Live In Paris & Ottawa 1968 (2008)
Paris (Olympia) : 29 janvier 1968 1. Killing Floor (Chester Burnett)
2. Catfish Blues (Robert Petway)
3. Foxey Lady (Jimi Hendrix)
4. Red House (Jimi Hendrix)
5. Drivin' South (Curtis Knight)
6. The Wind Cries Mary (Jimi Hendrix)
7. Fire (Jimi Hendrix)
8. Little Wing (Jimi Hendrix)
9. Purple Haze (Jimi Hendrix)
Ottawa (Capitol Theater) : 19 mars 1968 [Premier concert] 10. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (John Lennon & Paul McCartney)
11. Fire (Jimi Hendrix)
12. Purple Haze (Jimi Hendrix)
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Live In Paris & Ottawa 1968" est le dixième volume de la série initiée par Dagger Records en 1998. Très attendu au sein du cercle des amateurs ("Burning Desire" remonte à décembre 2006), son contenu en a refroidi plus d'un : il est en effet principalement composé du concert donné par le Jimi Hendrix Experience à Paris le 29 janvier 1968 - concert non seulement présent dans le coffret "Stages" publié par Alan Douglas en 1991, mais aussi dans les multiples éditions semi-officielles qui remplissent les bacs depuis cinq ans. On retrouve ainsi ce concert sur pas moins de quatre autres albums ou coffrets !
A savoir :
- "Astro Man" (Burning Airlines)
- "Live At Paris Olympia" (Radioactive)
- "Axis: Bolder Than Love" (Purple Haze)
- "Live & Unleashed" (Rock Of Ages Export)
Il importe de noter que la version Dagger n'apporte aucune amélioration substantielle de la qualité audio - ce qui n'a rien d'étonnant : le concert a été mixé en direct par les ingénieurs d'Europe N°1.
Pour ce qui est du concert parisien, je vous invite donc à lire la chronique suivante, peut-être un peu dure d’ailleurs :
Stages - Paris 68 (1991) [CD2]Que Dagger Records reprenne à son compte les principaux enregistrements de l'Experience est compréhensible (même si les amateurs de Jimi Hendrix susceptibles d'acquérir ce volume ont tout de même toutes les chances de connaître l'une des cinq versions antérieures...).
Le problème soulevé par "Live In Paris & Ottawa 1968" réside dans les trois derniers titres de l'album, tous trois inédits du catalogue officiel. D'autant que contrairement au "Live In Ottawa" (qui correspond au second concert donné par le groupe le même jour, publié en 2001 par Dagger), ces enregistrements ne circulaient pas dans le circuit des collectionneurs. Procédant ainsi, Dagger prend en otage l'amateur… comme Alan Douglas pouvait le faire en son temps, en ne livrant des plages inédites qu'au compte-gouttes.
Les notes de pochette, certes signées Keith Altham, ne sont pas des plus instructives - surtout au regard de celles que John McDermott a pu écrire par le passé. Sinon, il est pour le moins étonnant de constater que "Drivin' South" est ici crédité Curtis Knight…
Revenons donc à ce qui donne à ce dixième Dagger tout son intérêt : les trois titres issus du premier concert donné à Ottawa le 19 mars 1968 par le Jimi Hendrix Experience.
De même que pour le second concert, l'enregistrement reprend ce que la table de mixage basculait alors sur la sono. Le son est donc brut, mais très musical. Il est d'une meilleure qualité audio que le concert parisien, dans la mesure où il est plus équilibré, et en stéréo. Il ne s'agit pas non plus d'un enregistrement professionnel à proprement parler car le mixage initial est définitif.
A défaut d'enregistrement complet de ce premier concert, il est intéressant de s’attarder à ce qu’en relate la presse de l’époque : elle nous apprend que le répertoire du groupe comprenait "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band" et "I Don't Live Today", absents de la setlist du second concert, alors que "Fire" et "Foxy Lady" (les classiques du groupe) étaient communs aux deux concerts.
Comment se fait-il que "I Don't Live Today" ne figure pas dans ce recueil ? Et qu’en est-il de la version incomplète de "Little Wing" découverte sur ce forum il y quelques mois, que John McDermott attribuait à ce concert… au moins selon le revendeur de la bande ?
Il n’y a rien dans les notes de pochette à ce sujet : c’est pour le moins regrettable là encore…
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Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band" s'approche seulement des deux minutes, mais c'est une superbe version que l'Experience nous livre (la meilleure ?) : le groupe, parfaitement en place, sert le chant énergique de Jimi, qui nous distille quelques parties de guitare remarquables.
La version de "
Fire" qui suit est elle aussi celle d'un groupe qui maîtrise complètement son sujet. Guère plus longue (moins de trois minutes), elle est fraiche, énergique et efficace. Jimi est vraiment en forme : il réussit même à tirer parti du léger flottement qu'on entend en fin de second couplet !
Après s'être réaccordé, Jimi débute "
Purple Haze" par une introduction bruitiste, complètement free - dont il est clair que l'aboutissement se matérialisera l'année suivante avec "Star Spangled Banner". Le titre, qui dure à lui seul plus que les deux précédents, comporte de bons éléments... et de moins bons. Même si les deux minutes d'introduction n'arrangent rien quant à la justesse de son instrument, Jimi a assez de métier pour faire avec. Après son jeu de mot habituel de fin de premier couplet ("
Kiss this guy!"), Jimi zappe largement le chant du deuxième couplet (il ne chante que le dernier vers). Problème technique ?
Le solo central, qui part sur les bases de la version originale, prend rapidement l'eau - Jimi n'insiste pas et reprend le thème d'introduction. Il recadre le morceau avec le troisième couplet, même s'il chante le dernier vers ("
Est-ce demain ou juste la fin des temps ?") sur un ton étrangement détaché. La partie instrumentale qui conclut le titre est par contre irréprochable.
Pour ceux qui ne possèdent pas déjà le concert parisien, "Live In Paris & Ottawa 1968" constitue un excellent investissement. Pour les autres, avec seulement 10 minutes inédites de musique, même excellentes, ça fait cher le CD...