La biographie de John McDermott, publiée en 1992, constitue une des meilleures biographies publiées à ce jour. Son seul défaut ? Le livre n'a jamais été traduit. Mais le regard porté sur l'œuvre du guitariste par McDermott et Kramer est un livre sérieux, avant tout constitué de témoignages directs.
Les souvenirs ne sont pas toujours exacts… mais ce sont justement les contradictions entre les différentes versions qui sont intéressantes. On replonge vraiment dans le climat de l’époque.
C’est Chas Chandler qui retrace essentiellement les débuts de l’Experience. Et c’est passionnant. Il insiste, par exemple, sur ce que Jimi aurait piqué à Johnny, en termes de prestation scénique ! Chandler est présenté comme paternaliste, avec les qualités et défauts subséquents.
Pour la première fois, j’ai pu avoir des infos plus précises sur la nature des rapports entre Douglas et Hendrix ! Douglas a ainsi supervisé certaines sessions studio du BOG.
McDermott revient sur ces sessions de novembre 1969 (le site officiel est complètement muet là-dessus), et parle des trois dernières sessions avec Douglas.
Il existe des démos de :
- Burning Desire
- Lover Man
- Power Of Soul
- Lonely Avenue (encore ce titre !)
- Machine Gun
Dans son second livre, "Sessions", il parle d'ailleurs de ces sessions dans des termes très critiques.
Pour l'ultime tournée : contrairement à ce que l'on peut lire sur Univibes (où Hendrix est présenté au bout du rouleau), McDermott met tout sur le dos de Billy Cox, devenu complètement parano.
Rick Grech aurait d'ailleurs été évoqué comme remplaçant. Les témoignages de McDermott sont assez crédibles : Gerry Stickells, Mike Neal et Gene McFadden sont des membres du staff.
Les témoignages de Kramer et Chandler ne concordent pas sur la volonté de Jimi de ramener les bandes en Angleterre… mais ne sont pas contradictoires. (Hendrix n’a pas mentionné Chandler à Kramer)
Concernant la gestion post mortem de Douglas, la défense de "Crash Landing" selon les intéressés est assez marrante.
A les lire, ils n'ont réalisé que ce que Douglas fera par la suite sur "Blues" ou Kramer depuis… mais avec les moyens techniques de l’époque : pas de copié-collé, et donc la nécessité de musiciens extérieurs pour remplir ce job. Le montage de "Captain Coconut", bien détaillé, dépasse ainsi l’entendement…
Une traduction actualisée serait appréciable : le livre est centré sur la musique, l’aspect biographique est là pour rendre compte de la créativité. Les passages sur l’aspect contractuel sont peut être un peu longs, mais en même temps, il est difficile d’en faire abstraction.
Loin de l'hagiographie, le livre est riche en enseignements (même si j’ai relevé d’autres erreurs, rarement très graves toutefois).
Le portrait ne cède jamais au sensationnalisme, et montre un musicien intelligent, conscient de ce qui l’entoure. Mais aussi gros consommateur de LSD…
Il présente la relation Hendrix/Jeffery sous un angle très différent des clichés habituels (où Jeffery est présenté comme un monstre froid et calculateur, proche de la mafia etc...).
McDermott était très critique et exigeant en termes de qualité des œuvres post mortem. Trop à mon sens.
Certains concerts sont ainsi vus de façon très critique : Winterland par exemple. Quand on sait l’importance que Kramer et McDermott jouent dans EH aujourd’hui, la lecture de l’ouvrage (et donc des opinions des auteurs avant d’être aux commandes) devient d'autant plus édifiante.
Au final ? Un excellent livre, qui se lit bien…
sauf pour ET !
John McDermott & Eddie Kramer à propos de Hendrix: Setting The Record Straight