Live At Woodstock (1999)CD 1
1. Introduction
2. Message To Love
3. Hear My Train A Comin'
4. Spanish Castle Magic
5. Red House
6. Lover Man
7. Foxey Lady
8. Jam Back At The House
CD 2
1. Izabella
2. Fire
3. Voodoo Child (Slight Return)
4. Star Spangled Banner
5. Purple Haze
6. Woodstock Improvisation
7. Villanova Junction
8. Hey Joe
WOODSTOCK : 3 DAYS OF PEACE AND MUSICCe festival se déroula en fait à Béthel, près de Woodstock. Alors que 100 000 à 200 000 personnes étaient attendues, 400 000 assistèrent finalement à cet événement historique qui devait durer 3 jours, du 15 au 17 août 1969. Cependant, à cause des retards accumulés, notamment dus à des intempéries, il se clôtura le lundi 18 août et sur les 400 000 personnes présentes durant les 3 jours il n’en resta environ que 30 000.
Lors de cet événement Jimi retrouve à la basse un vieux compagnon d’armée, Billy Cox, qui l'accompagnera pour le reste de sa carrière. Son groupe est pour l'occasion élargi :
Mitch Mitchell : batterie
Billy Cox : basse
Larry Lee : guitare
Juma Sultan et
Jerry Velez : percussions
Ce groupe ne se produira finalement qu’à très peu d’occasions :
- lors du festival de
Woodstock le 18 août 1969- à
New York (United Block Association "Harlem Benefit") le 5 septembre 1969 - à la TV US pour
"The Dick Cavett Show" le 9 septembre 1969 - à
New York (Salvation) le 10 septembre 1969 Titres :
1) Message To Love (Message To The Universe)
2) Hear My Train A Comin'
3) Spanish Castle Magic
4) Red House
5) Mastermind (Larry Lee au chant) non présente sur l’album
6) Lover Man
7) Foxey Lady
8) Jam Back At The House (Beginnings)
9) Izabella
10) Gypsy Woman~Aware of Love (Larry Lee au chant) non présente sur l’album
11) Fire
12) Voodoo Child (Slight Return)
13) Star Spangled Banner
14) Purple Haze
15) Woodstock Improvisation
16) Villanova Junction Blues
17) Hey Joe
La légende dit qu’après sa performance à Monterey plus personne ne souhaitait passer après Hendrix sous peine de se faire inévitablement voler la vedette. Plus concrètement, ici ce fut plutôt un choix des organisateurs du festival de finir le festival avec lui. Et c’est donc Jimi Hendrix et son nouveau groupe baptisé
The Gypsy Sun and Rainbows qui eut le privilège de clore ce festival. Ainsi, ce lundi matin il est environ 9h du matin quand le groupe fait son entrée sur scène. La légende est en marche…
Alors qu’il aurait pu choisir la facilité en commençant le show par un titre déjà rodé afin de réveiller l’assistance, il choisit de débuter par une nouvelle composition,
"MESSAGE TO LOVE", dont on retrouve une première trace en live lors du concert du 18 février au Royal Albert Hall couplé avec Spanish Castle Magic. Le chant est appliqué, puis arrive un premier solo court mais plutôt agréable, avec un retour au calme à 2:30. Quelques secondes plus tard nous pouvons entendre Jimi se livrer à un joli numéro de « scat » et à partir de 3:40 le morceau arrive à décoller vraiment et il finit par nous convaincre qu’il tient là un morceau prometteur, ce qu’il confirmera quelques mois plus tard avec la superbe version présente sur l’album « Band Of Gypsys ». Un titre qui sera d’ailleurs joué très fréquemment en live l’année suivante. Une version, qui sans atteindre le niveau de celle du BOG, est en tout cas une bonne et surprenante entrée en matière.
«
Have you heard about my baby ? Have you heard about my baby ? Have you heard about my baby making love to all the world ? » ainsi Jimi lance superbement
"HEAR MY TRAIN A COMIN’", un titre qui figurait de plus en plus souvent au cours de l’année 69 dans le répertoire de l’Experience et qui devint au fil du temps un des morceaux phares joués en live. Nous avons ici une introduction assez longue qui laisse le temps à l’ambiance de s’installer. Ensuite le chant est bon, Mitch suit bien derrière. La tension monte petit à petit, puis arrive un premier solo inspiré et comme très souvent sur ce titre on sent que Jimi s’implique totalement. A la fin de ce premier solo nous avons un cut correspondant à un solo de Larry Lee. Le deuxième solo est dans la même veine avec quelques traits très caractéristiques notamment à partir de 7:10. Au final, même si elle n’égale pas la puissance des versions qui en ont fait un des titres incontournables, le groupe nous livre une bonne version.
Au bout de deux titres on sent Jimi concentré, appliqué dans sa musique. Les images du film le confirment, pas de place pour le Hendrix showman, on peut y voir peut être une réelle volonté de se concentrer sur sa musique et le fait que le groupe se cherche encore n'y est peut être pas étranger.
Suit un titre régulier de l’expérience
"SPANISH CASTLE MAGIC". A 1:30 il nous offre un solo intéressant, (puis nous avons ici un autre passage édité, qui est un court solo de Larry Lee, qui se livrait ensuite à quelques échanges avec Jimi) Mitch et Billy prenant ensuite le relais. Pour ma part le cut est justifié, ce passage n’apportant rien de plus au titre. Une version un peu inégale, avec de bons moments, d’autres où ils se cherchent un peu et qui sans être inoubliable est tout de même respectable.
Jimi démarre ensuite une superbe intro de
"RED HOUSE", sur un rythme assez enlevé. Le chant est ensuite très bon, toujours appliqué. Puis il nous propose un solo tout en retenue mais non sans émotions, au cour duquel il va d’ailleurs casser une corde. Ainsi nous avons ici un nouveau cut correspondant à un nouveau solo de Larry Lee qui s’étend sur près de deux minutes, Hendrix ne revenant que pour clôturer le morceau. En fin de compte nous avons là une version qui dénote par rapport aux versions explosives telles que celles de San Diego quelques semaines plus tôt ou de New York l’année suivante, mais qui ne manque certainement pas de charme.
Suit l’adaptation de "Rock me Baby" de Jimi,
"LOVER MAN". où on peut entendre un premier solo amené par Larry Lee au cours duquel Jimi visiblement de bonne humeur effectue quelques pas de danse, pour prendre ensuite le relais de son vieux copain. Il aurait été d’ailleurs étonnant qu’il n’essaye pas de "rattraper" le morceau.
Nous restons dans la même ambiance avec l’intro de
"FOXY LADY" (qui a subit un léger cut de quelques secondes), un autre standard de l’Expérience dans une version appliquée, mais sans grande surprise. Sans doute que le manque de cohésion du groupe n’y est pas étranger.
Le groupe poursuit avec une nouvelle composition
"JAM BACK AT THE HOUSE" (qui est parfois attribuée à Mitch) où on assiste à la mise en place d’un rythme hypnotique.
On entend ensuite Larry Lee, qui semble ici un peu plus inspiré. Un changement de rythme intervient à 2:47 où ça s’accélère, puis nous avons un solo de Mitch Mitchell (édité lui aussi, ce qui est très sévère pour ce passage où il profitait bien de cette mise au premier plan). La guitare reprend et repart avec un autre rythme lancinant avant un passage tonitruant de Jimi de 5:38 à 6:25. Finalement nous avons un morceau captivant que l’on pourra entendre à nouveau au concert donné à Hawaï l’été suivant.
Ensuite Jimi remercie le public pour leur patience et leur présente assez longuement le titre qui va suivre, une nouvelle composition, qui a souvent été répétée par le groupe. Une chanson qui parle d’un soldat sur le front :
"IZABELLA". Hendrix joue ici un solo qui démarre doucement, presque détendu, on peut même le voir sur le film esquisser quelques sourires, puis le morceau prend une tournure beaucoup plus grave, la légèreté s’est estompée pour laisser place à des sentiments plus tourmentés. A ce stade, il s'agit d'un des plus beaux moments depuis le début du concert. Et quel plaisir de le voir en images ! Quelle expressivité sur son visage ! Un nouveau titre qui se révèle efficace en live mais qui ne sera finalement que très peu joué sur scène. En effet, on l’entendra de nouveau le mois suivant lors de son passage à l’émission TV de Dick Cavett, puis lors du premier concert du Band Of Gypsys, mais la version présente ici est sans doute la meilleure.
On retrouve ensuite un vieux tube de l’Experience
"FIRE", avec une bonne version pleine de punch et deux solos incisifs, Mitch assurant parfaitement son rôle. Une version qui n’a rien à envier à celles de l’Experience.
On remarque ainsi depuis le début du concert une bonne alternance entre anciennes et nouvelles compositions, ce qui rajoutera encore une touche particulière à ce concert, d’autant plus que certains des titres joués ici ne le seront que très peu par la suite en live. Cependant si le concert s’était arrêté là, quel bilan pourrions-nous faire ?
Même s’il y a eu jusque là quelques bons passages, voire pour quelques uns très bons, au regard de certains concerts donnés les mois précédents, il aurait sans doute été probablement considéré comme faisant parti des bons lives, mais au delà de l'événement que représente ce festival, sûrement pas comme un des plus marquants musicalement. Mais les trente minutes qui vont suivre vont radicalement changer la donne, car ce qui va venir restera assurément comme un des sommets, si ce n'est le sommet du festival et aussi comme un des plus beaux moments de sa carrière.
Avant de poursuivre Jimi remercie encore le public pour leur patience, puis comme il le fera souvent, présente
"VOODOO CHILD (SLIGHT RETURN)" comme étant le nouvel hymne américain
en attendant d’en avoir un autre". Il nous propose une introduction pleine d’énergie qui lance parfaitement le morceau, avec ensuite encore une grande conviction au chant, le solo démarrant à 1:47. Au bout de quelques notes on sent que ça va aller très haut et A 2:18 c’est parti, avec une superbe relance à 2:45 et sans relâcher la tension il continue de plus belle et à partir de 3:04 il nous offre quelques secondes magiques. Le rythme se pose et on redescend tranquillement jusqu’à la présentation du groupe. Puis Jimi se lance dans un deuxième solo, plus court mais pas moins intense, très réussi aussi. A 8:29 autre solo de Larry Lee, (édité en partie) qui est carrément absent du film, on peut entendre ensuite un passage avec quelques paroles qui deviendront le futur "Steppin’ Stone". Au final cette version de "Voodoo Child" est FABULEUSE et est sans aucun doute une des plus abouties.
Et alors qu'il finit avec les quelques notes d’introduction, il lance les premières notes du
"STAR SPANGLED BANNER"… Hendrix a déjà joué l’hymne américain lors de concerts précédents, mais ici tout est différent, hors norme. Tout commence normalement, comme un simple hommage, il jette un petit coup d’œil complice au reste du groupe, puis à 0:45 une première note reste en suspens, presque inquiétante, qui laisse penser qu’il va se passer quelque chose, que ce n’est pas qu’une simple interprétation. Notez le regard qu’il a sur le film à 1:14:36 (sur le 1er dvd de l’édition 2 DVD) il n’est déjà plus sur scène… Puis à 1:02 tout bascule, les bombes, les cris, les sirènes de police… la citation de "Taps"… INCROYABLE ! DECHIRANT ! Avec sa musique il expose à la face du monde son point de vue sur les actions américaines et avec le recul on mesure encore peut être plus à quel point cela représente une déclaration fracassante et courageuse tout cela en osant toucher et transformer l’hymne national américain ! Et puis quel symbole aussi que ce soit un jeune homme de 26 ans issu des minorités (noires, indiennes) qui devienne un des portes paroles de toute une génération !
Il enchaîne ensuite directement avec un morceau (forcément !)plus léger
"PURPLE HAZE". Un titre joué et rejoué depuis 3 ans et pourtant quelle magnifique version il donne ici, avec notamment deux solos formidablement inspirés. Une des versions les plus inspirées à mon avis.
Puis sans aucun temps mort et il poursuit avec le passage nommé à juste titre
"WOODSTOCK IMPROVISATION", qui débute en fait à 3:24 sur la plage de "Purple Haze". Là Jimi est tout seul et dés le début c’est très fort, Mitch le rejoint un peu plus loin, à ce stade les autres s’arrêtent de jouer et le regardent. A 4:10 il y a un passage magique d’une dizaine de secondes qui amène un superbe changement d’ambiance. Ici tout y passe, aucune virtuosité gratuite, elle est au service de son inspiration, de sa musique. Durant ces quelques minutes Hendrix enchaine des moments apaisés et d’autres plus tendus et nous fait ainsi passer par une palette d’émotions très variées.
Puis là encore sans aucune pause, il passe à
"VILLANOVA JUNCTION", dont on retrouve une trace quelques semaines plus tôt au Madison Square Garden (au milieu de "Spanish Castle Magic", très joli passage soit dit en passant). Il nous fait terminer le concert tout en douceur. Magnifique instrumental.
Pour le rappel, rare il me semble dans sa carrière, alors que le public lui réclame "Wild Thing" ou encore "All Along The Watchtower", il annonce "Valleys of Neptune", puis affirmant avoir oublier les paroles il joue finalement
"HEY JOE". Belle version, qui fait penser par son climat plus détendue qu'à l'accoutumée à celle qu’il jouera à Atlanta l’année suivante. Pour conclure le concert Jimi semble désireux de nous offrir un bon moment et finit le concert d’une belle façon.
Tout d’abord quelques mots sur ce double album. On y retrouve de nombreux morceaux édités ("Hear My Train", "Spanish Castle Magic", "Foxey Lady", "Red House", "Jam Back At The House", "Voodoo Child") et il me semble que ce travail a servi à améliorer ces morceaux dans la mesure où au mieux les passages manquants n’apportent rien, soit au pire plombent un peu (ou beaucoup) la performance. Et il en va de même pour le mixage, qui fait qu’une partie du groupe est quasi-inaudible durant le concert (surtout Jerry Velez, Juma Sultan et par moment Larry Lee), ce qui fait que d’une certaine manière on peut entendre quelques mois en avance le dernier groupe de Jimi. Cependant le fait de ne pas mettre les deux titres chantés par Larry Lee est beaucoup plus discutable dans la mesure où il s’en sort plutôt bien. Pour ma part ce sont deux morceaux agréables à écouter et qui auraient pu apporter une petite touche originale de plus à ce concert.
Pour en revenir au concert, avec le recul on peut considérer qu'il a une place à part dans la carrière de Jimi, c’est un concert unique et cela à plusieurs titres. Tout d’abord de part son contexte puisque le concert s'est déroulé lors d'un festival qui a pris une ampleur incroyable pour marquer à tout jamais les mémoires et qui demeure peut-être l'événement musical le plus connu et cela toutes générations confondues. Quel fan de musique n’a jamais entendu le nom de Woodstock ?
Ensuite nous avons une set-list surprenante, avec des morceaux "rares" et une alternance judicieuse d’anciens et de nouveaux morceaux. Ce qui témoigne d’ailleurs d’une période plutôt faste au niveau créativité même si tous les projets n'ont pas aboutis.
Il faut à ce stade souligner l'importance du groupe, qui fait figure de parenthèse intéressante dans la carrière de Jimi et au-delà du concert on peut penser également aux répétitions qui ont précédées ce concert. Il faut pourtant souligner que le groupe ne s'est pas toujours montré à la hauteur de l'événement, mais c'est paradoxalement ce qui a peut être amené Hendrix à prendre les choses en mains pour nous offrir un tel final. Un final qui est pour beaucoup dans le caractère unique de ce concert, car il l'est aussi et peut-être surtout, par la performance musicale en elle-même. La deuxième partie à partir de "Voodoo Child" est bien évidemment la plus réussie, au point qu’elle constitue un des sommets de sa carrière. Une deuxième partie à ce point incroyable qu’elle en a d’une certaine façon totalement éclipsé la première, qui bien que possédant certaines faiblesses et autres moments de flottements, contient quelques passages qui méritent largement le détour.
Pour conclure, ce concert de Woodstock, bien qu'il ne soit pas le plus simple à appréhender, est un live à part et surtout indispensable pour tout fan du guitariste. Un concert qui au fil des écoutes ne cessera de vous révéler des passages inspirés et magiques qui finiront par vous convaincre que ce lundi 18 Août 1969 il s'est vraiment passé quelque chose d'unique et d'historique sur cette scène.
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