Version officielle :
Nine To The Universe (1980)
Version complète :
- Message from Nine To The Universe Vol.1 (ATM 055)
- Jimi Hendrix & Larry Young
Jimi Hendrix - Guitare
Larry Young - Orgue
Billy Rich - Basse
Buddy Miles - Batterie
Selon l'Encyclopedia, cette jam a été enregistrée au Record Plant, le 14 avril 1969.
C’est une des jams importantes de la carrière de Jimi. Contrairement à celle avec John McLaughlin, la musicalité parle d’elle-même et le son est excellent. Larry Young est un des meilleurs musiciens avec qui Jimi ait jammé. Il a sa place dans l’histoire de l’orgue Hammond (le post-Jimmy Smith, ni plus ni moins), et dans l’histoire du jazz (participation en 1969 au "Bitches Brew" de Miles Davis, mais aussi membre fondateur du Tony Williams Lifetime, avec John McLaughlin, puis plus tard sideman du même Mclaughlin ou de Carlos Santana, il jouera même avec Pharoah Sanders). Cette jam est passionnante car elle montre un Hendrix qui aurait eu sa place sur les enregistrements de Miles des 70’s, avec un jeu très rythmique, et des conceptions déjà bien avancées pour début 1969. Les échanges entre Hendrix et Young fonctionnent à merveille, et les cuts de la jam effectués par Alan Douglas s’avèrent inutiles, voire condamnables.
La performance du groupe dans sa globalité est excellente : parfait dans sa maîtrise du tempo, c'est Larry Young qui se charge de ponctuer le discours de Jimi, et inversement lors des échanges de soli.
Quels sont les traits marquants de l'improvisation de Jimi ?
Dans un premier temps, il est important de noter qu'il ne s'éloigne jamais trop du blues, ses racines. Il utilise ainsi la pentatonique de Mi mineure, mais contrairement à ce qu'on peut souvent lire ici et là, il est loin de s'y limiter.
Il alterne le plus souvent entre Mi myxolydien (majeur) et Mi dorien (mineur), comme les grands bluesmen... mais dans un contexte qui n'est pas blues. En cela, il se rapproche de ce Miles Davis allait faire dans sa première période électrique.
Les passages majeur-mineur se font toujours naturellement, dans le cadre d'un véritable discours musical.
Il est important de le noter car de nombreux improvisateurs sont incapables de s'accaparer cet élément fondamental du blues : c'est malheureusement le cas de la plupart des jazzmen européens, dont les connaissances harmoniques sont pourtant autrement plus grandes que celles, limitées, de Jimi.
Outre les notes de passages "classiques" des guitaristes de blues et de rock (le Mi bémol et le Si bémol en l'espèce), Jimi n'hésite pas à jouer la seconde (Fa#) ou la sixte majeure (Do#).
Techniquement, Jimi passe aussi naturellement d’un style à l’autre qu'avec l'harmonie : il alterne tirés, jeu en octaves, jeu en accords, levier de vibrato à l'occasion, dans le cadre d'un discours... et non l'inverse. C'est ce qui fait toute la différence entre le musicien... et le seul guitariste.
Il en va de même pour les effets : Jimi utilise la fuzz et sa wah wah pour moduler l’intensité, ou ponctuer son improvisation.