Traduction de ce qui est publie sur le site Mojo, ca n'est pas l'article complet...
AU BUREAU DE MIKE JEFFERY au 39 Gerrard Street dans le West End de Londres, les armoires étaient remplies d’artefacts et de documents concernant le célèbre gestionnaire de rock et propriétaire de club clients : The Animals, Soft Machine et, plus particulièrement, Jimi Hendrix. Mais quand les huissiers ont appelé – l’inévitable conséquence de la tendance de Jeffery à ne pas payer pour les choses – ils n’étaient pas intéressés par les archives de bandes de démonstration et de maître, ou les souvenirs futurs, seulement les objets de valeur visible immédiate : les meubles. Tout ce qu’ils ont jeté par terre.
« Quand je suis entrée et que j’ai vu le désordre, j’ai failli mourir », dit Trixie Sullivan, alors l’assistante de Jeffery, qui est arrivée à temps pour récupérer des piles de matériel dont elle s’est occupée depuis. Seulement maintenant, à 80 ans, elle cherche un acheteur. Des représentants d’Experience Hendrix, l’entreprise qui gère la succession du guitariste et qui conserve son héritage, sont réservés pour voir le matériel. Mais pas avant que MOJO ait son tour...
Plonger dans les énormes tas de paperasse dans un petit bureau à Pinewood Studios, c’est s’immerger dans le quotidien des groupes de rock à la fin des années 60. Voici une carte postale d’Hawaii de Hendrix à Sullivan en juillet 1970, Voici une lettre de Sullivan à Jeffery, datée du 10 janvier 1969, l’informant de la situation de Jimi. « Il achète de nouveaux rideaux et tapis pour le plat et la domestication semble lui convenir pour le moment », écrit Sullivan. « On ne sait jamais combien de temps cela durera… »
Parmi la richesse des archives, toutes en parfait état, la plupart sont des copies contemporaines d’enregistrements que l’ingénieur Hendrix Eddie Kramer soupçonne Experience Hendrix d’avoir dans leur bibliothèque (« Jimi aurait une copie, [producteur] Chas [Chandler] en aurait une, et peut-être une pour Mike », dit-il). La première, une boîte de 7 pouces étiquetée en biro rouge de la main même de Hendrix, contient les premières versions – peut-être de Mayfair Studios à New York – de chansons destinées à Axis : Bold As Love, y compris des versions incroyablement brutes de Up From The Skies et Ain’t No Telling.
Les preuves des risques et des avantages de l’entreprise pop dans les années 1960 sont nombreuses. Une rafale de télégrammes concerne l’incapacité de Hendrix, en raison d’une blessure apparente à la jambe, Une copie d’une lettre de Jeffery à un promoteur en février 1969 témoigne des inquiétudes des établissements de divertissement concernant l’influence d’Hendrix sur la jeunesse : « Cette lettre servira d’engagement écrit selon lequel Jimi Hendrix n’invitera pas le public au Royal Albert Hall à retirer ses vêtements ou ne l’incitera pas à le faire. »
Sullivan, la fille d’un docker de l’East End, a déclaré au biographe de Hendrix, Philip Norman, qu’elle avait obtenu le poste chez Jeffery – qui possédait également un club à Majorque – parce qu’elle était la seule candidate à savoir où se trouvait Mallorca. En 1966, au début de son mandat, son patron lui a demandé de venir dans son appartement de Jermyn Street pour superviser les nettoyeurs.
« L’une des femmes de ménage arrive et dit : « Qu’est-ce que je fais avec ça ? » dit-elle à Norman, « et c’est un pistolet qu’il a trouvé sous une chaise. En fait, il y a un pistolet sous chaque chaise. »
« Mike était un dur à cuire », souligne Sullivan aujourd’hui. « Il ne baisait pas et il n’était pas un gars avec qui déconner. Vous avez pris grand soin de Mike Jeffery. »
Est-ce que la pratique tranchante, l’aura de menace et les liens criminels ont profité aux clients de Jeffery, ou le contraire ? Pour sa part, Sullivan est toujours convaincu que Jeffery n’a pas volé Hendrix, ou du moins pas beaucoup, et que les relations entre eux sont restées cordiales, même pendant la période de 1970 que certains, y compris le fiable Eddie Kramer, prétendent que Hendrix cherchait à rompre les liens. « Savez-vous ce qu’est une connerie? » demande-t-elle. « C’est une connerie. »
L’incident le plus mystérieux de l’histoire entre Hendrix et Jeffery – si l’on fait abstraction du fantasme selon lequel Jeffery était en quelque sorte impliqué dans l’overdose fatale du guitariste – reste l’enlèvement de Hendrix près de Central Park à Manhattan en septembre 1969. Personne n’est susceptible de parler avec une expérience directe de l’imbroglio. Certains, y compris le frère de Hendrix, Leon, ont allégué que l’enlèvement a été mis en place par Jeffery afin qu’il puisse jouer le chevalier blanc, libérer Hendrix et le lier de plus près. Trixie Sullivan, sans surprise, voit son ancien patron sous un meilleur jour, se rappelant son horreur quand il a pris l’appel de rançon. Sa vision de la mission de sauvetage de Jeffery est plus simple.
« Il leur a peut-être donné l’argent », dit-elle en haussant les épaules. « Il les a peut-être battus. Il les a peut-être tués. Je ne sais pas et je ne veux pas savoir. »
Sans Jeffrey et son partenaire Chas Chandler, le potentiel d’Hendrix n’aurait-il pas été mis à profit pour toutes les histoires et tous les mythes entourant Jeffrey – des plus colorés aux plus effrayants ? En même temps, un style de gestion rock plus éclairé – pour lequel il y avait peu de modèles à l’époque – aurait sûrement bénéficié à l’un des grands génies visionnaires de la musique. Si elle se souvient de Jeffery avec affection, Sullivan – dont l’implication dans la vie et l’œuvre de Hendrix est évidente dans les archives qu’elle a conservées – se souvient encore plus de Jimi.
« C’était un bon gars », dit-elle. « Très timide. Gentil. Ils pensaient tous que j’avais une liaison avec lui, mais je ne l’étais pas. Je ne m’intéressais à aucun des groupes. La plupart d’entre eux étaient des petits cons arrogants. J’étais comme la grande sœur qui leur coupait les oreilles. Jimi – il était différent. Il ne savait pas à quel point il était bon. »
Sujet: MOJO Mai 2024 Trixie Sullivan mettra des objets aux enchères 
Jeu 21 Mar 2024 - 21:30
