Nuremberg (Meistersingerhalle) : 16 janvier 1969 [Premier concert]

Nuremberg (Meistersingerhalle) : 16 janvier 1969 [Premier concert]


Titres :

1. Come On (Part One)
2. I Don't Live Today
3. Hey Joe
4. Fire
5. Red House
6. Foxy Lady
7. Purple Haze
8. Voodoo Child (Slight Return)

Source : Je dispose d'un enregistrement "Audience" d'excellente qualité. La voix de Jimi est trop en arrière, mais le rendu de la guitare est remarquable, et le son du groupe très bien équilibré.

Le groupe ouvre avec une superbe version de "Come On (Part One)" : Jimi semble au sommet de sa forme !

Ce qu'il confirme sur "I Don't Live Today" : la voix est certes difficilement audible lors des couplets, mais la qualité des deux soli de Jimi est telle qu'en faire abstraction est indispensable. Du TRES GRAND Jimi Hendrix.

Un spectateur réclame "Hey Joe"... et le groupe s'exécute. Le titre passe toutefois moins bien, la voix étant trop enterrée dans l'enregistrement.

Par contre, le rendu sur "Fire" est efficace : Jimi ne chante pas les couplets en même temps qu'il joue. Le solo central est fiévreux à souhait. Explosif !

Jimi est peut-être un peu trop pressé dans l'exécution des deux premiers couplets de "Red House".. mais quel solo central là encore ! Les 2 premiers cycles sont joués avec une intensité formidable - Jimi semble d'ailleurs vouloir enchaîner sur le passage percussif dès le deuxième... mais Mitch & Noel continuent sur leur lancée. Le titre s'étire sur près d'un quart d'heure, en reprenant les arrangements documentés sur "Variations On A Theme: Red House".
Lors du dernier couplet, Jimi joue à un moment la rythmique en shuffle comme il le fera sur la version du 18 février 1969... alors que Mitch et Noel sont bien dedans cette fois-ci !

Sur "Foxy Lady", la voix de Jimi est à peine audible. Le solo de Jimi, qui se situe dans le prolongement de la version studio du groupe, est remarquable.

Sans répit pour le public, l'Experience poursuit avec "Purple Haze". Le chant est malheureusement presque inaudible. Dommage, car la version est instrumentalement impeccable : sauvage et puissante.

C'est avec "Voodoo Child (Slight Return)" que le groupe termine le premier concert de la journée (la setlist du second, non documenté, reste un mystère). Jimi continue sur sa lancée, et joue là encore de superbes parties de guitare.


Au final ? Sur la lancée de l'excellent concert de Münster, l'Experience confirme le tournant de la tournée européenne de 1969. Après des débuts catastrophiques, le groupe se reprend et livre des concerts inoubliables. La performance de Nuremberg est tout simplement superbe : sans temps mort, avec une intensité formidable. Quel musicien !

Selon N. Toplak, qui a chroniqué le concert, le chant de Jimi était à peine audible - de même que Mitch Mitchell. Il ne comprend pas pourquoi Hendrix joue à un tel volume sonore - au-delà de la douleur physique.

La chronique du Nürnberger Nachrichten est nettement plus favorable : l'auteur parle de "géant musical" (tout en notant lui aussi que le volume sonore de Jimi est comparable à celui d'une escouade d'avions !).

Citation :

Ayler a dit : C'est une constante qui revient dans tous les témoignages liés à cette tournée. Déjà presque sourd d'une oreille si l'on se fie à la première bio de McDermott, il va sans dire que Jimi aurait rencontré, s'il avait survécu, de très sérieux problèmes de ce coté là...
Les limites physiques s'appliquent aussi aux génies.

Citation :

Titi a dit : Dans "Mots Pour Mots" p 5, David Stubbs évoque cette puissance sonore en disant qu'avec l'arrivée d'Hendrix "c'était comme si l'arsenal sonique était passé du mousquet à la bombe nucléaire du jour au lendemain."

Un peu plus loin, il rapporte les propos de Allan Jones qui a assisté à un concert de l'Experience en 1967 :

"Le son était proprement terrifiant. On avait l'impression qu'il pompait l'air hors de nos poumons, nous laissant hagards. Le souffle court."

NÜRNBERGER NACHRICHTEN - by ‘Beb’:
“The ‘experience’ by which Jimmy [sic] Hendrix communicates is one only he can produce. Other bands have experimented with artificial sounds as well, but an improvement will probably never be reached by anyone else. Hendrix’s guitar is louder than a squad of jet airplanes starting up, and all the machinery from the München metro put together. But there is order in this chaos. Subtle rhythmic changes create islands within the cacophony where one can find direction... Every member of the band stayed in close contact with each other, which demanded a maximum of concentration because of all the complex and spontaneous developments taking place.
The music, reminding us very much of fragments coming from outer space, asks the audience to be able to adapt. Unfortunately one could see that in the Meistersingerhalle most of the listeners were not up to this task, and they showed this with incompetent complaints in their helplessness to cope with such a musical giant.”

NÜRNBERGER ABENDZEITUNG (‘Nuremberg Evening Gazette’)
‘Yesterday Nürnberg goggled at The Jimi Hendrix Experience’, ‘Struwwelbeatle (a play on Struwwelpeter [‘tousle-head’ + the Beatles as in the Moptops [the Beatles]) im Pop Paradies’ (‘in Pop Paradise’) - [16 January review] by: Wulf Weidner: “Like a bottle of soda water under double or triple pressure. a powerful musical act exploded yesterday at the Nürnberger Meistersingerhalle: The Jimi Hendrix Experience. Musical Molotov cocktails + decibel-fondue = a first-class acoustic state dinner.
[...] This perfect, hip music machine produced a festival of sounds: fast, rhythmic, happy, dreamy, and - demanding. Over thirty decibel machines - if I counted correctly - coughed sounds and chords together into a cold fever sound, which moved the audience to the witch’s cellar of Greenwich Village. Two hundred and twenty decibels roared through the hall yesterday: in a soccer stadium filled with 50,000 people the utmost one can measure is 170 decibels.
[...] Before his show Hendrix sent his [sic] discovery ‘The Fire Apparent’ into the game to warm up the crowd. The group from Ireland partly reminded me of the early Beatles in Hamburg; but manager [sic] and producer Hendrix remained godfather. What Jimi presents with ease, the Irishmen flog as Hendrix plagiarism. Alas! The drummer David Lutton is at least the equal of Experience drummer Mitchell. But Chris Stuart, bass player of the group, had a different opinion during the first show (18:00) yesterday: Out of rage because of a missed cue (on his part) he threw his bass at his associate. The thing broke. That’s also part of the show. An evening in pop paradise: the young audience felt like it was in heaven. A heaven with ‘only’ three stars - the Jimi Hendrix Experience.

NÜRNBERGER NACHRICHTEN (‘Nuremberg News) - ‘Jimi Hendrix Experience’ - by S. Toplak:
“Jimi’s amplified guitar whined and shrieked with a hundred decibels and more, telling stories about hydrogen bomb explosions, rockets taking off and messages from the universe. Hendrix is a technically excellent player... Why all this has to be displayed on a sound level that constantly exceeds the pain limit is absolutely incomprehensible, especially since the singing and the battered drum kit could hardly be heard. Structures or subtle changes in rhythm or the musicians’ interplay were impossible to detect. As one listener sighed after the torture endured: ‘Ouch, my poor ears.’ Enough said.”

Nürberger Zeitung - 18 Janvier 1969 - S. Tolak

Come on (part1) à lui seul vaut le détour.
Jimi sublime les reprises.