie, le fondu de la version officielle palliant probablement le caractère peu spectaculaire de la conclusion du titre.
51st Anniversary (5) prise de base avec deux voix [stéréo] Cette version est basée sur la même prise instrumentale, seule version en stéréo, elle comporte deux piste de voix, mixée chacune d'un côté du panoramique. On reconnait (sur la droite) la voix du single, et l'on entend sur la gauche une piste de chant qui diffère par son phrasé, mais aussi par les lignes "Ain’t that a shame huh!" et "You sure got a lot of nerve" qui encadrent la ligne commune aux deux pistes "So you, you say you wanna be married".
51st Anniversary (1) version officielle [mono] Le fait que ce titre ne soit jamais ressorti en stéréo, nous laisse penser que, comme pour la première version de "Red House", les bandes originales ont été perdues.
51st Anniversary (x) fragment [mono] Ce fragment d'environ 5 secondes ne comporte pas un intérêt extraordinaire. Il peut s'agir d'une des parties qui a été préenregistrée.
"Fire" constitue un des piliers du répertoire scénique hendrixien. Le titre a été joué par tous les groupes qui ont accompagné Jimi. C'est un morceau rapide (près de 160 bpm pour la version studio, davantage en live) et dynamique (nombreux breaks) qui convient très bien à la scène (joué même avant sa parution officielle).
Ayler a écrit:
L’explosion de "Fire" est une décharge rock catapultée par une des meilleures parties de Mitch. Les propositions graveleuses de Jimi ne se font pas via une douce balade mais à travers un rock déchaîné.
Le titre a été enregistré lors de la fameuse session du 11 janvier 1967, session de laquelle proviennent les prises définitives de plusieurs titres. Toutefois ce que l'on écoute a quasiment entièrement été réenregistré aux studios Olympic un mois plus tard. Seule la basse a été gardée, c'est dire la précision de Redding qui a tout de même, selon McDermott, doublé sa partie. Il y aurait donc 2 pistes de basse, 3-4 pistes de guitare (2 rythmiques & 2 solos), 2 pistes de batterie (puisqu'elle est en stéréo sur la dernière version officielle), 1 piste de chant et 1 piste de choeurs. En tout une dizaine de pistes, le tout sur un enregistreur disposant de quatre pistes. C'est là qu'intervient l'habilité d'Eddie Kramer qui parvient à réduire le nombre de pistes en les recopiant sur deuxième enregistreur sur lequel 2 ou 3 pistes sont enregistrées sur une seule, ce qui laisse de la place pour de nouvelles pistes (technique également utilisée par George Martin avec les Beatles).
[prise de base] 11 janvier 1967 - Studios Delane Lea - Londres [overdubs] 8 février 1967 - Studios Olympic - Londres [mixage] 27 avril 1967 - Studios Olympic - Londres
Enregistré en 7 prises puis overdubbé de tous côtés, "Fire" nous laisse une dizaine de versions parmi lesquelles les 6 premières prises et quelques mixages alternatifs. Mais avant de nous pencher sur ces versions, nous allons profiter du fait que "Fire" soit l'un des titres pour lesquels il existe des isolations de pistes (voir la rubrique requêtes) pour examiner de plus près la structure et les arrangements de ce titre.
l'intro:
Cette introduction très originale basée sur le jeu en octaves comporte, comme le reste du morceau deux guitares (il y en a même trois durant les parties solo).
les couplets, version basse batterie:
Durant les couplets, la guitare et la basse jouent à l'unisson des phrases de quatre notes qui mettent en avant le jeu de batterie (extraordinaire) de Mitch Mitchell.
encore un peu de Mitch, c'est trop bon:
la partie de guitare du refrain:
Pour tous ceux qui se sont demandés comment jouer à la fois les riffs sautillants en son clair et les gros accords en son saturé, voici la réponse: il y a un superbe arrangement de deux guitares.
la rythmique basse batterie du refrain:
Pendant ce temps, Noel et Mitch ne chôment pas: une partie de basse pleine de chromatismes et une batterie qui ne se calme pas.
Au passage, notez la similitude de la rythmique ci-dessus avec celle du standard "Cool Jerk" des Capitols (1966):
Le lien avec le rythm'n'blues de l'époque est tout tracé...
le chant des refrains avec les coeurs de Mitch et Noel:
Là encore, on ne peut que s'incliner devant l'originalité des arrangements. Nous n'avons pas des choeurs qui harmonisent la voix principale, mais une voix principale qui répond aux choeurs.
le chant du bridge:
Avant le solo de guitare, voici le pont (bridge) dans lequel Jimi se met en scène après une référence plutôt graveleuse à un certain Rover, qui est en fait un chien... "Move over Rover" refers to a popular adolescent dirty rhyme of that era, which I'm sure Jimi remembered. "Old Mother Hubbard went to the cupboard to get her poor dog a bone, but as she bent over, ol' Rover drove her, because he had a bone of his own." (source: www.songfacts.com/detail.php?id=3524)
la guitare solo jouée à travers l'octavia:
Joué sur une grille similaire au refrain, mais un ton au-dessus, le solo comporte trois guitares: la rythmique et deux guitares jouant presque les mêmes parties. Ici nous avons la guitare passée à travers l'octavia de John Mayer.
les deux guitares du dernier refrain et du début de la coda:
Comme bien souvent, Jimi ne joue pas la même rythmique que durant le premier refrain. L'arrangement des deux guitares est ici sensiblement plus "heavy".
les trois guitares de la coda:
Encore une autre trouvaille: la coda qui alterne les accords du refrain et ceux du solo. Retour aussi de l'arrangements des deux guitares solo. Et peut-être même qu'on a toujours deux guitares rythmiques comme dans les couplets précédents.
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Fire (86-90) On dispose des six prises instrumentales (on entend le chant, non enregistré, qui sert de repère aux musiciens) qui précèdent la version overdubbée qui n'existe donc plus, vu que les parties originales ont été remplacées (à l'exception, je me répète, de la basse).
1ère prise: Jimi se plante dans le 1er refrain.
2ème prise: Noel se plante dans l'intro.
3ème prise: jouée sur un tempo plus lent, Jimi ne joue pas durant le 2ème couplet puis se plante dans le refrain qui suit.
4ème prise: quelques erreurs pendant le 2ème couplet, un solo original qui démarre sur le bridge et diffère fortement de celui de la version originale (systématiquement repris en concert), puis de nouveaux pains sur le couplet, d'où l'interruption de la prise.
5ème prise: arrangement similaire à celui de la prise précédente, elle continue plus loin nous laissant entendre un couplet (à partir de 2:30) durant lequel Jimi joue en une seule prise questions et réponses. A noter: la bande présente de petites coupures (réparées par un fan sur la version de studio'67) et s'interrompt après un retour sur l'intro comportant quelques petites imperfections.
Fire (3) Version instrumentale mono du titre officiel qui s'achève en fondu durant la coda plus tôt que sur les autres versions.
Fire (1) Version officielle mono: le son des cymbales est assez médiocre, le reste est très bon.
Fire (2) Version officielle stéréo: la batterie et les choeurs sur la gauche, la guitare rythmique sur la droite.
Fire (106) Eddie Kramer a récupéré les bandes multipistes de "Fire", y compris les pistes qui avaient été mixées ensemble sur une des quatre pistes de l'enregistreur (basse, batterie, guitare 1, guitare 2 mixées sur deux pistes pour faire de la place pour la guitare solo et les voix). Il nous gratifie d'un remix punchy bénéficiant positivement des avancées de la technologie (séparation des deux guitares, batterie avec plus de relief, etc). Ceux qui ont énormément écouté le mixage original auront peut-être remarqué que durant la coda la basse ne revient pas sur le riff d'intro juste après les mots "this is Jimi talkin' baby" comme ce que l'on entend dans le fondu en sortie de la version originale. Ici cette probable erreur a été gommée. Ceux qui ont beaucoup écouté la version originale auront sans doute remarqué qu'il n'y a pas de fondu en sortie ici, mais qu'il y a à nouveau une espèce d'hésitation entre les musiciens qui ne savent pas tout à fait comment conclure le morceau (comme il s'agit d'overdubs on peut supposer que l'option du fondu en sortie avait déjà été prise).
Fire (101) La version sans guitare comprend la même partie de basse après les mots "this is Jimi talkin' baby" que la version de 1967, ce qui laisse à penser que le mixage n'a pas été réalisé à partir des pistes originales, mais à partir d'une réduction en quatre pistes de ces dernières. Autre différence, le fade out intervient plus tôt.
Fire (merge) Un effort amateur à partir des différentes versions qui circulent. Ici les guitares et les voix sont encore plus séparées (sur le panoramique gauche-droite) que sur la version (2).
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Sujet: Re: D. Les titres en studio - versions multiples Sam 19 Mai 2012 - 18:19
Third Stone From The Sun
En continuant la chronologie des enregistrements de l'Experience, on arrive à "Third Stone From The Sun", un titre pour lequel il n'y a pas énormément de versions différentes et dont il n'existe pas d'enregistrement en concert, si l'on excepte deux citations: 15 secondes durant "Spanish Castle Magic" à Toronto (3 mai 1969, la citation intervient après 2 minutes), et quelques secondes (discutables) durant "I Don't Live Today" à Göteborg (8 janvier 1969). L'enregistrement de "Third Stone From The Sun" ne s'est pas fait en une seule prise, mais provient de plusieurs sessions entre janvier et avril 1967. Nous ne disposons que de variations de la version officielle, donc pas de pistes instrumentales différentes, tout au plus quelques paroles supplémentaires.
La science fiction a toujours passionné Jimi. "Third Stone From The Sun" en est la parfaite illustration : les extraterrestres vont détruire la terre, y compris la surf music chère à Keith Moon ! Musicalement, c’est une sorte de free jazz psychédélique dont le thème sera repris à travers les générations. Hendrix fait l’inventaire de sa guitare…
Wikipedia a écrit:
Part of the guitar chorus melody has been quoted on other records, amongst them The Amboy Dukes (“Baby, Please Don’t Go”), Cozy Powell (“Dance With The Devil”), Weather Report (“Slang”), The Allman Brothers (“Mountain Jam”), DEVO (a cover of Hendrix’s “Are You Experienced”), and Right Said Fred (“I’m Too Sexy”).
Les transcripteurs qui réalisent les partitions et les tablatures ont dû suer sur ce titre, tellement il y a d'effets pour lesquels il n'existe pas de notation (donner un coup sur la tête de la guitare pour faire vibrer les cordes, utiliser au millimètre près le trémolo, jouer avec le feedback, etc., etc.).
Third Stone from the Sun (1) (officiel, mono)
Third Stone from the Sun (2) (officiel, stéréo)
Third Stone from the Sun (5) (officiel, diff mix, précédé par overdubs voix)
Les différences entre ces trois mixages sont mineures. La version (1) s'achève 6 secondes plus tôt. La (5) est celle qui tourne le plus lentement, elle comprend, en bonus par rapport aux autres, un peu plus de 2m30 de voix de Chandler et Hendrix qui tentent de simuler un dialogue entre vaisseaux spatiaux. Le dialogue comprend certaines répliques qui ne figurent pas sur la version originale, ainsi que différents rires eux aussi coupés. En plus de cela, la version originale contient bien d'autres effets que l'on peut entendre sur cette isolation:
Voix et effets divers (feedback dans les écouteurs, souffle, voix ralenties)
Third Stone from the Sun (4) (vitesse double et voix en avant) Cette version comporte la voix principale mixée plus fort et tournant à vitesse double, ce qui permet d'entendre distinctement les parties de voix qui sont ralenties sur la version originale.