Titi
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| Sujet: Jimi Hendrix à Mouscron Lun 28 Sep 2020 - 8:34 | |
| Source : https://www.lesoir.be/art/le-5-mars-1967-a-mouscron-jimi-hendrix-avait-ensorcele-_t-20050827-001773.htmlLa route hennuyère des hommes célèbres (VI et fin) Le 5 mars 1967 à Mouscron, Jimi Hendrix avait ensorcelé le Twenty par Alexandre ValéeA Mouscron, la banque du 18, Grand-Place, ressemble à tant d'autres. Dans ces bureaux comme ailleurs dans la cité frontalière, flotte pourtant un souvenir assez vague de Jimi Hendrix, le Voodoo Child. En 1966, le jeune guitariste noir américain a beau avoir tourné avec Little Richard, Ike et Tina Turner, il est un musicien anonyme sur le Vieux Continent, même lors des premières parties de Johnny Hallyday. Jean Vanloo, qui tient un club à la mode, le « Twenty » à l'étage du café « Le relais de la poste », sur la grand-place, veut l'y accueillir. Chas Chandler, ancien des Animals, joue les entremetteurs ; en septembre 1965, Chandler avait déjà gratté sa basse au Twenty. Fin 1966, c'est signé. Hendrix jouera le dimanche 5 mars 1967 à Mouscron, avant de remettre ça au « Twenty Two », la salle que Vanloo a ouverte à Loison-sous-Lens (France). Entretemps, « Hey Joe » a satellisé le nouveau venu à la quatrième place des « charts » britanniques. Ils n'ont rien discuté, Jimi est venu pour un prix devenu dérisoire, se souvient Jean-Noël Coghe. Tour à tour journaliste pour « Nord Eclair », correspondant de RTL, le jeune Wattrelosien écrivait alors pour « Disco-Revue » et « Rock & Folk ». La première tournée de Hendrix se rode donc en France puis en Hainaut. Elle s'achèvera en juin sur un triomphe californien : Brian Jones - le Rolling Stones - présente Hendrix à sa patrie. Hendrix s'empare du festival de Monterey. Une légende est née... Le 5 mars 1967, en tout début d'après-midi, l'un des guitaristes les plus doués de la planète rock débarque donc sur la grand-place de Mouscron. Je pense que nous avons mangé à la Cloche. Sur les clichés qui illustrent son ouvrage « Emotions électriques », Coghe croit reconnaître la nappe à carreaux. Hendrix gagne ensuite l'arrière-cour du Relais de la Poste. L'histoire veut que Ginette Van Pottelberg (la première épouse de Vanloo) aurait aperçu un type louche s'approcher de l'escalier qui mène au Twenty. Pieds nus, teint noir, crinière hirsute. La tenancière lui aurait intimé l'ordre de tourner les talons. On ne badinait pas avec la tenue pour entrer au club ! Même si une fois sur la piste, les jeunes filles à peine descendues du bus de Roubaix remontaient leurs robes pour en faire des minijupes ! Ce jour de mars 1967, le set avait débuté à 17 heures. Félin, extraterrestre, Hendrix hypnotise son public, ses longues mains ratissant le manche de la Stratocaster. Il interprétera quatre titres : Killing floor, Hey Joe, Like a Rolling stone, avant d'achever la foule et les amplis avec Wild thing. Dans la cabine technique, Jean-Noël Coghe gérait l'éclairage de scène : une demi-douzaine d'interrupteurs que le chroniqueur enclenchait en rythme. A l'époque, pour suivre un groupe, il fallait vivre avec. Charger et décharger les caisses de matériel. Dans la salle, l'ambiance frise l'apoplexie générale. En coulisses, la maestria de Hendrix a ensorcelé Coghe et bien d'autres : personne n'a eu le réflexe de lancer l'enregistreur ! Plusieurs années durant, le Twenty de Vanloo a accueilli les plus grands : Gene Vincent, Small Faces, The Animals, Kinks, Jimmy Page et d'autres encore ont sué sur les planches préférées des Hurlus. Dix ans plus tard, lancé par un autre Mouscronnois (Marcel De Keukeleire), Patrick Hernandez traînera ses basques au Relais de la Poste. L'interprète météorite de « Born to be Alive » incitera sa danseuse de l'époque, Madonna, à chanter. Bonne pioche. En septembre 1970, Jean-Noël Coghe écrit de Hendrix qu'il jouait comme s'il était déjà au ciel. Mérité, l'éloge s'avère prémonitoire : James Marshall Hendrix meurt accidentellement à Londres, le 18 septembre, à 27 ans. Trente ans plus tard, à Mouscron, on démolissait le vénérable Relais de la Poste pour y ériger l'agence du CPH. Sur un camion de chantier, un nom : Hendrijckx, relate Jean-Noël Coghe. Le génial gaucher de Seattle n'était pas loin... | |
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