Paris (Olympia) : 9 octobre 1967La setlist du concert était a priori la suivante :
1. Stone Free >>>
Dagger Records "Paris 1967 / San Francisco 1968"2. Hey Joe >>>
Dagger Records "Paris 1967 / San Francisco 1968"3. Fire >>>
Dagger Records "Paris 1967 / San Francisco 1968"4. Catfish Blues (coupée) >>>
Coffret "The Jimi Hendrix Experience"5. The Burning of the Midnight Lamp >>> Inédit
6. Foxy Lady >>>
boots "Je vous aime beaucoup"7. The Wind Cries Mary >>>
Coffret "The Jimi Hendrix Experience"8. Rock Me Baby >>>
Dagger Records "Paris 1967 / San Francisco 1968"9. Red House >>>
Dagger Records "Paris 1967 / San Francisco 1968"10. Purple Haze >>>
Dagger Records "Paris 1967 / San Francisco 1968"11. Wild Thing >>>
Dagger Records "Paris 1967 / San Francisco 1968"Le concert est ainsi éclaté sur 3 supports : 2 officiels et un non.
- Coffret
"The Jimi Hendrix Experience" - Dagger Records
"Paris 1967 / San Francisco 1968" - Pirate
"Je vous aime beaucoup" Photos Backstage de ce concert
ICIComme pour les performances des 18 octobre 1966 et 29 janvier 1968, il s'agit d'un enregistrement effectué pour le compte de l'émission Musicorama diffusée alors par Europe 1. Si la qualité audio est présente (c'est un enregistrement soundboard), le mixage effectué par Marc Exiga est parfois complètement à coté de la plaque : la guitare de Jimi est totalement sous-mixée. Il est vrai que la plupart des artistes se produisant alors à l'Olympia présentaient une musique fort différente de celle de l'Experience !
Le concert débute par un "Stone Free" solide et efficace, joué dans un esprit très rock : le solo est concis ; ce n'est que plusieurs mois plus tard qu'il deviendra le théâtre de longues improvisations.
Après la face B, Jimi enchaîne avec la face A du premier Single de l'Experience : "Hey Joe". Le groupe maîtrise bien sûr ce titre à la perfection (même si la dernière montée chromatique connaît quelques flottements !).
Le solo central est brillamment interprété avec les dents, alors qu'on devine le suivant, à l'image de ce qu'il a fait à Monterey, joué derrière le dos. Le showman ne prend toutefois pas trop le dessus sur le musicien.
Sur "Fire", le passé rhythm and blues de Jimi ressort encore nettement dans sa manière de chanter.
Si le premier solo est très court et calqué sur la version studio, le second est un peu plus original, surtout lorsqu'il sculpte un long feed back avec son levier de vibrato.
L'excellente version de "Catfish Blues", alors inédite avant sa sortie officielle sur le Coffret Pourpre, est malheureusement coupée sur la fin.
"The Burning of the Midnight Lamp", reste le titre inconnu de ce live : aucune trace en officiel, ni en boots ! La chronique d'époque de Jean Claude Berthon (voir article plus loin) laisse à penser que c'était une excellente version.
"Foxy Lady", le second titre absent de toute publication officielle, apparait lui sur le boots "Je vous aime beaucoup". Le son est excellent mais le micro de Jimi ne fonctionne pas pendent la première moitié ce qui explique sans doute qu'il reste inédit du catalogue officiel.
"The Wind Cries Mary", comme "Catfish Blues", était lui aussi un titre inédit avant sa sortie sur le coffret Pourpre. Excellente version.
"Quelqu'un veut péter un câble ! Quelqu'un avec une caméra veut péter un câble ici, OK... alors on va ta laisser péter un câble !"
Jimi annonce ensuite "Rock Me Baby", mais en précisant qu'il vont le faire à leur manière.
Le mixage est le gros point faible de cette version : lors des couplets, la guitare est à peine audible alors que la voix est très en avant. Le résultat n'est pas mauvais en soi, mais la puissance de feu de l'Experience en prend un coup.
Le solo central est assez inégal : le visuel prend parfois le pas sur le musical. On devine un début de solo où Jimi érotise son instrument, instrument dont il rejoue avec les dents par la suite.
Alors qu'il annonce "Red House", Jimi confirme avoir quelques problèmes techniques avec sa guitare. C'est seulement la deuxième version documentée de ce qui allait devenir un pilier de son répertoire dans les mois à venir.
Le mixage des couplets laisse là encore à désirer : sur ce type de blues, la guitare ne doit pas être en retrait à ce point par rapport à la voix, car c'est elle qui ponctue chacune des phrases vocales.
Comme sur la version studio, le titre est joué en shuffle sur un tempo moyen. Contrairement à celle-ci, le solo connaît de longs développements : il est quatre fois plus long que sur "Are You Experienced". C'est sans conteste l'un des moments forts de ce concert, où le groupe s'éloigne déjà du blues tel qu'on le jouait alors à Chicago. Le jeu de Mitch Mitchell lorgne vers le jazz alors que l'utilisation du fuzz conduit Jimi à phraser différemment de ce que faisaient ses contemporains : le rapport au silence des grands bluesmen fait ici place à l'obsession du plein. Le silence étant impossible lorsqu'il joue ainsi, Jimi réinvente l'équilibre tension/relâchement à sa manière.
Noel Redding annonce le titre suivant : "Purple Haze".
Mais Jimi n'attaque pas la face A de son deuxième Single pour autant : "Je vais dire un truc en français... Je vous aime beaucoup, OK ? Je peux dire tour Eiffel aussi !"
Il propose ensuite d'expliquer le sens de "Purple Haze" à ceux qui ne parlent pas anglais : il se lance alors dans une introduction bruitiste qui reste relativement brève.
Retentit peu après le thème de "Purple Haze". Dès que Jimi attaque le premier couplet, sa guitare redevient enterrée dans le mixage. Son "Kiss the sky" se mue de nouveau en "kiss that guy".
Les interventions de Jimi en tant que soliste sont certainement très visuelles car sans véritable direction. Il joue d'ailleurs le final avec ses dents...
Jimi invite alors le public à chanter le dernier titre du concert avec l'Experience, brocardant gentiment au passage Otis Redding et Wilson Pickett, avant de préciser qu'ils sont super mais que l'Experience a son truc.
Jimi met un certain temps à se réaccorder... mais avec une bonne humeur manifeste et communicative.
"Wild Thing" est présent en bonus sur le DVD "Experience" publié en 2001 par Experience Hendrix LLC.
C'est une version puissante, mais très visuelle là encore, où Noel Redding est très présent lors des parties vocales.
Jimi lance "Thank you very much... merci beaucoup !" au public avant de conclure le concert par un final bruitiste.
Au final ? Les extraits de ce concert trouvent idéalement leur place sur un Dagger Records. La qualité du mixage rendait une publication officielle difficile, surtout en raison de la part du visuel dans les concerts de l'Experience en 1967. Après, se pose tout de même des questions de cohérence : l’éclatement de ce concert sur deux supports différents est a posteriori regrettable.
Dans la chronique du concert postée par Europa, on apprend que Hendrix avait cassé une corde avant "The Wind Cries Mary" et une autre pendant "Purple Haze" - expliquant pourquoi je trouvais son solo "
sans véritable direction" dans ma chronique.
L'influence supposée d'Eric Clapton sur la façon dont Hendrix joue "Red House" fait sourire : le journaliste devait avoir une connaissance très limitée des bluesmen contemporains...