Randall’s Island (New York Pop) : 17 juillet 1970Titres :
1. Stone Free
2. Fire
3. Red House
4. Message To Love
5. Lover Man
6. All Along The Watchtower
7. Foxy Lady
8. Ezy Ryder
9. Star Spangled Banner
10. Purple Haze
11. Voodoo Child (Slight Return)
Source : Enregistrement soundboard de plus d'une cinquantaine de minutes, de très bonne qualité audio.
Parmi les concerts Soundboard de Jimi Hendrix, celui de Randall’s Island (17 juillet 1970) est un de ceux qui a la plus mauvaise réputation. Réputation étonnante : le seul titre officiel rescapé de ce concert ("Red House") est un des points d’orgue de la carrière de Jimi.
Prenant les slogans 60’s au pied de la lettre, de nombreux activistes aux revendications utopistes et démagogiques profitaient des grands mouvements rock pour faire leur propagande et/ou squatter les grands concerts : cela explique l’ambiance détestable qui régnait par moment… et la virulence des propos de Jimi à l’encontre de certains spectateurs.
"Cancers killing me. Hey we got aa Billy Cox on bass, we got Mitch Mitchell on drums. Yeah right. And we got yours truely on public saxophone."
Stone Free :
C’est par une version convaincante de "Stone Free" que le groupe ouvre son concert : chant appliqué, solide solo malgré un petit problème technique.
Fire :
Version plutôt réussie… si ce n’est un monumental cafouillage au niveau des paroles au début du second couplet (qu’un Alan Douglas ne se serait pas privé d’éditer, s’il en avait publié une version officielle).
Outre la classique citation du riff de "Outside Woman Blues", Hendrix nous gratifie non seulement d'un second riff de Cream ("Sunshine Of Your Love"), mais aussi de celui de "Satisfaction" des Rolling Stones !
"Fuck off man let me talk"
Red House :
Ma version officielle préférée.
INFINIE.
Hendrix pousse le blues dans ses derniers retranchements, à son paroxysme. Le calme du chant, superbe (et particulièrement émouvant), fait contraste avec la furie guitaristique du solo, parfait de bout en bout.
Message Of Love :
Le chant manque de conviction. Les deux soli de Jimi manquent de relief, un peu à l’image du reste du titre. Rien de catastrophique, mais le feu sacré n’est pas au rendez-vous.
Lover Man :
Classique du répertoire Hendrixien, version correcte.
A noter que le plan du "Vol du Bourdon", déjà joué lors du solo de "Stone Free", est repris là aussi (comme d'habitude).
All Along The Watchtower :
La reprise de Dylan ne subsiste qu’en version "audience"… et c’est regrettable car c’est une version Live réussie présentée ici par le groupe. Le solo central est construit selon le même schéma que la version studio, avec un rendu honnête, compte tenu de la difficulté technique de reproduire Live des passages aussi variés.
Bonne surprise.
Foxy Lady :
Là encore, Hendrix colle au solo de la version studio, même s’il pousse un peu plus loin cette fois-ci.
Il s’emmêle un peu les pinceaux dans les paroles du refrain pour un résultat final moyen : on a tout de même connu des versions plus denses (les problèmes de justesse n’arrangeant rien…).
L’ambiance du concert semble manifestement détestable
"Like to play a song that's..awe fuck you, goddamn"
Ezy Ryder :
"Ezy Ryder" fait partie de ces titres que Hendrix avait du mal à chanter Live : cumuler chant et guitare rythmique sur ce type d’arrangements n’est pas facile. On peut se demander pourquoi Jimi s’évertuait à tenter ces titres ? Trop concentré sur sa guitare, peut-être n’était-il pas conscient de la faiblesse de son chant ?
Pour autant, la version de Randall’s Island est énergique.
Star Spangled Banner :
Avant de voir la version filmée (extrait du film "The Day The Music Died"), je m’étais interrogé sur la qualité de la bande : Hendrix joue avec le silence d’une manière déconcertante (surtout si l’on a la seule version de Woodstock en tête).
Mais cette prise gagne à être connue car son aspect déstructuré en fait peut-être la prise la plus radicale jamais enregistrée. Violente ("Watch out for North Dakota !") et décalée ("Auld Lang Syne" est cité après la montée finale en accord), elle montre un artiste vivant, continuant à défricher.
Purple Haze :
Bonne version ! La version de mon boots, complète (hybride des diverses sources), lui rend justice. Solo inédit. L’enthousiasme est bien présent, et la qualité du chant s’en ressent !
"We'll dedicate this one to Gale, and Devon, and Collette and Alan Douglas, and Bill Press, fuck off !, these are my friends. Ah yeah well fuck you then, good night"
Voodoo Child (Slight Return) :
Traditionnelle conclusion des concerts. Si le chant des deux couplets est moyen, les parties de guitare de Jimi sont plutôt intéressantes… mais courtes (la version ne dure que 6 minutes !).
Conclusion ? Difficile de rendre un verdict définitif sur cette performance : selon que l’on retienne le meilleur ou le ventre mou du concert, le ressenti final sera varié d’un auditeur l’autre, voire d’une écoute l’autre.
La version pirate où "Red House" & "All Along The Watchtower" manquent à l’appel perd de facto incroyablement en puissance.
Inversement, une édition officielle intelligemment éditée aurait pu présenter un Live du groupe qui aurait eu de quoi satisfaire plus d’un fan.
Petite fiction Hendrixienne :
Jimi Plays Randall’s Island
Face A
1) Stone Free (problème technique du début de solo édité)
2) Fire (flottement du second couplet édité)
3) Red House
Face B
1) All Along The Watchtower
2) Ezy Ryder
3) Star Spangled Banner
4) Purple Haze
5) Voodoo Chile (Slight Return)
Au final, je milite pour une réhabilitation du concert de Randall’s Island. Ne serait-ce que "Red House" !
Performance contrastée. Pas inoubliable, mais pas ratée.