San Antonio (Hemisfair Arena) : 10 mai 1970 Titres :
1. Fire
2. Foxy Lady
3. Machine Gun
4. Freedom
5. Red House
6. Message To Love
7. Get My Heart Back Together (Hear My Train A-Comin')
8. Ezy Ryder
9. Room Full Of Mirrors
10. Star Spangled Banner
11. Purple Haze
12. Voodoo Child (Slight Return)
Source : "Way Down In Texas Land II (Slight Return)" ATM 127
La qualité audio est encore une fois très médiocre. Mitch Mitchell est, pour changer, la plupart du temps aux abonnés absents. Et si la voix de Jimi est audible, sa guitare, lointaine, est trop en retrait comparée à la basse. Décidément, le "Cry Of Love Tour" ne nous aura pas gâté en la matière !
La première partie était assurée par Country Funk.
Pour sa première visite à San Antonio (Texas), le groupe affiche ce 10 mai 1970 un répertoire dans la ligne directe des concerts précédents. La Sainte trinité Hendrixienne est là encore présente.
"Nous avons Billy Cox à la basse, Mitch Mitchell à la batterie, et votre dévoué à la cabine saxophonique."
Le concert commence par une courte introduction a capella dans un style proche de celles qu'il jouera par la suite en préliminaire à "Hey Baby (New Rising Sun)", mais c'est "Fire" qui suit.
Le solo central, dont le début est calqué sur la version studio, est relativement long. Il se conclut sans surprise par la citation du "Outside Woman Blues" de Cream.
Version solide, même si Jimi est légèrement désaccordé sur la fin.
Outre un Billy Cox moins percutant que Noel Redding, les versions cuvée 1970 de "Foxy Lady" se distinguent par les nouveaux arrangements de Jimi lors des refrains : il place désormais entre les accords des tirés dans le style de l'intro de "Highway Chile".
Le solo (approchant la minute trente) s'écarte d'emblée de la version studio. Le jeu de Jimi est assez tendu, et ses tirés s'éloignent largement du blues. Il s'amuse ensuite avec le feed back, et termine par des trilles.
La version de "Machine Gun" est intéressante : Hendrix colle comme jamais à celle du Fillmore East immortalisée sur l'album "Band Of Gyspsys". La similitude de construction entre les deux versions est telle qu'il semble peu probable que Jimi n'avait pas la version officielle en tête ce 10 mai 1970.
L'introduction, identique, est suivie par des couplets où le chant est appliqué.
Le solo central, qui approche les deux minutes trente, suit une trame très proche de la version officielle. En un peu plus court donc. A priori un solo de première classe.
Le chant reprend désormais classiquement sur la rythmique "No Quarter".
Le solo free qui suit semble énorme, traversé de feed back... mais la qualité audio, frustrante, leste notablement la performance.
La partie aquatique ne rejoint la version officielle que sur sa fin.
Hendrix remercie le public immédiatement après une fin abrupte.
Puisse une nouvelle source, de meilleure qualité, voir le jour dans le futur !!!
Jimi lance ensuite le riff d'introduction de "Freedom". Instrumentalement, la version est irréprochable. Par contre, le chant est (une fois encore) assez mauvais, Jimi étant manifestement plus concentré sur sa partition que sur son texte.
Jimi propose un solo bien construit, assez lent, avec de l'espace, dans un style sobre. Il négocie sans heurt les diverses modulations, et semble parfaitement à l'aise malgré la structure complexe.
Le groupe joue ensuite le riff funky post-solo, mais Jimi ne reprend pas le chant, pour le moins difficile à placer sur cette figure rythmique complexe.
"Freedom" porte douloureusement son nom : sur ce titre, on sent véritablement toutes les limites du power trio.
Ce n'est bien sûr pas le cas sur "Red House", jouée de nouveau dans une veine très blues.
L'introduction de 24 mesures est dans un esprit très proche de celle qu'il jouera quelques semaines plus tard à Randall's Island.
La voix de Jimi est superbe, et émouvante : le débit de son chant, parfaitement posé, contraste délicieusement avec la lenteur du rythme.
Mis à part quelques traits exécutés pendant le second cycle, les 24 mesures (deux cycles) restent très blues. Hendrix joue sobrement là encore. La seconde partie du solo n'est que légèrement plus intense.
Jimi agrémente ensuite de wah wah les réponses guitaristiques aux vers du couplet final.
La tendance des versions précédentes se confirme donc : Jimi n'utilise plus "Red House" comme prétexte à un déluge sonore, mais revient à ses racines blues, avec une maestria non moins impressionnante.
La qualité audio ne s'améliore pas avec "Message To Love" : il y a beaucoup le souffle.
Le solo central est exceptionnellement court. On n'entend Mitch Mitchell que lorsque Billy Cox s'arrête de jouer...
Difficile de se prononcer sur la qualité musicale dans ces conditions.
L'introduction de "Get My Heart Back Together" diffère des versions jouées auparavant : le chant est remplacé par un court a capella instrumental dans les graves.
Si le chant passe bien, la guitare est définitivement trop en retrait pour être appréciée à sa juste valeur. C'est sans doute regrettable : les deux soli, assez brefs pour ce titre, semblent pourtant inspirés.
Hendrix met ses blues à la diète : certaines versions de "Red House" étaient plus longues que le cumul "Red House" / "Get My Heart Back Together" de ce jour !
De ce qu'on peut entendre d'"Ezy Ryder" et de "Room Full Of Mirrors", les réserves émises pour "Freedom" semblent largement transposables. Malheureusement, la basse accapare trop de place pour pouvoir juger la performance guitaristique de Jimi...
Ce n'est bien sûr pas le cas sur "Star Spangled Banner", qui commence avec un pain magistral de Jimi !
Il se rattrape largement ensuite, avec un exposé presque serein du thème, précisant à un moment : "Nous sommes tous américains, n'est-ce pas ?"
Le thème est à peine défiguré cette fois-ci : il y a certes quelques passages bruitistes, mais distillés avec une parcimonie dont il ne faisait pas preuve lors de ces dernières performances.
Le son se détériore encore sur "Purple Haze" : la pulsation de la basse, renforcée par les battements de mains du public, bouffe tout le reste. Il faut attendre la coda pour que la guitare de Jimi revoie le jour !
Le public est en tout cas ravi, et c'est au travers de ses "More !" enthousiastes que "Voodoo Child (Slight Return)" prend place. Le solo central joue sans surprise sur l'intensité. Le solo final est interrompu alors qu'il commençait à peine : c'est par conséquent une des versions les plus courtes de "Voodoo Child (Slight Return)".
Au final ? Encore un bon concert à mettre à l'actif du "Cry Of Love Tour". En l'absence de problème de justesse, seuls les titres en devenir tirent vers le bas une performance par ailleurs excellente. Performance dont la saveur est un peu différente de celle des concerts précédents : à ce moment de la tournée, c'est le concert le plus sobre du nouveau groupe de Jimi.