Fort Worth (Will Rogers Auditorium) : 17 février 1968
Titres :
1. Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band
2. Please Crawl Out Your Window
3. The Wind Cries Mary
4. Fire
5. Catfish Blues
6. Foxy Lady
7. Hey Joe
8. Purple Haze
9. Wild Thing
Source :
Cette chronique est basée sur "Way Down in Texas Land" (ATM 108) [CD 2], pirate légèrement plus complet que "Remember the Alamo" (où la partie manquante de "Foxy Lady" provient d’une version mono antérieure de la même source).
Une des particularités de ce concert donné à Fort Worth réside dans la set-list : elle est majoritairement composée de reprises, alors que Jimi disposait déjà de plusieurs singles et de deux albums signés de sa plume.
Le groupe commence ainsi avec le "Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band" des Beatles, avant d’enchaîner avec le "Please Crawl Out Your Window" de Bob Dylan (dont il existe peu de versions). Pas de long solo sur ces deux titres, mais des versions solides de titres rarement joués aux States.
La bonne humeur de Jimi Hendrix, qui plaisante avec l’audience est manifeste. Avant d’attaquer "The Wind Cries Mary", il précise qu’il va jouer un titre de… 1776 !
Proche de l’originale, c’est une meilleure version que celle proposée la veille (même si Jimi n’est pas toujours parfaitement juste).
Sur "Fire", Hendrix place quelques traits bien sentis entre son intro en octave et le premier couplet. Si le premier solo est bref et conforme à la version studio, Hendrix développe un peu son discours sur le second. Version efficace… as usual.
La courte introduction de "Catfish Blues" préfigure furieusement ce que Jimi allait immortaliser sur la version longue de "Voodoo Chile". C’est d’ailleurs la dernière version enregistrée par l’Experience du standard de Muddy Waters.
Le premier solo n’est pas très long, mais il est splendide : "Catfish Blues" fait partie de ces morceaux où Hendrix fait presque toujours mouche.
Les quatre premiers titres du concert étaient certes efficaces, mais certainement moins propices à l’improvisation, l’exploration et une certaine profondeur. Hendrix peut ici s’exprimer dans un contexte qu’il maîtrise parfaitement.
De même que Mitch Mitchell qui prend un long solo de batterie dont le rendu est très moyen… comme souvent sur les pirates Audience.
Hendrix reprend quasiment seul, à la wah wah, s’éloignant largement du blues.
A 10:30, Hendrix se lance dans une rythmique en rupture totale avec ce qui précédait (des traits Little Wingiens)… avant de mettre le turbo sur la fin up tempo habituelle.
Impossible de se prononcer sur "Foxy Lady" : la vitesse de bande fluctue en permanence, créant des changement de tonalités virtuels totalement hors de propos. On notera tout de même deux citations de Cream lors du solo : "Outside Woman Blues" et "Sunshine Of Your Love".
L’ambiance est à la rigolade : le groupe échange quelques blagues avec le public avant de lancer "Hey Joe", qui bénéficie de la même introduction que la veille à Dallas… et souffre des mêmes maux que "Foxy Lady" (dans une moindre mesure). Etrangement*, la vitesse se stabilise sur la fin.
*Effectivement, dans les années 60, l’autonomie limitée des enregistreurs portables explique souvent ces fluctuations, qui débutent généralement en milieu de concert…
A ce jour, aucun être humain n’a jamais assisté à un conflit nucléaire. Mais pour ceux qui désirent se faire une idée, qu’ils écoutent la longue introduction de "Purple Haze" proposée par le groupe ce jour-là !
Hendrix paye toutefois ses sons thermonucléaires par la suite : il est complètement désaccordé sur les deux premiers couplets.
Version apocalyptique donc… pour le meilleur et pour le pire !
Hendrix a quelques problèmes de justesse sur "Wild Thing", dont les couplets n’ont pas la force de la version de la veille.
Il cite cette fois-ci le thème de "Strangers In The Night", dans un solo convaincant.
Hendrix termine dans un final bruitiste, criant "Remember the Alamo" (symbole de l’indépendance du Texas en 1836… et de la mort de Davy Crockett !), faisant subir les pires outrages à sa Stratocaster.