EXP Over Sweden (1994)1. Can You See Me?
2. Killin' Floor
3. Foxy Lady
4. Catfish Blues
5. Hey Joe
6. Fire
7. The Wind Cries Mary
8. Purple Haze
9. EXP
10. Up From The Skies
11. Little Wing
12. I Don't Live Today
"
EXP Over Sweden" (UV-1002) est le second des trois CD publiés par UniVibes. Il présente des extraits des 4 concerts suivants du Jimi Hendrix Experience :
-
Stockholm (Stora Scenen) : 24 mai 1967 -
Stockholm (Dans In) : 4 septembre 1967 [Second concert]-
Stockholm (Konserthuset) : 8 janvier 1968 [Premier concert]-
Gothenburg (Lorensbergs Cirkus) : 8 janvier 1969 [Second concert]Les différents titres proviennent d'enregistrements amateurs qui, à l'exception de "Up From The Skies", sont d'une qualité audio très satisfaisante au regard des critères de l'époque. Seul le second concert du 4 septembre 1967 est présenté dans son intégralité.
"EXP Over Sweden" débute avec "
Can You See Me?", l'unique extrait du concert du 24 mai 1967 (dont l'enregistrement amateur est de bonne qualité). C’est une véritable décharge rock’n’roll, qui sera rapidement abandonnée du répertoire Live – alors que le titre fonctionne très bien. Le couple basse/batterie est infernal et même si le solo de Jimi est un peu décousu, comment ne pas être emporté par le torrent d’énergie qui se dégage de l'interprétation de l’Experience ?
Suit l'intégralité du second concert du 4 septembre 1967, dont voici la setlist :
1. Killing Floor
2. Foxy Lady
3. Catfish Blues
4. Hey Joe
5. Fire
6. The Wind Cries Mary
7. Purple Haze
C'est un enregistrement audience d'une cinquantaine de minutes d'une excellente qualité au regard des critères de 1967. Il y a certes un peu de distorsion, mais la balance est équilibrée et le rendu très musical.
Le concert débute par une de ses meilleures versions de "
Killing Floor", où l'introduction, telle qu'elle est jouée à Monterey, est précédée d'un passage modal atmosphérique du plus bel effet. Le concert part sur des bases très élevées : tout est en place.
De même qu'à Monterey, on enchaîne avec "
Foxy Lady", mais le titre est cette fois-ci joué à un tempo raisonnable. Le solo central de Jimi est relativement long, original et intéressant : il profite du sustain pour broder des mélodies qui n'appartiennent qu'à lui. Si le début du solo est assez moyen la suite, par contre, est très forte.
Jimi annonce ensuite qu'il va jouer un joli petit blues de Muddy Waters : c'est bien sûr "
Catfish Blues". La version est là encore de premier ordre, avec un solo central très impressionnant - Jimi met vraiment le feu. Mitch nous gratifie, comme d'habitude sur ce titre, d'un long solo de batterie. Il est vrai que les enregistrements amateurs ne leur rendent que rarement justice. La partie jouée à la wah wah qui suit est vraiment superbe...
Jimi annonce alors "Are You Experienced"... mais se ravise et joue "
Hey Joe". Sa voix lancinante opère ici parfaitement. On devine ses acrobaties scéniques lors des solos, qui restent pourtant très musicaux. "Hey Joe" respire les débuts de l'Experience, avec ce plaisir de jouer tout en mettant une grosse claque au public...
Il y a quelques flottements dans l'interprétation de "
Fire", mais ceux-ci sont largement compensés par l'enthousiasme et l'énergie du groupe : c'est la force de frappe de la rythmique qui détonne littéralement. Jimi n'est pas parfaitement juste, mais compense : il y a du métier derrière. On se rend d'ailleurs compte de l'étendue des dégâts lorsqu'il tente de se réaccorder.
"Tente de se réaccorder"... car Jimi n'est malheureusement pas très juste sur "
The Wind Cries Mary", où le chant superbement posé est lesté par ces problèmes de justesse, qui tuent quelque peu le lyrisme de la composition.
Rétrospectivement, il est étonnant de constater que Jimi ne disposait pas
backstage de 4 ou 5 guitares parfaitement accordées par ses soins, l'attendant dès qu'il jugeait la sienne trop fausse. Les temps ont changé depuis : il suffit de voir un concert des Stones où Keith Richards change de guitare à presque chaque morceau !
Pour autant, la performance reste honnête - les années passées comme sideman sur le
chitlin' circuit n'auront pas été inutiles de ce point de vue là...
Avant de présenter les musiciens, Jimi précise qu'ils ne vont pas jouer "Red House" parce que Noel Redding a oublié de prendre sa guitare (il joue même la partie de Noel pour appuyer le propos !). Il présente alors Noel comme étant la "
grand-mère de Bob Dylan", puis
Queen Bee (la reine des abeilles) à la batterie, plus connue sous le nom de Mitch Mitchell. Noel présente alors son leader sous le nom de
Jimi Henpecked... allusion directe aux pratiques sexuelles de Jimi, évoquées dans le livre d'Eric Nisenson :
'Round about midnight - Un portrait de Miles Davis.
C'est avec "
Purple Haze" que le groupe termine sa performance, avec sans doute la plus longue de toutes les versions documentées : elle dépasse les 10 minutes. Après un début furieusement bruitiste, le groupe livre une interprétation solide de la chanson, mais c'est la suite qui est étonnante : le final de "Purple Haze" est tout simplement apocalyptique ! C'est le "LA Blues" des Stooges avant l'heure... ou quand le rock rencontre Sun Ra !
"EXP Over Sweden" nous propose ainsi un excellent concert de l'Experience, l'un des meilleurs documents amateurs concernant l'année 1967.
On continue avec 3 extraits du premier concert du 8 janvier 1968, dont la setlist reste l'une des plus singulières : c'est en effet le seul concert documenté du groupe où sont interprétés 4 titres de son second album. "EXP Over Sweden" nous présente les plus rares. Après avoir joué "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band", le groupe interprète les trois premiers titres de son nouvel album, "Axis: Bold As Love". C'est une première... qui restera sans suite, ce que l'on peut regretter dans la mesure où le résultat semble plutôt concluant. Sur "
EXP", Mitch Mitchell nous montre ses talents d'acteur en interprétant son rôle de présentateur... même s'il semble avoir un trou en fin de texte. Jimi se fait ensuite plaisir en réunissant son amour de la science fiction et celui de la guitare...
... et reste dans une thématique proche avec "
Up From The Skies", dont c'est aussi la seule et unique version documentée. Malheureusement, la qualité audio se dégrade nettement, rendant l'écoute de cette rareté difficile (on rencontre des crissements réguliers très désagréables). La qualité ne s'améliorant pas sur "Spanish Castle Magic", le choix de ne pas l'avoir intégré ici se justifie pleinement.
Des quatre titres repris de ce soir, "
Little Wing" est le plus intéressant, ne serait-ce que pour des raisons techniques (la qualité audio est vraiment supérieure). Jimi est désaccordé mais se sert de son expérience de sideman pour faire en sorte que la plupart du temps, on ne s'en rende même pas compte. Il joue d'ailleurs de superbes traits en rythmique. Son chant est très appliqué, et touchant. L'aspect onirique de la composition est là.
Contrairement aux versions en concert les plus célèbres (les versions officielles du Winterland et du Royal Albert Hall), le solo dure plus des deux cycles de mesures habituels. Mais on ne retrouve ni la tension de celle du Royal Albert Hall (la plus belle), ni la retenue de celle du Winterland (magnifique aussi). On notera que lors des deux premiers cycles (qui restent d'un très bon niveau), Jimi se répète lors du passage qui s'ouvre avec le second La mineur de la grille, et que les problèmes de justesse plombent surtout le troisième et dernier cycle.
La fin en arabesque (où la grille d'accords est légèrement modifiée) n'est pas encore présente, ce qui fait dire à Jimi qu'il est dur de terminer le morceau sans le
fade out de la version studio !
Il est surprenant de constater que Jimi ne défendra pas "Axis: Bold As Love" sur scène lors de sa tournée américaine à venir. Peut-être est-ce lié au fait que, rapidement, il se soit montré très critique quant à ce disque ?
Le dernier titre, "
I Don't Live Today", est le seul extrait du second concert donné le 8 janvier 1969 à Gothenburg. C'est l'un des rares titres de la performance où Jimi fait surface, cette dernière étant l'une des pires du groupe. Le solo central débute par une citation du "Tomorrow Never Knows" des Beatles, suivi par une improvisation complètement free qui constitue peut-être le meilleur moment du concert.