Curtis Knight & The Squires - 5. Le Live
Source : Curtis Knight: The Complete Recordings Vol. 1 - Live (ATM 101-102)
CD 1 (76:45)
1. You Got What It Takes (1) - 4:23
2. Hang On Sloopy (3)/(1) - 3:24
3. I'll Be Doggone (1) [alternate take] - 3:45
4. What'd I Say (1) - 4:43
5. Bo Diddley (2) - 3:04
6. Hold (On To) What You've Got aka Hold What You've Got - 3:06
7. I'm A Man (4) [alternate take] - 3:35
8. Stand By Me - 3:59
9. Ain't That Peculiar (1) - 4:29
10. Sugar Pie Honey Bunch aka I Can't Help Myself (1) - 2:58
11. One Night With You (2) - 3:05
12. Let's Go, Let's Go, Let's Go (1) - 3:49
13. Walkin' The Dog (1) - 2:49
14. California Night aka Travelin' To California (4) [alternate take] - 4:21
15. Twist And Shout - 3:10
16. Day Tripper (4) - 2:49
17. Bright Lights, Big City (2) - 3:22
18. Land Of A Thousand Dances - 4:34
19. Bleeding Heart (7) - 2:29
20. Get Out Of My Life, Woman (1) - 3:41
21. I Got You (I Feel Good) (1) - 2:59
CD 2 (73:56)
1. Wooly Bully - 3:28
2. There Is Something On Your Mind (2) - 5:28
3. California Night aka Travelin' To California (6) - 3:45
4. Money (3) [alternate take] - 3:42
5. I'll Be Doggone (3) - 2:35
6. I Got You (I Feel Good) (2) [alt take] - 0:52
7. Sweet Little Angel (5) - 4:33
8. Drivin' South (16) - 5:34
9. Baby, What You Want Me To Do aka You Got Me Running (1) - 3:48
10. Just A Little Bit (2) - 1:27
11. Mercy Mercy aka Have Mercy (3) - 3:29
12. Something You've Got aka Something You Got (2/1) - 2:52
13. Satisfaction (1) - 4:29
14. I'm A Man (2) - 4:53
15. Money (1) - 3:30
16. Mr. Pitiful (1) 3:05
17. Killing Floor (2) [alternate take] - 3:29
18. Hard Night aka Come On (Part 1) (5) - 4:18
19. Shotgun (2) - 4:14
20. Band Outro (Outro Theme) - 0:53
Personnel :
Curtis Knight - chant, tambourin, guitare rythmique
Jimmy James (Jimi Hendrix) - guitare, chant
Lonnie Youngblood - saxophone, chant (sur certains titres)
Harry Jensen - guitare, basse
Ace Hall - basse, tambourin
Ditto Edwards - batterie
Selon le site earlyhendrix.com, les présences de Ditto Edwards, Ace Hall & Harry Jensen sont avérées.
Lieu : George's Club 20 à Hackensack, dans le New Jersey.
Date : 26 décembre 1965.
En raison du maquillage en Live de "Killing Floor" (voir : 3. Les sessions studio pré-Experience), le lieu et la date de ces enregistrements restent incertains. Le groupe a pu se produire à New York, et les enregistrements s'étaler de fin 1965 à début 1966...
Certains titres sont en stéréo, d'autres en mono, la plupart des titres ne comportent pas d'anches... mais on en trouve sur d'autres - aussi bien stéréo que mono. Autant dire que tirer des conclusions sur le personnel, le lieu et la date des différents titres présentés sur les ATM 101 et 102 est presque impossible en l'état.
Si Curtis Knight est le leader du groupe, il est loin d'être omniprésent, Jimi Hendrix prenant la tête du groupe sur une quinzaine de titres environ - de quoi fournir le matériel d'un album Live pré-Experience assez intéressant, d'autant qu'une partie du matériel interprété fera l'objet de développements ultérieurs plus ou moins évidents.
La qualité audio est en revanche à mettre au passif de ces 41 plages : certes audibles, elles souffrent d'une certains dose de saturation, inégalement répartie selon les instruments. La prise de son est pour certains assez claire alors qu'elle est médiocre pour d'autres - preuve que ce sont bien des enregistrements soundboard.
La présence de Jimi ne va pas de soi sur "Bright Lights, Big City", qui comporte des overdubs postérieurs assez manifestes. Il importe d'ailleurs de se procurer les versions les moins altérées possibles de ces enregistrements, certaines versions ayant été réenregistrées dans les années 70 pour compenser les problèmes audio... quitte à complètement dénaturer certaines prises.
Le groupe, qui se produit sous le nom de Curtis Knight & The Lovelights, propose ici un répertoire entièrement composé de reprises. Musicalement, Curtis Knight est conforme en tout point à ce que l'on peut attendre de lui : c'est un interprète solide (difficile de parler d’
honnête le concernant !), assez efficace tant qu'il reste en terrain connu. Il est manifestement plus à l'aise lorsqu'il chante "Wooly Bully" ou "Money" (où il peut vaguement évoquer Little Richard) que lorsqu'il s'attaque au rock anglais. Il y a de sérieux problèmes de mise en place sur "Day Tripper" - de nature à laisser penser que c'est bien du Live. Et la version de "Satisfaction" est très médiocre. Ce qui est intéressant, c'est de constater que l'Experience reprendra "Day Tripper", et que Jimi citera à l'occasion le riff de "Satisfaction".
On entend souvent Jimi indiquer la tonalité des morceaux aux accompagnateurs. Les musiciens alignent ainsi des classiques qu'ils n'ont pas nécessairement répétés, expliquant certains flottements inimaginables au sein des orchestres de James Brown ou d'Otis Redding.
Sur les quelques titres où il est présent, Lonnie Youngblood ne se limite pas forcément au rôle d'accompagnateur : c'est ainsi lui qui chante les deux versions du "I Got You (I Feel Good)" de James Brown.
L'intérêt que l'on accordera aux titres où Jimi ne chante pas dépend de la place qui lui est réservée en tant que guitariste rythmique ou soliste.
"What'd I Say" (Ray Charles), chanté par Jimi, a forcément été enregistré Live : en studio, aucun musicien n'aurait continué après une introduction à ce point catastrophique ! Les musiciens ne jouent en effet pas tous dans la même tonalité...
"Bo Diddley" et les deux versions de "I'm A Man" confirment l'intérêt de Jimi pour Bo Diddley. Sur cette dernière, le chant de Jimi est manifestement influencé par la version de Bo Diddley (plus que Muddy Waters) - on peut même noter un certain mimétisme dans le timbre de sa voix (sur les "Oohhh!"). On remarquera enfin que Jimi tentera d'enregistrer ce titre en 1969...
A l'écoute de la version de "Land Of A Thousand Dances", on peut remercier Chas Chandler d'avoir convaincu Jimi de ne pas enregistrer ce titre en face B de "Hey Joe" : vocalement, ce n'est pas là que Jimi est le plus convaincant.
A ses débuts, l'Experience reprenait aussi "Mercy Mercy" - peut-être le titre le plus célèbre où Hendrix intervient en tant que sideman sur la version originale (de Don Covay). Jimi reviendra d'ailleurs à ce style de rythmique par la suite : les parties de guitare de "Wait Until Tomorrow" se situent dans la filiation directe de ce qu'il joue ici.
En ce qui me concerne, je ne pense pas qu'identifier la 18ème plage du second CD comme étant "Come On (Part 1)" soit très judicieux : c'est une improvisation autour d'une grille de blues qui relève autant du "Mary Had A Little Lamb" de Buddy Guy que du titre effectivement joué par l'Experience sur "Electric Ladyland". C'est d'ailleurs un quasi-instrumental, et non un titre vraiment chanté. Pour autant, cela démontre l'intérêt que Jimi portait à ce type de répertoire.
"Killing Floor", le classique d'Howlin' Wolf, deviendra un pilier du répertoire des débuts de l'Experience. La version chantée par Jimi, très r'n'b, est ici assez moyenne.
"Get Out Of My Life, Woman", chanté par Jimi, est présenté dans une version assez réussie, ce qui n'est pas le cas de "Baby, What You Want Me To Do", le classique de Jimmy Reed. Il souffre en effet des parties vocales moyennes de Curtis Knight et Jimi... qui joue toutefois un solo assez cinglant.
Et c'est l'un des points les plus marquants de ces enregistrements : Jimi est déjà un guitariste de blues remarquable de maturité pour son âge, faisant preuve de personnalité.
Son solo sur "There Is Something On Your Mind" ("Play the blues for me, Jimmy James!"), avec du trémolo, montre qu'il sait faire preuve d'un certaine retenue. Et "Sweet Little Angel" (B.B. King) vaut plus pour sa guitare que pour le chant trop forcé Curtis Knight. On notera que Jimi se situe plus dans le prolongement de Buddy Guy que celui de B.B. King.
Le chant de Jimi n'est pas encore satisfaisant sur "Bleeding Heart" - mais ses interventions en tant que soliste sont déjà remarquables. Sur la fin, l'enregistrement rencontre un problème - le nombre de mesures ne colle pas avec le morceau.
Autre preuve que c'est du Live : Curtis Knight nous indique lors de "Drivin' South" que Jimi joue son solo avec les dents - ce qui est confirmé par l'écoute. Sans atteindre les sommets vertigineux des versions ultérieures, Jimi fait preuve ici d'une grande maîtrise, montrant qu'il ne lui manque plus grand chose pour vraiment décoller.
Une fois encore, il est important de noter que ces deux titres figureront dans le répertoire de l'Experience...
Si je ne devais retenir qu'un titre (et deux plages), ce serait "California Night", aussi appelé "Travelin' To California", dont deux prises nous sont ici proposées. Dans une large mesure, on retrouve dans cette interprétation de ce morceau enregistré en 1962 par Albert King un "Red House" en devenir, où le chant de Jimi est loin d'être ridicule. Il y a de la magie dans le jeu de Jimi, intense, agressif, servi par une technique parfaite. La version du second CD est la plus impressionnante : à la limite du feedback, il joue deux tirés (avant 1 minute puis avant 1 minute 30) où se devine l'avenir de la guitare électrique. "Travelin' To California" est un document de premier ordre, déjà exceptionnel.