Jimi Hendrix - Le rêve inachevé (Régis Canselier) [2010]

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En quelques mois, Jimi Hendrix, Janis Joplin et Jim Morrison furent fauchés, en pleine gloire à l'âge précoce de 27 ans. On ne fait guère plus légendaires que ces trois-là, surgis au milieu des années 1960 avec des talents et des personnalités hors norme. S'ils ont atteint le statut d'icône du rock de leur vivant, leur disparition brutale a contribué à les ancrer dans l'histoire encore plus profondément. Retrouvé mort (mais pas d'overdose, comme l'a dit la rumeur) le matin du 18 septembre 1970, Jimi Hendrix est considéré, à juste titre, comme une des figures majeures de la musique du XXe siècle. Ses ayants droit viennent d'annoncer la parution d'enregistrements rares d'ici à la fin de l'année. Mort depuis quarante ans, Hendrix est nettement plus rentable que bien des musiciens encore en activité. Et on ne compte plus les ouvrages consacrés au guitariste dans les rayons des libraires. Parmi ceux-ci, on distinguera Jimi Hendrix. Le Rêve inachevé, écrit par Régis Canselier (Éditions Le Mot et le Reste), qui se concentre sur son œuvre, impérissable.

Source : http://www.lefigaro.fr/musique/2010/09/21/03006-20100921ARTFIG00409-la-vie-des-morts.php

La légende de Jimi
par Sophie ROSEMONT

À l'occasion des quarante ans de la mort du génial guitariste gaucher, deux ouvrages de nature contraires se complètent pour présenter la vie discographique et sentimentale de Jimi Hendrix.

Le 18 septembre 1970, Jimi Hendrix poussait son dernier soupir dans un hôtel londonien. Pour l’anniversaire de sa mort, certaines maisons d’édition se sont investies dans des biographies et autres essais. Parmi ces livres, souvent de belle facture, on peut s’attarder sur deux ouvrages diamétralement opposés, mais d’un intérêt égal et d’une belle complémentarité : Jimi Hendrix, un rêve inachevé, et Jimi Hendrix.

Tout d’abord, Jimi Hendrix, un rêve inachevé. Signé par l’un des meilleurs spécialistes français du musicien américain, Régis Canselier, l’ouvrage se présente comme une analyse de sa discographie, étonnamment pléthorique pour une brève carrière… certes fulgurante. Le dernier disque de la légende de la guitare est resté inachevé, comme un rêve irréalisable. Mais d’autres disques méritent de s’y attarder, et c’est un tour d’horizon fouillé et passionné que nous propose l’auteur. Ainsi, de manière chronologique, chaque enregistrement majeur est mis en lumière. À commencer par les albums : Are You Experienced? (1967), Axis : Bold As Love (1967), Electric Ladyland (1968)... Mais aussi les concerts mémorables comme celui de Monterey (1967), Woodstock (1969) et de l’Isle de Wight (1970), qui, rappelons-le, n’est pas son dernier concert. Enfin, le chapitre Une vie après la mort (slight return) qui traite, parmi d’autres « œuvres » posthumes, le fameux Jimi Hendrix : Blues de 2004. Le tout sans omettre le rôle primordial des deux producteur successifs d’Hendrix, Michael Jeffery et Alan Douglas. Et rétablit certaines vérités : "The Wind Cries Mary" inspira Miles Davis, "Purple Haze" n’est pas inspirée par l’usage de LSD mais par un livre de Philip José Farmer. Etc.

L’ouvrage est avant tout objectif, voire scientifique sur bien des points. C’est précisément ce qui pourrait gêner la lecture d’un néophyte ou d’un lecteur occasionnel. Jimi Hendrix, un rêve inachevé s’aborde lorsqu’on est (au minimum) familier de Jimi Hendrix. Et se savoure encore plus si on en est un fervent admirateur. Cependant, Canselier sait donner du mordant à son analyse, et ne se retient pas de donner son avis. Il n’hésite donc pas à dénoncer les nombreuses manœuvres à unique but financier, comme le récent album "inédit" Valleys of Neptune, proposant entre autres des parties instrumentales du bassiste Noel Redding et du batteur Mitch Mitchell. Outre un riche aspect discographique, une impressionnante bibliographie et un index de l’intégralité des morceaux de Jimi Hendrix complètent ce que l’on pourrait considérer comme l’anthologie critique la plus exhaustive de son corpus musical.

Face à l’ouvrage de Régis Canselier, se refusant toute intrusion dans la légende du guitariste gaucher, les amateurs de rock pourront aussi s’attarder sur le Jimi Hendrix de Frédéric Martinez. Il s’agit d’un portrait sensible et sensoriel. En partant des dernières minutes de l’existence du musicien, le biographe remonte le temps et en évoque les instants les plus importants, ou du moins déterminants. Le concert (décevant, mais néanmoins gravé dans la pierre) de Woodstock, les vacances marocaines d’Essaouira et de Marrakech, le retour à Seattle, la ville natale, la découverte de l’Europe... La naissance de l’Expérience, les amours éphémères, le chamanisme et le trop plein de femmes... À l’origine de ce destin aussi fou que trouble, cette enfance marquée au fer rouge, blessée par le décès de sa mère Lucille, alcoolique, et par la main leste du père Hendrix, qui lui acheta néanmoins son premier instrument.

Oscillant entre récit à la première personne et description très personnelle, voire intime, des états d’âme du musicien, la biographie de Martinez est indéniablement littéraire. Quasi fictionnelle même si tous les faits énoncés sont véridiques. S’y mêlent des effets de styles comme des expressions de Jimi Hendrix glissées ici et là, comme s’il nous parlait de l’au-delà. Ce dialogue d’entre les ténèbres hante le livre, puisqu’il commence avec les derniers soubresauts du musicien drogué et épuisé, et qu’il termine sur ce qu’on pourrait appeler sa libération.

Ainsi, parallèlement aux manifestations en France (exposition de photographies de Jimi Hendrix à la galerie Renoma du 16 septembre au 16 novembre 2010, avec des clichés de Claude Gassion, AlaIn Dister ou Bob Lampard) et en Angleterre (l’ouverture éphémère de l’appartement londonien du musicien jusqu’à la fin du mois de septembre), on pourra se délecter des ouvrages respectifs de Régis Canselier et Frédéric Martinez. S’ils ne pouvaient pas être plus différents, leur format, leur fond et leur style se complètent d’une manière qui ne peut qu’inciter à les découvrir chacun à leur tour. Et si l’on n’est toujours pas rassasié, on peut continuer son approche du plus grand guitariste de tous les temps via l’intelligente biographie de Vincent Brunner, Jimi Hendrix, Electric Life (Editions City) et le très beau live du photographe Gered Mankowitz, Expérience à Masons Yard (Fetjaine Éditions)

Source : http://www.nonfiction.fr/article-3759-p1-la_legende_de_jimi.htm

Belle critique, qui dit exactement ce qu'on pense.

Bravo Ayler, ton travail est reconnu, j'ai adoré ton livre moi aussi !

Chronique dans le mensuel du Sud-Est Nouvelle Vague :



YM

Chronique dans Soulbag :



YM

Je me rends compte que j'avais donné mon avis sur le livre mais qu'il n'est pas sur ce sujet...

Mon post à au moins le mérite de remonter le sujet

Je l'ai acheté sur Amazon, il est arrivé aujourd'hui, je donnerai mon avis plus tard, même si je suis sur que je ne serai pas déçu.

Je l'ai lu en Fevrier.

Super. Passionnant de bout en bout, et pourtant ça défile!

C'est bien écrit. Ca donne vraiment une idée panoramique du matériel sonore et des conditions d'édition des disques.

Les avis personnels ne prennent pas le pas sur l'analyse, et donc aident à se faire une idée de l'importance des enregistrements, et aussi de l'importance des différents moments dans la création.

J'ai juste sursauté un fois, pour l' évaluation sévère de "Straight ahead" et de la prestation de Mitch (alors que j'adore Mitch sur ce morceau!), mais ça n'a aucune importance.

Félicitations et remerciements.

Voilà ce qu'Ayler mérite ! De ce que j'ai lu du livre, c'est pour le moment super

Tiger a écrit:

Voilà ce qu'Ayler mérite ! De ce que j'ai lu du livre, c'est pour le moment super

Bravo Tiger !

C'est digne de Mandrake!!!!!

ce qui me gène ce sont les 2 signatures en bas ....

comment Jani$ peut elle délivrer un tel diplôme ... ? Kramer à la rigueur

Jani$ ce serait plus pour des diplomes de commerce ...

Je ne savais pas qui mettre d'autre, vu qu'elle est en charge de l'héritage de son demi-frère.

Tiger a écrit:

Je ne savais pas qui mettre d'autre

John McDermott !

C'est bon, j'ai enlevé le "m"

Kramer avec un seul "m", ça fera plus authentique !

Dans ton livre, il y a des descriptions des deux titres non présent sur l'album Woodstock, les deux chantés par Larry Lee. Ils ont donc été enregistrés ?

Tiger a écrit:

Ils ont donc été enregistrés ?

YM

Yazid a écrit:

Tiger a écrit:

Ils ont donc été enregistrés ?

YM

OK, merci. En tout cas, la performance de Woodstock était bien plus longue que ce qu'elle ne laisse paraître !

Tiger a écrit:

En tout cas, la performance de Woodstock était bien plus longue que ce qu'elle ne laisse paraître !

Hormis les deux titres chantés par Larry Lee et quelques cuts, l'essentiel du concert est présent sur le Live At Woodstock sorti en 1999.

Il y a aussi l'intégral (ou presque ?):
Gypsy Sun & Rainbows: Woodstock - Nothing But Primary Rhythm Things ... (ATM 239-240 2CDR)

Oui. Un must have !

J'ai essayé de retrouver sur je ne sais quel topic de l'ancien forum ce que je disais sur le livre de Régis, mais je n'ai pas remis la main dessus, alors même si je sais qu'il n'attend pas après mon avis, mais comme je ne veux pas donner l'impression d'être le seul membre à ne pas l'avoir lu, j'écris quelques lignes de plus, même si elles arrivent un peu tard.

Ayant lu une grande partie des livres publiés en français et tout de même pas mal de pages en anglais ici ou là, je me permet de faire le petit jeu des comparaisons. Pour cela, j'en viens directement aux attentes qui étaient les miennes quand j'ai su que le projet était en marche. Autant dire qu'elles étaient énormes, tant par rapport à ce que je lisais du bonhomme sur le forum (et ses anciennes moutures) depuis des années, que par rapport aux ouvrages plus anciens que j'avais lu et parfois apprécié.

Donc mes attentes étaient énormes, car au regard des chroniques et autres appréciations émanent de notre auteur, et membre éminent du forum pour ceux qui ne le sauraient toujours pas, sur la musique de Jimi, il y avait de quoi être emballé. Je pense ne pas me tromper en disant que mon enthousiaste était partagé par tous les membres au courant du projet. Plus important, je pense aussi qu'on était tous d'accord pour dire qu'il manquait l'ouvrage de référence paru en français et là j'en reviens aux ouvrages paru dans le passé. Car ceux-ci, non qu'ils soient tous mauvais ou malhonnêtes, sont au final terriblement frustrant. Je ne vais pas les détailler ici, mais il en ressort souvent la même impression de sujet survolé, qui aurait mérité un meilleur traitement, et cela qu'elle que soit la sincérité apparente des différents auteurs. Une approche en profondeur nécessitait un gros travail de recherche et une parfaite connaissance du sujet. C'est le cas avec "Le rêve inachevé", qui loin d'être simplement une accumulation d'infos, est un remarquable décryptage de l'oeuvre qui donne au final une envie irrésistible de se (re)plonger dans l'univers hendrixien.