Live At The Oakland Coliseum (1998)CD 1
1. Introduction
2. Fire
3. Hey Joe
4. Spanish Castle Magic
5. Hear My Train A Comin'
6. Sunshine Of Your Love
7. Red House
CD 2
1. Foxey Lady
2. Star Spangled Banner
3. Purple Haze
4. Voodoo Child (Slight Return)
Le "
Live At The Oakland Coliseum" est le premier volume de la série initiée par Dagger Records en 1998. C'est un enregistrement amateur effectué le 27 avril 1969 par Ken Koga à partir d'un magnétophone à bobines et d'un unique microphone dans l'audience. Il va sans dire que la qualité audio est nettement inférieure à celle du concert donné la veille au
L.A. Forum. Selon les critères de l'époque, la qualité audio de l'enregistrement reste acceptable pour un enregistrement amateur, d'autant que les instruments sont bien équilibrés.
Contrairement au concert donné la veille, l'Experience ne commence pas son set par une longue jam mais par un classique de son répertoire que le groupe connaît sur le bout des doigts : "
Fire".
Le solo central commence dans le prolongement de la version studio lorsqu'un feedback involontaire semble prendre le dessus sur le jeu fretté de Jimi, sans doute en raison du haut volume sonore. Qu'à cela ne tienne, Jimi réussit à domestiquer ce feedback et l'intègre en temps réel à son solo : encore un exemple de sa virtuosité.
Là où la plupart de ses contemporains auraient perdu pied, Jimi transcende la difficulté et en tire partie.
Sur "
Hey Joe", dont c'est la première version depuis la balance du Royal Albert Hall, Jimi improvise de nouvelles paroles en lien direct avec ce qui se passait alors au Vietnam. Sans faire de prolongation, il improvise de courts soli montrant sa volonté de ne pas trop figer son répertoire.
"
Spanish Castle Magic" est le premier théâtre d'une longue improvisation. La ligne de basse répétitive de Noel Redding permet à Jimi d'explorer sans autre contrainte que sa seule imagination. De même que la veille au Forum, Jimi joue un long passage a capella dont le corps de l'improvisation partage de nombreux éléments avec ce qui deviendra la "Woodstock Improvisation".
Après une remarque assassine à l'intention des membres de l'audience qui voudraient faire de lui un jukebox, Jimi attaque "
Hear My Train A Comin'". La version qu'il livre ici est sublime.
Malgré la qualité audio moyenne, le son de la guitare de Jimi est bien retranscrit par l'enregistrement. Et il est magnifique.
Ce blues cristallise tout le paradoxe de la tournée de 1969 : le groupe est au bord de l'implosion... mais il produit une musique exceptionnelle, la meilleure de sa courte existence. En moins de trois ans, les talents d'improvisateur de Jimi ont pris une dimension incroyable. Mois après mois, il n'a cessé de repousser les limites de son imagination, et celles de son instrument.
Jimi chante particulièrement bien sur ce morceau. Le passage final où il crie "
Hear my train a comin' !" est le tremplin idéal à l'ultime déferlante guitaristique où ses notes se font hurlements. En poussant le blues aussi loin, il tue le genre : ce qui viendra par la suite ne pourra sembler que bien terne à ceux qui auront été initiés par l'Experience.
Comme la veille, l'Experience rend hommage à Cream avec "
Sunshine Of Your Love", mais pas au sein d'un medley cette fois-ci. C'est une version construite suivant le même schéma que celle jouée au Royal Albert Hall. Pendant le solo de basse de Noel Redding, Jimi se fait percussionniste... accompagné des battements de mains d'un spectateur proche du micro de Ken Koga !
"
Red House" est un autre sommet de ce 27 avril 1969. Si la structure de l'improvisation est similaire à celle des grandes versions soundboard de 1969, Jimi sait rendre chaque version unique, toujours passionnante.
Pour les tirés de son introduction confinant au feedback alors qu'il est presque en son clair, pour les couplets de son incontournable blues toujours réinventés tant dans les inflexions que dans les paroles ("
Je sens qu'il y a de la flicaille quelque part, mon bébé ne vit plus par ici"), pour son solo central, tellurique... Chaque nouvelle version contient la promesse d'un
quelque chose inoubliable.
"
Foxey Lady" (orthographe US) est un autre exemple de la réactivité de Jimi : lors du solo central, il casse une corde et se retrouve désaccordé... et s'en tire incroyablement. Il improvise alors en modulant un mur de feedback avec son levier de vibrato !
La version traîne un peu en longueur, notamment en raison des flottements liés au problème de justesse...
La version de "
Star Spangled Banner" qui suit est en revanche très réussie. Moins violente que celle de Woodstock, elle comporte un passage où Jimi imite une sirène d'alarme de façon pour le moins réaliste.
Sans atteindre le sommet de la version de la veille, le groupe livre une solide version de "
Purple Haze", dont le solo contient d'intéressantes variations.
Jimi demande alors à l'audience d'applaudir Jack Casady pour le dernier numéro du concert : "
Voodoo Child (Slight Return)".
Le livret propose quelques photos prises durant ce titre : Noel Redding a délaissé sa basse au profit d'une guitare demi-caisse (une Gibson ES335 rouge). Il est toutefois à peine audible durant les 18 minutes qui suivent.
"Voodoo Child (Slight Return)" est ici le prétexte à une longue jam où Jimi se montre inspiré, tirant partie de la présence de Jack Casady. Alors qu'en général, c'est avec Mitch Mitchell que Jimi interagit en permanence habituellement, il a ici autant recours aux propositions de Jack Casady qu'à celles de son batteur (ce qui n'est jamais le cas avec Noel Redding). Anecdote amusante : alors que le morceau arrive à son terme, Jimi demande au public d'applaudir... Jack Bruce !
Au final ? Une superbe performance de l'Experience, magnifiée par de longues plages particulièrement inspirées ("Hear My Train A Comin'", "Red House" et "Voodoo Child (Slight Return)").