Philippe Manœuvre est un grand connaisseur, probablement l'un des plus grands par chez nous. C'est également un audiophile. Il met sur la table avec une grande justesse les incohérences et multiples défauts de la numérisation, et notamment celle des premiers CD et celle, irréversible des MP3 (y compris les « high quality » 320 kbps). Sauf que...
... Sauf que, et Philippe Manœuvre le sait bien, il l'a d'ailleurs écrit plusieurs fois, les nouvelles techniques de remastering permettent de revenir à la qualité « vinyle » ou plus exactement aux frontières de ce que l'oreille humaine peut percevoir, et ce dès l'encodage 24 bits sur-échantillonné à 96 kHz.
Philippe Manœuvre le sait bien, lui qui a écrit le plus grand bien, et à juste titre, de l'enregistrement de Berkeley, et ce dès sa première sortie (version 2003 chez MCA). C'est bien depuis les années 2000 que l'on peut enfin accéder à des CD qui offrent des sons dignes de ce nom.
Alors où est le problème ?
En tout premier lieu, de la chaîne de reproduction : amplis de faible puissance, hauts parleurs désastreux, enceintes mal accordées, casques au son riquiqui (99% des casques du commerce).
En second lieu, c'est l'oreille des ingénieurs du son actuels qu'il faut remettre en question : les jeunes aiment un son digitalisant (compression, métallique, « boosté »), les vieux sont à moitié sourds, tandis que la jeunes et vieux s'alignent sur un nouveau standard musical passé par le filtre du marketing : ils savent que l'essentiel des morceaux termineront leur vie en MP3, ils connaissent les goûts du grand public (goûts qu'ils ont contribué à forger).
C'est pourquoi on se retrouve aujourd'hui avec des remasterisations des Beatles qui sonnent pour le moins étrangement et qui, dans tous les cas, sont très éloignées des bandes originales que la gravure des vinyles reproduisait si fidèlement (high-fi...). Mais on ne peut pas généraliser : typiquement, et puisque l'on est sur le forum Hendrix, certains albums sont magnifiquement remasterisés, on découvre grâce à ces petites merveilles des détails que l'on n'avait jamais même devinés (sans parler du son pourri de bien des vinyles bootlegs enregistrés souvent depuis la salle).
Mais, là aussi, il faut se poser - c'est bien ce que dit Phil' Manœuvre -, il faut prendre son temps, disposer d'une belle chaîne, d'une paire d'enceintes de compétition (Manœuvre a longtemps préconisé des JBL), il faut bien entendu que les enceintes soient accordées à la puissance de la chaîne d'amplification, et là, miracle, plus besoin de de touche loudness, plus de déception : on se retrouve dans des conditions d'écoute exceptionnelles.