En 1990, Harry Shapiro & Caesar Glebbeek signaient un livre (actualisé en 1995) que beaucoup considèrent comme la Bible hendrixienne.
Véritable pavé (on se rapproche des 800 pages), l’ouvrage présente :
- Une biographie de 500 pages agrémentée de photos, paroles, lettres et autres documents ;
- Une discographie s’étalant sur plus de 140 pages ;
- Un dossier sur le matériel, et les techniques utilisées par Jimi ;
- Une chronologie récapitulative ;
- Un arbre généalogique, ainsi qu’une bibliographie et une filmographie.
En fait, c’est plus un guide technique très bien ficelé qu’une Bible : l’approche est incroyablement détaillée, mais le livre manque de souffle à mon sens. La biographie est assez proche de celle de Cross, l’analyse des albums studio en plus (des paroles notamment). Les auteurs mettent pas mal de distance entre Hendrix et le lecteur… un peu trop à mon goût.
Le livre est une mine d’or… mais on se perd parfois dans les détails, alors que certaines parties de l’œuvre sont seulement survolées : l’année 1970 n’est pas assez décortiquée, tant au niveau des concerts que du studio.
La part livrée aux témoignages de Monika Dannemann est exagérée, et le livre contient quelques erreurs : la narration des concerts du Band Of Gypsys n'est pas corroborée par l’écoute des pirates… la mise à jour se limite à une simple note de bas de page.
Plus surprenant encore, les (rares) prises de position critiques des auteurs sont parfois farfelues : le concert donné au Royal Albert Hall le 24 février 1969 est selon eux encore pire que celui le 18. Seuls "Bleeding Heart", "Red House", "Stone Free", "Foxy Lady" et "Room Full Of Mirrors" seraient dignes d’intérêt.
Quid de "Little Wing" et "Voodoo Chile (Slight Return)" ?
Si vous ne deviez lire qu’une seule biographie en anglais, je vous recommanderais plutôt celle de McDermott et Kramer, plus critique, vraiment centrée sur la musique, et rendant plus justice au musicien.
La discographie de Glebbeek est la somme d’un travail colossal, et il est important de lui rendre hommage à ce titre. La version papier souffre toutefois de deux maux : elle est (un peu) datée, mais surtout, elle est difficilement exploitable, car non indexée. La version papier de Douglas Bell est à mon sens nettement supérieure.
Le dossier technique est intéressant pour la somme de détails… mais à l’image de la bio, ne fait pas le lien avec l’aspect spirituel de l’œuvre…
Mes réserves peuvent sembler sévères… mais le livre d’un spécialiste se doit d’être analysé sans concession. Et malgré celles-ci, je ne peux que vous conseiller de vous procurer l’ouvrage, qui reste une référence incontournable, dont la lecture ne manquera pas d’enrichir vos connaissances hendrixiennes.