San Francisco (Winterland) : 4 février 1968 [Second concert]Avec (en première partie ?) Albert King et Big Brother and The Holding Company.
Titres :
1. Killing Floor
2. Red House
3. Catfish Blues
4. Dear Mr. Fantasy (Part 1)
5. Dear Mr. Fantasy (Part 2)
6. Purple Haze
Sources :
- Dagger Records : Paris 67 / San Francisco 68 (2003) Les notes de pochette et le site officiel indique le Fillmore Auditorium alors que Caesar Glebbeek penche pour le Winterland.
L'histoire des bandes est assez incroyable si l'on se fie au site de brumepourpre :
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Une des histoires les plus étranges au sujet de l'acquisition d'une bande rare de Hendrix fut ce vendeur de boissons du Winterland Arena de San Francisco. Quand l'Arena fut fermée vers la fin des années 70, il fut donné en cadeau de remerciement à ce vendeur de boissons une bobine originale du soundboard par Bill Graham's au Winterland contenant un show.
La bande dure quarante six minutes, et fut enregistrée lors d'un des concerts de Février 1968.
L'enregistrement proposé par Dagger Records est effectivement soundboard, de très bonne qualité audio... mais le mixage laisse parfois là encore à désirer. Plus surprenant, la guitare de Jimi a ici un son que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. Mais c'est peut-être tout simplement lié au fait que Jimi ne jouait pas sur Marshall mais sur des amplis Fender Dual Showman lors de cette tournée US 1968. Le son de Jimi sur les blues pourrait aussi s'expliquer par le fait que Jimi ne jouait pas nécessairement sur une Stratocaster. Peut-être joue-t-il de la Flying V dont il avait repeint le corps de motifs psychédéliques ? Flying V popularisée par Albert King, qui assurait à San Francisco les premières parties de l'Experience et dont le jeu a manifestement inspiré la performance de Jimi.
La seconde partie de "Paris 67 / San Francisco 68" commence par un fondu en ouverture sur une version moyenne de "Killing Floor", sans doute plus en raison du mixage que de la musique vraiment jouée cette nuit. La qualité de l'enregistrement permet toutefois d'apprécier véritablement le jeu de Mitch Mitchell.
La version qui suit de "Red House" est nettement moins impressionnante que celle du concert parisien. De même sur "Killing Floor", Jimi chante un peu comme s'il était enrhumé. Mais c'est surtout l'influence d'Albert King qui est un peu trop marquée à mon sens. Flagrante lors de l'introduction instrumentale, elle reste nette lors du premier cycle du solo central, où l'articulation des différentes phrases de Jimi est assez moyenne. En début de second cycle, Jimi casse une corde, coupant court à tout développement.
"Catfish Blues" : troisième titre... troisième blues. L'influence d'Albert King est écrasante lors de l'introduction. Jimi semble désaccordé mais ce n'est pas vraiment gênant sur ce type de long blues sur un seul accord.
La voix de Jimi passe mieux ici, mais on peut effectivement se demander s'il n'est pas (un peu) malade.
Dès les premières notes de son solo, Jimi utilise sa pédale wah wah... ce qui ne l'empêche pas de faire quelques tirés dans le style de ceux d'Albert King.
Après un dernier couplet, Mitch Mitchell prend un solo de batterie... où l'enregistrement soundboard est plus qu'appréciable.
Jimi reprend ensuite a capella, toujours armé de sa wah wah avant de conclure sur le riff de "Cat's Squirrel".
Mitch Mitchell introduit alors Buddy Miles de l'Electric Flag, qui prend sa place à la batterie (le siège de Mitch devait être solide !).
Dès les premières notes de "Dear Mr. Fantasy", le classique de Traffic, on reconnaît le drumming de Buddy, moins aérien, moins éclaté que celui de Mitch.
Contrairement à la version du 3 août 1968 jouée à Dallas, celle-ci est instrumentale. La bande coupe au bout de cinq minutes, mais reprend sans doute quelques instants plus tard, le temps pour le technicien de changer les bobines.
Le couple basse/batterie qui soutient Jimi est particulièrement intéressant : c'est le seul enregistrement officiel de la combinaison Hendrix/Redding/Miles.
Le résultat du couple basse/batterie n'a rien de spectaculaire : sans la basse bondissante de Billy Cox, le jeu de Buddy tombe un peu à plat. De même que sans la liberté de Mitch Mitchell, celui de Noel Redding devient bien austère.
Pas de conclusions hâtives pour autant : c'est ici une jam qu'il nous est donné d'entendre, et non le fruit de longues heures de répétitions.
Et c'est une jam qui mérite sans problème sa place sur un Dagger : outre un thème absent du répertoire officiel de Jimi, c'est aussi l'occasion d'entendre un Hendrix inspiré qui explore en terrain moins connu. Il n'hésite pas à faire l'inventaire de sa guitare et livre sur la durée nombre de traits absolument remarquables. Certains d'entre eux sont totalement révolutionnaires pour l'époque ("Part Two", à partir de 5:25). Il faudra attendre de nombreuses années avant d'entendre Frank Zappa, Jeff Beck, Steve Vai et Joe Satriani reprendre ces techniques.
"Un grand batteur, Mister Mitch Mitchell !"
Buddy Miles nous sort (déjà !) son numéro de soul brother un peu excessif, tentant de rester sur le devant de la scène.
On termine avec "Purple Haze", dont l'introduction est suivie d'un gros flottement : peut-être Jimi a-t-il cassé une corde ?
Malgré ce problème technique manifeste, Jimi gère avec beaucoup de professionnalisme la situation et réussit à faire illusion le temps du titre qu'il conclut par un final a capella joué avec les dents... lorsque la bande coupe.
Au final ? Un enregistrement intéressant... mais un peu inégal. Mais dans le cadre de la série Dagger Records, une excellente initiative.