Stockholm ("Tonarskvall", Studio 4, Radiohuset) : 5 septembre 1967
Stages - Stockholm 67 (1991)
Dans une optique radicalement différente de celle de "The Jimi Hendrix Concerts", Alan Douglas publia en 1991 un coffret 4 CD retraçant quatre concerts de Jimi Hendrix, un par année, de 1967 à 1970. A la logique de la compilation, il substituait une approche plus proche des pirates, en proposant des performances se voulant représentatives des concerts de Jimi, avec leurs forces, mais sans gommer les points faibles. Partant du principe que seuls les véritables amateurs du guitariste seraient susceptibles de s'offrir un tel objet, Alan Douglas pensait légitimement récuser l'accusation de publier du matériel ne répondant pas toujours à un degré d'exigence minimale. On pourrait comparer le procédé à ce que propose Dagger Records aujourd'hui, à la nuance près que deux des quatre concerts sont enregistrés professionnellement !
Experience Hendrix LLC ne semble d'ailleurs pas trop savoir quoi faire de trois de ces concerts : à l'exception du "Live In Paris & Ottawa 1968" publié par Dagger en 2007 et de quelques titres publiés sur le coffret pourpre, tout ce matériel est redevenu inédit depuis. Au moins officiellement...
1. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band
2. Fire
3. The Wind Cries Mary
4. Foxy Lady
5. Hey Joe
6. I Don't Live Today
7. Burning Of The Midnight Lamp
8. Purple Haze
Le premier volume de "
Stages" a une tonalité sensiblement différente des trois autres : ce n'est pas un concert mais une performance Live enregistrée le 5 septembre 1967 dans les studios d'une radio suédoise, devant une centaine de spectateurs seulement, et destinée à être retransmise par la suite. Le détail a son importance : outre une ambiance incroyablement calme pour un concert du Jimi Hendrix Experience, les versions proposées sont autrement moins sauvages que celle du festival de Monterey, alors que les concerts ne sont séparés que de quelques semaines. C'est ici un groupe appliqué qui reproduit plutôt fidèlement les titres qu'il a enregistré en studio.
La qualité audio est le gros point faible de "
Stockholm 67" : si les voix de Jimi et de Noel ainsi que la batterie de Mitch sont claires, la guitare de Jimi est mixée beaucoup trop en retrait, et sans aucun relief. La basse de Noel souffrant du même problème, le rendu est définitivement plat, inférieur en cela à certains pirates "audience", dont le rendu de la dynamique est autrement supérieur. La plupart du temps, la guitare de Jimi n'est vraiment audible que lorsqu'il prend un solo (et enclenche sa Fuzz box...). Je présume que ce mixage catastrophique est le fait des ingénieurs Suédois, qui ont dû mixer le concert en direct (d'autant que c'est de la mono).
Le concert débute par le "
Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band" extrait de l'album des Beatles du même nom. C'est une version plutôt solide, dont les arrangements sont rodés. Le mixage sans relief est le seul reproche qu'on puisse lui faire.
Sur "
Fire", le manque de punch est vraiment pénible : l'énergie du groupe est n'est pas du tout restituée. Seule la batterie de Mitch ressort un peu.
Sur "
The Wind Cries Mary", où la dynamique a moins d'importance, on pourrait s'attendre à une amélioration substantielle : il n'en est rien car la guitare de Jimi est trop désaccordée pour que la pilule puisse passer.
L'Experience enchaîne avec "
Foxy Lady". Jimi joue manifestement moins fort que d'habitude : le timide feed back qui apparaît lors de l'introduction ne s'installe pas définitivement, ce qui oblige Jimi à lancer le riff avant d'obtenir l'effet voulu.
Le même problème se posera lors de la reprise en fin de titre. C'est une version molle, au solo peu inspiré, avec des pains en prime !
Sur "
Hey Joe", le rendu de la rythmique est plus satisfaisant. Sans être mauvais, le chant de Jimi a été plus inspiré.
Il enclenche la Fuzz box pour un premier solo correct, et l'audience peu nombreuse ne l'empêche pas de jouer le second avec les dents !
Le niveau monte de deux crans avec "
I Don't Live Today", que Jimi dédie aux indiens d'Amérique. La rythmique étant construite autour de la batterie de Mitch, on apprécie plus facilement le chant appliqué de Jimi. A défaut d'entendre la basse de Noel, on entend son chant lors du refrain !
Le premier solo de Jimi est assez proche de celui de la version studio, et assez réussi, même s'il est relativement bref.
Lors du deuxième solo, très free, Mitch Mitchell s'active à soutenir Jimi, qui signe là sa meilleure partie de guitare du concert.
L'introduction de "
Burning Of The Midnight Lamp" nous permet d'entendre Jimi à la wah wah, dans un exposé du thème tout en sensibilité. Ainsi que Jimi le précise en présentant le titre, c'est leur première version Live (seule la voix était en direct sur la version jouée quelques jours plus tôt à la BBC). Le solo est malheureusement un peu lointain pour pouvoir vraiment l'apprécier. C'est de loin le chant le plus habité depuis le début du concert : Jimi croyait énormément en ce titre, et ça s'entend.
Le concert se conclut sur "
Purple Haze", qui commence par une brève introduction bruitiste mais sans véritable direction.
Pendant les couplets, la guitare et la basse sont mixées tellement faiblement qu'il faut par moment tendre l'oreille pour les distinguer... Jimi rejoue le solo de la version studio avant un court développement.
Après le dernier couplet, Jimi joue un peu avec les dents avant d'exposer une dernière fois le thème de "Purple Haze", et de conclure avec les dents. La version manque trop de densité sonore pour que la sauce prenne : si seulement le titre avait été mixé correctement...
Au final ? Un premier volume anecdotique. L'inévitable comparaison avec "Jimi Plays Monterey" est édifiante. On reprocha d'ailleurs à Douglas de ne pas publier ce concert, très court (une demi-heure seulement), en bonus du second CD de "Stages". Bref, un document pour collectionneur.
Note : les ingénieurs du son de la radio suédoise ont sans nul doute mixé en direct. Douglas a certes des défauts, mais ce n'est pas un incompétent (les deux derniers volumes de "Stages" sont bien mixés).
Le soundboard n'est ni synonyme d'enregistrement multipiste (le tout a sans doute été mixé directement en mono), ni forcément un gage de qualité Hi-fi, surtout en 1967, de la part de personnes qui ne comprenaient pas forcément la musique de Jimi.
Ici, le son n'a aucun relief. Il suffit de comparer avec Monterey, où on sent l'attaque, le punch... bref la puissance.
On retrouve néanmoins ce concert sur l'ATM 031 : Soundboard Series 1, avec une nettement meilleure qualité audio ! Sur "Stages", certains procédés utilisés par Douglas & co sont critiquables. Pour supprimer le souffle, ils auraient appliqué certains filtres... avec comme conséquence une altération du son de guitare de Jimi.