Providence (Rhode Island Auditorium) : 27 novembre 1968
3500 spectateurs
Titres :
1. Sgt Pepper's Lonely Heart's Club Band
2. Fire
3. Hey Joe
4. I Don't Live Today
5. Voodoo Child (Slight Return)
6. Red House
7. Sunshine Of Your Love
8. Spanish Castle Magic
9. Foxy Lady
10. Star Spangled Banner
11. Purple Haze
Source : The Jimi Hendrix Experience - Providence Rhode Island - November 27,1968
Cet enregistrement pirate audience présente beaucoup de distorsion et de mauvaise résonance, on imagine une prise de son lointaine et un groupe qui joue très fort dans une enceinte à l’acoustique non appropriée. Le concert est complet, mis à par quelques cuts (Red House, Purple Haze) et dure plus d’une heure et demie, ce qui est pratiquement un record pour le groupe.
L’Experience a ouvert de nombreux concerts de 1968 avec
"Sgt Pepper's Lonely Heart's Club Band", surtout lors du premier semestre, témoignant de l’admiration que Jimi avait pour le disque des Beatles. Ce titre ne sera plus enregistré que deux fois en 1970 (Philadelphie et Wight, toujours en intro de concert). Mitch s’en donne à coeur joie lors de l’intro, et le groupe prend tout simplement du plaisir avec ce titre festif, très court mais efficace.
Sans transition, c’est l’enchaînement avec
"Fire”, avec Noel aux backing. Le solo est plus long que d’habitude, construit selon sa structure traditionnelle mais continuant durant une mesure sur un riff transitoire avant la reprise du chant.
Jimi s’accorde avec soin et présente
"Hey Joe" comme un morceau "enregistré en 1793 aux Benjamin Franklin Studios". Sans intro rallongée, le tempo adopté est assez lent et l’interprétation sans surprise. "
I Feel Fine" des Beatles est citée à plusieurs reprises.
Le titre suivant,
"I Don’t Live Today", est dédicacé comme d’habitude aux indiens d’Amérique. Il y a eu quelques problèmes techniques lors de ce show, et c’est peut-être ce qui explique que Jimi ne chante pas lors du premier refrain, mais cela ne l’empêche pas par contre de se lancer dans un solo apocalyptique de près de cinq minutes sans le moindre temps mort où Mitch ne se gêne pas pour marteler ses fûts et martyriser ses cymbales. Après la tempête, le refrain finit enfin par reprendre, puis le pont, et le final ne sera que déluge de notes avec l’accélération du rythme lors du dernier solo. Cette version, c’est plus de dix minutes de violence et de hargne à l’état pur... Le public ne s’y trompe pas en applaudissant chaleureusement.
La guitare est raccordée avant l’intro de
"Voodoo Child (Slight Return)". Cela fait quelques concerts maintenant que le groupe joue ce nouveau morceau, et on se rapproche doucement de la structure live que l’on connaîtra par la suite. L’intro et le premier couplet sont très réussis, il y a dans le solo des phrases qu’on retrouvera lors des concerts de 1969, comme celui du RAH, mais aussi et malheureusement d’importantes fluctuations de vitesse de défilement de bande lors du final joué a capella à la wha wha.
"Red House" souffre aussi d’un mauvais défilement de bande, ce qui rend son écoute très difficilement appréciable. Durant plus de 15 minutes, Jimi joue solo sur solo, ainsi qu’un agréable intermède guitaristique interprété seul avant la reprise du chant. Il y a malheureusement un cut avant les dernières secondes.
En hommage au groupe Cream, le groupe reprend
"Sunshine Of Your Love" en instrumental, prétexte à une longue Jam de dix minutes, qui permet entre autres à Noel de nous gratifier d’un solo de basse et d’intéressants échanges entre Jimi et lui. Le final se résume au riff principal baissant crescendo de tempo.
Jimi annonce
"Spanish Castle Magic" et déclare vouloir aussi jouer une chanson de Bob Dylan, mais qu’il en a oublié les paroles (All Along The Watchtower ?), on remarquera qu’il n’existe finalement qu’un enregistrement public interprété par l’Experience de ce morceau, celui de Münster en janvier 1969. Jimi dédicace le titre aux "
petites amies de tout le monde" comme il le fait souvent pour
Foxy Lady, puis rappelle qu’en Angleterre c’est aujourd’hui la fête des mères, et que toutes les jeunes filles de l’audience qui ne le sont pas encore ont rendez-vous avec les membres du groupe dès la fin du show.
Enfin, Jimi s’excuse de devoir jouer des "vieux" morceaux, mais qu’entre les sessions studio pour le nouvel album et la tournée, le groupe n’a pas eu le temps de travailler les nouvelles chansons. C’est alors un très long
"Spanish Castle Magic" qui démarre, avec un solo interminable, agressif dans un premier temps puis très calme à la guitare seule. Après un passage joué avec les dents, le chant reprendra pour quelques secondes avant que ne s’achève cette version de plus de 15 minutes.
Le public est remercié juste avant l’intro de
"Foxy Lady". Sur ce morceau, on entend curieusement très bien les cymbales de Mitch. Une partie du solo est jouée avec les dents, solo qui comme souvent lors de ce concert dure beaucoup plus longtemps qu’à l’accoutumée. Excellente version.
Jimi dit qu’il va jouer l’hymne national et demande en conséquence aux spectateurs de se lever, car sinon le groupe leur jettera un sort et leurs futurs enfants naîtront nus comme des vers… L’interprétation de
"Star Spangled Banner" est superbe, sauvage, très proche de ce qui sera fait à Woodstock.
L’enchaînement est immédiat avec
"Purple Haze". Le niveau sonore et l’acoustique rendent la rythmique pachydermique pendant les couplets, le solo central est très long, Jimi se trompe comme souvent dans ses paroles lors du dernier couplet, et la bande rend l’âme quelques secondes avant la fin du morceau.
Est-ce la perspective de la fin de la tournée qui a amené le groupe à jouer plusieurs morceaux de 15 minutes et faire durer le show aussi longtemps ? Comment expliquer cette débauche d’humour et d’énergie ? Ce soir là, Jimi s’est montré un peu coquin, blagueur et surtout très inspiré dans son jeu. Contrairement à certains soirs, on a l’impression de retrouver un groupe heureux d’être sur scène pour tout simplement jouer de la musique.
Une fois de plus, certains titres comme Foxy Lady, St Peppers, SSB, et surtout I Don’t Live Today auraient mérité un enregistrement Soundboard pour pouvoir les apprécier à leur juste valeur.