En complément de ce qui a été présenté dans ce fil, voici un bref historique du cinéma Novelty d'après-guerre : les époux Bodmer (Roger et Madeleine), propriétaires du Novelty (22 Rue Chartraine à Evreux), durent faire reconstruire la façade détruite par le bombardement de juin 1940 qui avait dévasté le centre d'Evreux. Les deux niveaux de la salle de 1035 places assises (datant de 1938) ne furent en revanche pas touchés par l'incendie, ce qui permit au cinéma de maintenir son activité sous l'Occupation.
Au cours des années 1950-1960, le cinéma accueillit certains jazzmen pour divertir les soldats américains de la base aérienne de l'OTAN Evreux-Fauville (présents sur place entre 1952 et 1967). Le Novelty reçut également les vedettes francophones en tournée (Piaf, Aznavour, Brel…), notamment grâce au producteur de spectacles Roland Hubert, un proche de Bruno Coquatrix (patron de l'Olympia dès 1954).
A la fin de l'année 1978, les Bodmer se retirent et un projet de transformation en galerie marchande est lancé : la salle historique du Novelty est entièrement détruite en 1979 et deux petites salles de cinéma sont reconstruites dans le sous-sol de la nouvelle Galerie Chartraine (elles perpétueront encore quelques années le nom de "cinéma Novelty"). La galerie est actuellement en voie de réhabilitation après la fermeture de sa dernière boutique en 2018. Il n'y a plus de cinéma dans ces lieux depuis le milieu des années 1980.
Un célèbre site de vente en ligne permet aujourd'hui de compléter en images la petite histoire du tout premier concert de l'
Experience, en publiant certaines reproductions du cinéma Novelty dans son aspect des années 1950.
Ci-dessous, la façade du Novelty à la fin 1956 (vue de jour) et à une date inconnue (vue de nuit) :
Ici, différentes vues de l'intérieur de la salle, datant probablement de la fin des années 1950 :
Mais il semble que l'intérieur de la salle du Novelty ait eu un autre aspect en octobre 1966. En effet, les images du concert d'Evreux, tirées du documentaire de Claude Goretta,
Johnny : Je suis seul (diffusé le 4 novembre 1966 dans l'émission "Cinq colonnes à la une"), en donne un (furtif) aperçu. A partir de 23:45 du film, à la lumière d'un projecteur, on distingue la décoration du mur nord de la salle (le V inversé et ses étoiles filantes), correspondant à ce qu'on observe sur les photographies du cinéma Novelty publiées par le journal
La Dépêche à une date inconnue.
Ci-dessous, la capture d'écran du documentaire et la photographie de l'hebdomadaire :
Une inscription manuscrite au verso d'une autre photo mise en vente semble d'ailleurs se référer aux nouveaux décors de la salle : "
soubassement rouge cerise – plissé gris clair bleuté".
Notons au passage que dans la séquence filmée de l'attente en coulisse (à partir de 18:55 de la vidéo ci-dessous), on peut entendre, en fond sonore, plusieurs mesures de la première partie du concert. Mais, apparemment, rien qui soit en lien avec l'
Experience ou qui pourrait nous renseigner sur la
setlist originelle…
https://www.youtube.com/watch?v=kgZezO45ATIEnfin, pour revenir sur la remarque de Purple Jim concernant la veste à franges que portait Jimi Hendrix ce jour-là, voici ce que déclarait Alain Lambert dans le dossier de Paris Normandie-Eure du 8 octobre 2016 :
"
C’est à l’entracte qu’Alain Lambert découvre le nom du Jimi Hendrix Experience, « écrit sur un bout de papier, posé sur un trépied. » C’est d’ailleurs à ce même moment qu’Alain voit passer Jimi Hendrix devant lui. Le musicien porte une grande veste en daim et à franges « de trappeur, à l’indienne », un pantalon noir moulant. « Personne ne lui sautait dessus. Il n’était pas du tout connu. »"
Il semblerait donc qu'Alain Lambert évoque plutôt ici la "tenue de ville" d'Hendrix et non son costume de scène…