San Francisco (Winterland) : 12 octobre 1968 [Premier concert]
Titres :
1. Fire
2. Lover Man
3. Like A Rolling Stone
4. Foxy Lady
5. Bass/Drum Jam
6. Tax Free*
7. Hey Joe
8. Purple Haze
9. Wild Thing
* Il y a un cut au milieu.
Sources audio :
- "The Winterland Reels" (ATM 212/2003/CDR) : C'est un enregistrement soundboard d'excellente qualité audio, couvrant presque l'intégralité du concert ;
- "The Jimi Hendrix Concerts" ("Fire", "Wild Thing") ;
- "Live At Winterland" ("Hey Joe", "Purple Haze", "Wild Thing").
Premier concert donné le 12 octobre 1968, c'est aussi l'avant-dernier de la série de six concerts enregistrés professionnellement au Winterland. Après quatre performances mitigées, c'est l'occasion pour l'Experience de se racheter...
"A la basse, Monsieur Noel... Redding. A la batterie, Monsieur Mitch Mitchell. Au chant et à la guitare, Monsieur Jimi Hendrix, le Jimi Hendrix Experience !"
Le groupe enchaîne aussitôt avec une version explosive de "Fire", retenue fort judicieusement par Alan Douglas pour ouvrir "The Jimi Hendrix Concerts". Avant de chanter le dernier couplet, Hendrix propose à l'audience "de piger le batteur" : c'est l'occasion de souligner l'excellence de Mitch Mitchell, dont la qualité du jeu est exemplaire lors de ce concert.
A un spectateur qui lui demande de jouer "All Along The Watchtower" (son plus gros hit US à ce jour), Hendrix répond : "J'ai oublié les paroles. Je n'arrive jamais à me souvenir des paroles des autres."
Et il annonce à la place un titre alors inconnu de son public : "Lover Man". C'est une version solide, dont une édition officielle n'aurait rien de choquant (Douglas aurait avantageusement pu nous la proposer sur son "Live At Winterland" plutôt que de nous remettre "Wild Thing", parfait doublon avec la version du "Jimi Hendrix Concerts)".
Hendrix commence son solo par des phrases très blues, avant d'enclencher sa wah wah et de proposer des traits plus agressifs.
Contrairement à ce qu'il vient d'annoncer quelques minutes plus tôt, Hendrix arrive tout de même à retenir les paroles des autres songwriters, pour preuve, le groupe lance "Like A Rolling Stone", du même Dylan que "All Along The Watchtower"… dont le texte est autrement plus long !
C'est globalement une bonne version, même si de légers soucis de justesse ainsi que deux trois erreurs de mise en place justifient certainement que le groupe n'ait pas retenu ce titre dans la perspective d'un Live.
Avec le recul, on ne peut que regretter l'absence de version studio définitive de ce titre : les arrangements, le tempo, la guitare Little Winguienne et le chant de Jimi... le potentiel était énorme.
"Ah oui, Aujourd'hui... c'est notre second anniversaire en tant que groupe aujourd'hui."
Après une petite annonce légèrement explicite, le groupe joue "Foxy Lady". Malheureusement, les problèmes techniques rencontrés auparavant atteignent des sommets : l'ampli de Jimi lâche en plein solo...
On notera la réactivité de Mitch Mitchell, qui tente de meubler comme il peut.
Jimi propose ensuite à l'audience d'écouter Mitch Mitchell le temps de réparer son matériel. Mais à l'impossible nul n'est tenu, et cet intermède instrumental basse/batterie ["Bass/Drum Jam"] (où il n'est pas exclu là encore que Jimi soit lui aussi aux baguettes un moment) traîne en longueur, et manque de direction.
Au bout d'une dizaine de minutes, la jam se transforme progressivement en "Tax Free" avec le retour de Jimi (dont le son de guitare reste un peu surprenant). Un cut nous prive d'une part (a priori assez courte) du thème.
L'improvisation part sur des bases plus calmes que d'habitude, et Jimi joue dans un registre assez blues (on entend un trait évoquant "Get My Heart Back Together"). Le groupe reprend le thème sur ce tempo relâché avant de durcir le ton, puis d'accélérer considérablement. Musicalement, ce passage (assez court) évoque Cream, et est assez réussi.
A ce stade, il faut créditer le groupe pour sa bonne volonté, mais le concert est très décousu depuis le milieu de "Foxy Lady".
L'Experience n'a pas pour autant abattu ses dernières cartes : la version qui suit de "Hey Joe" est fabuleuse. Le groupe réussit de main de maître les nouveaux arrangements de l'introduction. Le chant de Jimi est tout simplement excellent.
Le premier solo de Jimi, très bon, diffère de la version studio notablement (avec un son proche du Clapton de "Disreali Gears"). A noter aussi une fin de morceau où Mitch Mitchell casse la baraque. Il va sans dire que retenir ce titre pour le "Live At Winterland" relevait de l'évidence.
Tout n'est pas parfaitement en place sur "Purple Haze", mais la version est énergique, servie par l'enthousiasme de groupe. Là encore, la présence de ce titre sur le "Live At Winterland" se justifie sans problème.
Il n'en va pas de même pour "Wild Thing", déjà présent sur "The Jimi Hendrix Concerts" (voir commentaire supra). On est d'ailleurs loin de la magie de Monterey, d'autant que le solo de Jimi semble plus visuel qu'autre chose... mais que le performer prenne le dessus en fin de concert n'est pas forcément choquant.
Au final ? Quel dommage que l'ampli de Jimi ait cédé en milieu de concert ! Car le groupe était manifestement plus en forme que les deux jours précédents.
Un concert inégal donc... mais avec de grandes réussites pour le coup ("Fire", "Hey Joe").